Service national des statistiques

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Le Service national des statistiques (SNS) est un organisme français créé par la "loi" du 11 octobre 1941, prise par le gouvernement de Vichy, par fusion de deux services intégrés alors au Ministère de l'Economie et des finances depuis 1940 : le « Service de la Démographie » (SD), service camouflé chargé du futur recrutement de l'Armée d'armistice et la Statistique générale de la France (SGF). Il a été créé et développé à l'initiative du contrôleur général des armées René Carmille.

Avant guerre : Recensements quinquennaux et bureaux de recrutement[modifier | modifier le code]

Les deux services qui fusionneront en 1941 sont fort éloignés l'un de l'autre mais ont en commun l'usage du mot "recensement". D'un côté la SGF, Statistique générale de la France, qui organise et dépouille les recensements quinquennaux de la population, le dernier en 1936, de l'autre les régions militaires, qui organisent chaque année le recensement d'une "classe" de jeunes garçons atteignant l'âge de 18 ans et les "conseils de révision", en vue de leur incorporation au service militaire et de leur affectation en cas de mobilisation.

De la mécanographie dans les administrations[modifier | modifier le code]

Alors que la SGF, à Paris, utilisait des machines dérivées des brevets Hollerith (liés au groupe américain IBM), le SD puis le SNS développèrent surtout la fabrication et l'usage des machines mécanographiques Bull, à l'Établissement central de Lyon et dans les Directions régionales.

Le service de la Démographie[modifier | modifier le code]

Pendant sa courte existence en 1940-41, le Service de la Démographie, qui avait récupéré l'essentiel des archives du Service du Recrutement et des Centres Mobilisateurs, avait créé le fichier des prisonniers de guerre, le premier répertoire d'identité des personnes physiques en France (initié en avril 1941 et continué après la Libération par l' INSEE) et avait commencé à dépouiller le recensement des Activités professionnelles (AP), effectué en zone non occupée le .

Le recensement a lieu le . Un bulletin doit être établi pour chaque personne - française ou étrangère - de 13 à 64 ans[1]. Le questionnaire, à l'en-tête de l'État français (Travail, Famille, Patrie), explique : « Le Gouvernement fait appel à la bonne volonté du public pour répondre avec sincérité, précision et exactitude aux questions qui lui sont posées à l’occasion du recensement actuel. Les renseignements que le gouvernement attend de ce recensement lui sont en effet indispensables — à la suite des perturbations apportées par l'état de guerre à l'assiette de la population — pour résoudre efficacement, et dans l'intérêt de tous, les problèmes sociaux et économiques les plus urgents : chômage, reclassement professionnel, retour des prisonniers, ravitaillement, etc. ».

  • Sur la première page, les questions 1 à 5 portent sur l'état civil, la question 6 est : « Quelle est actuellement votre résidence habituelle ? » et la question 7 est : « Quel était votre domicile avant le 3 septembre 1939 ? ». Les questions 8 à 11 portent sur la nationalité, 12 et 13 sur la famille, 14 à 17 sur l'instruction (15 : « Quelles langues étrangères parlez-vous couramment ? »).
  • La deuxième page est entièrement consacrée, questions 18 à 29, à la profession et aux qualifications. Il y a ensuite une question n° 30, numéro de la carte d’alimentation, et une question 31 pour les « indigènes ressortissants de l'Empire »” : « De quelle colonie, protectorat ou pays sous mandat êtes-vous originaire ? ».
  • En page 4, une note porte sur la question 9 (français de naissance), une autre sur la question 11 (Français de race juive) se réfère au statut des Juifs du et en rappelle les exemptions prévues.
  • Aucun document n'a jamais évalué la qualité des réponses ni n'a présenté les résultats statistiques de ce recensement. Le public considéra l'Occupant comme inspirant, et le service de la Démographie comme exécutant ce recensement, interprété comme une préparation à des réquisitions de main d'œuvre. Nul n'a jamais étudié quel en fut le taux de réponse.

Dans sa note intitulée " De la statistique au camouflage ", écrite pour le 10 ème anniversaire de la mort de René Carmille, André Caffot énumère les fichiers constitués au sein du SNS :

  • Militaires démobilisés en 1940, entretenus et mis à jour en fonction des changements d'adresses et des rapatriements d'Allemagne
  • Prisonniers de guerre
  • Contingents des chantiers de jeunesse
  • Engagés volontaires, sous-officiers et officiers de l'armée d'armistice
  • Anciens affectés spéciaux[2]

Débarquements ...[modifier | modifier le code]

L'intérim Bunle[modifier | modifier le code]

Le 27 avril 1946, le SNS est remplacé par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), dont le premier directeur est Francis-Louis Closon.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le décret no 2275 du 27 mai 1941 relative au recensement des personnes des deux sexes nées entre le 1er janvier 1876 et le 31 décembre 1926 (JOEF du 31 mai 1941, pages 2265 et 2266), est uniquement signé par le maréchal de France, chef de l'État, Philippe Pétain, l'amiral de la flotte, ministre de l'Intérieur, François Darlan, et le ministre à l'Économie et aux Finances, Yves Bouthillier.
  2. « À propos d’un anniversaire ou de la statistique au camouflage » note non datée, p. 40-41 (Centre des Archives Economiques et Financières, Savigny-le-Temple (77), CAEF B 55 364).

Articles connexes[modifier | modifier le code]