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Stéphane de Paoli

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Stéphane de Paoli est un homme politique français qui a été maire de la ville de Bobigny, préfecture de la Seine-Saint-Denis, de 2014 à 2019[1],[2],[3] .

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours[modifier | modifier le code]

Né en 1971, Stéphane De Paoli, a grandi à Bobigny, commune de 47.000 habitants, puis effectué une carrière professionnelle de conducteur de travaux dans le BTP, avant de se lancer en politique sous l'étiquette centriste[4].

Mairie de Bobigny[modifier | modifier le code]

Campagne électorale[modifier | modifier le code]

En mars 2014, il se présente aux élections municipales de Bobigny, préfecture de la Seine-Saint-Denis, à la tête d'une liste hétéroclite "Rendez-nous Bobigny" associant des représentants de la société civile, des associatifs, des parents d'élèves ainsi que des membres d'un petit parti communautaire, l'Union des musulmans démocrates de France[4].

Au cours d'une campagne municipale très médiatisée, il fait face à la communiste Catherine Peyge, jugée moins à l'aise avec les habitants que son prédécesseur, les débats se focalisant la rénovation du centre-ville[5],[6].

Conquête de la mairie de Bobigny[modifier | modifier le code]

À l'issue du premier tour, les résultats sont un choc[7] : avec 44 % des voix, Stéphane de Paoli, le candidat UMP-UDI, encore inconnu deux ans plus tôt, arrive en tête tandis que Catherine Peyge recueille à peine plus de 40 % des voix, soit une chute de 14 points par rapport à 2008 ; 13 000 électeurs ne se sont pas déplacés[8]. Il est ainsi "parvenu à conquérir l’exécutif" de la ville avec 53,99 % des suffrages exprimés devant la liste de gauche, mettant "fin à presque un siècle de PCF à la tête de la mairie".

Mandat municipal[modifier | modifier le code]

En avril 2019, il se fait connaître pour s'être engagé "sans retenue dans une chorégraphie de danse face à des centaines de bacheliers de Bobigny" lui assurant "en seulement quelques jours le million de vues sur Twitter"[9].

En mai 2019, des perquisitions ont été menées à la mairie de Bobigny, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs ouverte par le parquet anticorruption, suite à un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) en septembre 2018.

En juillet 2019, son mandat municipal est mis en difficulté par le scandale qui a éclaté autour de Lynda Benakouche, l'une des personnes-clé de sa campagne électorale de 2014, aggravé par la libération conditionnelle du père de ses enfants.

Départ et affaires[modifier | modifier le code]

En novembre 2019, il annonce sa décision de ne pas se représenter aux prochaines élections municipales de mars 2020, où doit lui succéder un autre leader UDI local, son premier adjoint Christian Bartholmé, collaborateur d'Aude Lagarde, qui a remplacé son mari Jean-Christophe Lagarde (UDI) à la mairie de la ville voisine de Drancy[10] et qui dément tout lien avec des personnes liées au gang des barbares[11]. Christian Bartholmé est candidat en tête de liste de l'équipe sortante lors des élections municipales de mars 2020, mais il est battu par une liste menée par un candidat du Parti communiste français.

Enquête et livre "Le Maire et les Barbares"[modifier | modifier le code]

Peu après est publié le 19 février 2020 le livre "Le Maire et les Barbares", enquête méticuleuse d'Ève Szeftel, journaliste à l'AFP, qui dénonce le « clientélisme » d'élus de l'UDI à destination de « voyous » et de « chefs de communauté » de la ville de Bobigny[12]. Le livre évoque aussi "des liens entre Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI et député de Seine-Saint-Denis, et Lynda Benakouche, "égérie de la victoire de l'UDI à Bobigny" lors des municipales de 2014, qui est aussi le compagne de Jean-Christophe Soumbou, "numéro 2 du gang des Barbares"[13] et "originaire de la cité Paul-Éluard"[13] de Bobigny, condamné à 18 ans de prison pour « enlèvement et séquestration » d'Ilan Halimi, dans l'affaire du gang des barbares.

"Point de départ" de l'enquête de la journaliste, une "omniprésence" de Lynda Benakouche[13], placée au "premier plan de la carte de vœux de l’équipe UDI de 2014", posant à côté du député Jean-Christophe Lagarde mais aussi placée au centre de l’affiche de campagne" des élections municipales de 2014, "à la droite du futur maire, Stéphane de Paoli, bien qu’elle ne figurait pas sur la liste" du maire[13].

Le livre ne vise pas seulement la mairie de Bobigny mais aussi un proche du maire, le député de Sainte-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde, du même parti, qui avertit rapidement porterait plainte pour diffamation[13]. Jean-Christophe Lagarde, affirme pour sa part qu’il ignorait que Lynda Benakouche était la compagne de Jean-Christophe Soumbou, qu’il ne l’a rencontrée que deux fois dans sa vie[13], le fait que Kianoush Moghadam, originaire lui aussi de la cité Paul-Éluard[13], était son assistant parlementaire entre 2010 et 2014 n'est dû qu'au hasard[13].

Enquête du magazine Le Point[modifier | modifier le code]

Le magazine Le Point révèle au début du mois suivant que la préfecture a exercé trois recours pour faire annuler le recrutement de Lynda Benakouche, car ses diplômes et son niveau de rémunération semblent incohérents par rapport à ses postes[10].

Selon Le Point, la mairie de Bobigny s'acharne à embaucher Lynda Benakouche alors que sa condamnation judiciaire à de la prison ferme pour « violences volontaires avec arme » a été publiquement révélée[10]. Le premier recrutement avait été effectué pour une durée d'un an à compter du 2 juin 2015, un an après la victoire électorale de l'UDI en 2014, surun poste d'agent non titulaire[10]. Ce premier recrutement a été suivi par un autre le 25 mai 2018, effectué par le maire de Bobigny mais le tribunal avait annulé le contrat en 2019[10].

Plusieurs plaintes sont déposées en octobre 2020 contre l'ex-maire et d'autres élus [14], au moment de la publication d'informations par Mediapart, le 9 octobre. Elles portent sur la gestion de l'Office qui gère 4.000 logements sociaux à Bobigny, mais aussi au sein de l'établissement culturel Canal 93 et de la Semeco, la société qui gère les dalles, les parkings et les espaces verts du centre-ville.qui

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • "Le Maire et les Barbares", par Ève Szeftel, février 2020 aux éditions Albin Michel

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Stéphane de Paoli (UDI) élu maire de Bobigny, après un siècle de communisme », Le Parisien, édition Seine-Saint-Denis,‎ (lire en ligne).
  2. Nathalie Revenu, « Pour la première fois, ils ont endossé l'habit de maire ce week-end : À Bobigny, Peyge (PCF) a démissionné avant l'installation de De Paoli (UDI) », Le Parisien, édition Seine-Saint-Denis,‎ .
  3. Thomas Poupeau, « Municipales à Bobigny : le maire Stéphane de Paoli jette l’éponge : Usé par les coups et les affaires, le maire (UDI) de Bobigny nous annonce en exclusivité son choix de ne pas se représenter. En 2014, il avait réussi l’exploit de conquérir la ville après quasiment un siècle de communisme », Le Parisien, édition de Seine-Saint-Denis,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b Biographie par l'AFP sur le site de l'hebdomadaire L'Express [1]
  5. Sylvia Zappi, La droite brigue Bobigny, citadelle rouge de la Seine-Saint-Denis, Le Monde, 26-03-2014 : « Aujourd'hui encore, c'est le nom du maire disparu à 51 ans qu'on cite quand on veut faire la différence avec l'édile actuelle. « Lui savait » écouter, discuter, venir au contact... Les verbes déclinés sont autant de qualités déniées à Catherine Peyge, trop distante. Elle a beau vanter les 2 500 logements qu'elle a fait construire, la « métamorphose » du centre-ville, les chantiers de la cité Karl-Marx, sa « consult'action » et ses 14 000 questionnaires sur l'avenir de la ville, l'élue de 55 ans aux cheveux courts et blond platine a gardé, de ses années à la Jeunesse ouvrière chrétienne, son air un peu trop sûr d'avoir raison ».
  6. Une autre source donne le chiffre de 2 800 logements, cf. Cédric Néau et al., Alternance : étranges ambiances dans les services, lagazettedescommunes.com, 02/04/2014.
  7. « À Bobigny, la « gueule de bois » des communistes », Libération, (consulté le ).
  8. Pauline Graule, Bobigny : un bastion PCF menacé par l’abstention, Politis.fr, 28 mars 2014.
  9. Article sur 20 Minutes le 09/04/2019 [2]
  10. a b c d et e Article par Hugo Domenach le 05/03/2020 dans Le Point [3]
  11. "Christian Bartholmé : « Nous n’entretenons aucune relation avec le “gang des barbares” » , article dans Le Point le 13/02/2020 [4]
  12. Article dans Le Point le 12/02/2020 [5]
  13. a b c d e f g et h Article par Alexandre Devecchio le 20/02/2020 dans Le Figaro [6]
  14. Article par Hajera Mohammad le 9 octobre 2020 sur France Bleu Paris [7]