Sergei Loznitsa

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Sergei Loznitsa
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Sergei Loznitsa au Festival international du film d'Odessa en 2014
Nom de naissance Sergueï Volodimirovich Loznitsa
Naissance (59 ans)
Baranavitchy
RSS de Biélorussie
(Union des républiques socialistes soviétiques)
Nationalité Drapeau de l'Ukraine Ukrainienne
Films notables My Joy
Dans la brume

Sergueï Loznitsa (ukrainien : Сергій Лозниця) est un cinéaste ukrainien, né le à Baranavitchy (actuelle Biélorussie).

Biographie[modifier | modifier le code]

Sergueï Volodimirovich Loznitsa (ukrainien : Сергій Володимирович Лозниця) naît le à Baranavitchy, en Biélorussie soviétique. Sa famille part pour Kiev, en Ukraine, où Loznitsa fait sa scolarité. En 1981, Loznitsa est admis à l'Université Polytechnique de Kiev - dont il sort major[1] -, où il étudie les mathématiques appliquées et les systèmes de contrôle. En 1987, il est diplômé en ingénierie et mathématiques. De 1987 à 1991, Loznitsa travaille comme scientifique à l'Institut de Cybernétique. Ses missions l'amènent à étudier le développement de systèmes experts, l'intelligence artificielle ainsi que les processus de prise de décision. Parallèlement à son activité principale, Loznitsa est traducteur de japonais en russe et développe un vif intérêt pour le cinéma.

« À l'âge de 24 ans, j'ai ressenti soudain le besoin de faire, dans ma vie, quelque chose de sérieux et d'important. J'avais fait des études de mathématiques, j'avais un métier, mais je ne me sentais pas concerné, ça me passait au-dessus de la tête, si je puis dire. J'ai lu beaucoup pendant ma jeunesse, et peut-être que ces multitudes de textes se sont accumulés en moi et ont déclenché une réaction en chaîne... Je me suis senti poussé vers l'éducation des lettres et des arts. J'avais le choix entre la littérature, l'histoire ou le cinéma. La première faculté que j'ai visitée à Moscou était l'Institut d’État pour le cinéma. J'y suis resté. Et il m'a fallu sept ans pour découvrir que j'avais fait le bon choix[2]. »

Loznitsa évoquera également l’effondrement de l’URSS, et le climat « de romantisme et d’euphorie » qui suivit, pour justifier son choix[3]. C'est donc en 1991 que Loznitsa change de voie : il est alors reçu à l'Institut national de la cinématographie de Moscou et étudie dans l'atelier de Nana Djordjadze. Il en sort diplômé six ans plus tard, avec les honneurs du jury. Il réalise, en 2000, des films documentaires à Saint-Pétersbourg dont le court-métrage La Station, remarqué par la critique. Il reçoit, la même année, une bourse du programme Nipkow à Berlin. Un an plus tard, le cinéaste s'installe, avec sa femme et ses deux filles, en Allemagne, décidant ainsi d'instaurer un peu de distance entre lui et son pays.

« Je pense qu’il est nécessaire pour un cinéaste, ou tout artiste, d’établir une distance avec le sujet dont il traite. C’est ce que Victor Chklovski appelle "otstranenie" qui inspira à Brecht le concept de "distanciation". C’est une étape nécessaire pour contrôler sa matière, sinon l’émotion prend le dessus et les puissances de la raison et de la création sont mises en péril. Il faut toujours faire un pas de côté, ce qui suppose une certaine duplicité ou une fracture de la personnalité. En physique quantique, c’est que l’on appelle le principe de superposition[3]. »

En 2006, on lui décerne un Nika du meilleur film documentaire pour Blokada consacré au siège de Léningrad au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Ses trois longs-métrages ont tous été sélectionnés en compétition officielle au Festival de Cannes : My Joy pour le Festival de Cannes 2010, Dans la brume pour le Festival de Cannes 2012 (il a aussi reçu le prix FIPRESCI de la critique internationale) et Une femme douce pour le Festival de Cannes 2017.

Il est professeur à l'École du nouveau cinéma de Moscou créée en 2012.

En février 2022, il quitte l'European Film Academy, estimant que la réaction de cette dernière face à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe est trop faible[4] ; Sergeï Loznitsa est exclu quelques semaines plus tard de l’Académie cinématographique ukrainienne, qui lui reproche son « manque de loyauté » et son « cosmopolitisme »[5].

Style[modifier | modifier le code]

Ses films documentaires, parfois à la lisière de l'expérimental, représentent une « humanité confrontée à des bouleversements économiques, sociaux et politiques de grande ampleur », comme l'a souligné Télérama, peignant ainsi le délitement moral de la Russie. Son sens du paysage, la rigueur de ses partis-pris de mise en scène ainsi que ses audaces narratives ont souvent été remarqués par la critique[6].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Sergei Loznitsa au Festival international du film de Karlovy Vary en 2010.

Longs métrages de fiction[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lubomir Hosejko, « Tout sur Sergei Loznitsa », Cahiers du cinéma, no 656, mai 2010, p. 16
  2. Un cinéaste au fond des yeux #68 : Sergei Loznitsa sur telerama.fr du 15 novembre 2010
  3. a et b Sergeï Loznitsa, la science et la fiction par Didier Péron, sur next.liberation.fr du 17 novembre 2010
  4. Entretien avec le cinéaste sur premiere.fr, 11 mars 2022 [1]
  5. Léon Cattan, Les Inrocks, 21 mars 2022 [2]
  6. Critique de My Joy par Vincent Ostria, dans Les Inrockuptibles du 17 novembre 2010
  7. « 2012 - Tarkovsky Fest »
  8. (en-US) Guy Lodge et Guy Lodge, « Cannes: ‘Border’ Leads Un Certain Regard Award Winners », sur Variety, (consulté le )
  9. (en) « Álvaro Brechner wins the Golden Pyramid at Cairo with A Twelve-Year Night », sur Cineuropa - the best of european cinema (consulté le )
  10. « Letter - Cinéma du réel », sur Cinéma du réel (consulté le ).
  11. (ru) « Наперекор забвению. Трагедия Бабьего Яра в фильме Сергея Лозницы », sur Радио Свобода (consulté le )
  12. Jacques Mandelbaum, « Sergei Loznitsa, réalisateur de « Babi Yar. Contexte » : « Les historiens ukrainiens n’ont pas fait leur travail durant trente ans » », sur lemonde.fr, (consulté le )
  13. Jacques Mandelbaum, « Au festival Cinéma du réel, la résistance par le documentaire », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. « Proskurina gets top award at Kinotavr », sur The Hollywood Reporter, (consulté le )
  15. « My Joy, Truce lead winners in Sochi », sur screendaily.com, (consulté le )
  16. (en) « Cannes 2012 »
  17. Site de la SCAM [3]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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