Discrimination dans le monde viti-vinicole

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La discrimination dans le monde viti-vinicole est un sujet touchant plusieurs pays et plusieurs aspects, notamment pour le racisme et le sexisme.

Racisme[modifier | modifier le code]

Selon Julia Coney[modifier | modifier le code]

En 2018, Julia Coney (en) a écrit une lettre ouverte à Karen MacNeil et à l'industrie du vin intitulée Your Wine Glass Ceiling is My Wine Glass Box (Votre plafond de verre à vin est ma prison de verre à vin). Il s'agit d'une réponse à un article de MacNeil, écrit pour le journal SOMM, qui discutait du manque de femmes dans l'industrie du vin et mettait en lumière des dizaines de professionnelles du vin, dont aucune n'était de couleur[1],[2]. Selon Coney, « l'un des problèmes est que la plupart des vins ne sont pas commercialisés auprès de personnes qui nous ressemblent. Nous devons changer la perception de ce à quoi ressemble un buveur de vin. »[3].

Coney a déclaré que dans les restaurants, les serveurs et les sommeliers « la dirigeront vers des vins moins chers ou des choix plus sucrés qui correspondent à leur stéréotype de ce qu'elle pourrait apprécier »[4]. Elle raconte que lors des dégustations les doses servies sont plus petites pour elle que pour les hommes, ou les Blancs[5]. Elle dit aussi être surveillée par le personnel des magasins de détail[6].

Coney a créé la base de données Black Wine Professionals (Professionnels Noirs du Vin) en 2020. Elle déclarait être fatiguée d'être la seule personne noire invitée aux dégustations ou aux visites viticoles, de voir l'industrie du vin financer seulement les influenceurs Blancs, et que les « gardiens » de l'industrie ne contactent pas les professionnels Noirs au motif qu'ils ne savaient pas comment faire[4],[7].

Représentation au sein de l'industrie[modifier | modifier le code]

La sommelière Ashtin Berry a déclaré que l'industrie était à la fois raciste et classiste[8]. Le vigneron Phil Long, président de l'association des vignerons afro-américains aux États-Unis (Association of African American Vintners, AAAV), a estimé en 2020 que « environ 1% de tous les vignerons sont noirs. », dont "quelques dizaines" qui étaient à la fois le vigneron et le propriétaire de la marque[9]. Bloomberg estime que 0,1% des vignerons et propriétaires de marques américains sont noirs[3].

Une enquête menée en 2019 par SevenFifty sur 3100 professionnels de l'industrie a révélé que seulement 2% s'identifiaient comme noirs[1]. Dans The Washington Post, Dave McIntyre souligne que[1] : « L'argent est un obstacle majeur à l'entrée des personnes de couleur intéressées par le métier du vin. L'apprentissage du métier est coûteux, de la dégustation de bouteilles rares et célèbres à la prise de cours pour les certifications professionnelles. Vignerons en herbe et autres professionnels du vin construisent leur CV en parcourant le monde et en travaillant en France et ailleurs pour les vendanges. L'opportunité vient avec l'argent. »

L'économiste Karl Storchmann a publié des données de l'Association américaine des économistes du vin selon lesquelles l'industrie du vin américaine soutenait massivement Donald Trump[10]. Jancis Robinson a écrit un article pour le Financial Times, Too White Wine (Vin trop blanc)[11], sur le racisme de l'industrie[12]. D'autres professionnels noirs[Qui ?] ont dénoncé le racisme dans l'industrie[13].

En Afrique du Sud, il existe environ 60 marques de vin appartenant à des Noirs représentant 3 % de l'industrie du vin du pays, bien que les chiffres du recensement de 2011 aient montré que 90 % du pays s'identifiait comme Noir Africain ou de couleur[3],[14],[15].

Micro-agressions[modifier | modifier le code]

Les professionnels Noirs[évasif] ont signalé avoir subi des micro-agressions de la part d'autres acteurs de l'industrie et d'autres consommateurs de vin[1],[2],[16]. D'autres professionnels Noirs racontent être supposés être des serveurs lors d'événements de dégustation de vin[17]. Certains rapportent avoir été interrogés sur leurs qualifications lors d'événements œnologiques, ont demandé qui les avait invités, ou traités comme s'ils étaient « soit un imposteur ou un assistant, jamais le patron »[17]. Jusqu'en juin 2020, la Cour des Maîtres Sommeliers exigeait que les étudiants s'adressent aux Maîtres Sommeliers en tant que « maître », un terme qui aux États-Unis est fortement associé à l'esclavage des Noirs par les Blancs ; après que la sommelière Tahiirah Habibi ait raconté son inconfort lors de son examen d'introduction de 2011, alors qu'elle était la seule personne de couleur dans la pièce, écrivant que son inconfort a été suffisamment profond pour qu'elle n'ait plus jamais cherché à accréditer le vin, ils ont révisé cette exigence[12],[18],[19],[20],[21]. Brenae Royal, directeur du vignoble du vignoble Gallo's Monte Rosso, raconte avoir été pris pour du personnel de bureau lors de réunions[14]. Heather Johnston, propriétaire d'un magasin de vin à Brooklyn, raconte que des représentants des ventes de vin adressent leurs commentaires à son employé Blanc[21].

Développements[modifier | modifier le code]

Mac MacDonald, Ernie Bates et Vance Sharp ont fondé l'AAAV en 2002, avec l'aide d'Urban Connoisseurs et le United Negro College Fund. L'association soutient les Afro-Américains poursuivant une carrière dans l'industrie du vin[16].

En 2005, Selena Cuffe a cofondé Heritage Link Brands pour soutenir les vignerons noirs sud-africains et brésiliens[9].

Habibi a fondé en 2017 la Hue Society afin de fournir un safe space aux connaisseurs Noirs de vin pour déguster du vin sans subir de racisme[19],[20].

Une sommelière de San Francisco, Tonya Pitts, a rapporté en juin 2020 que les buveurs de vin de la génération Y et de la génération Z demandaient de manière proactive des vins à des femmes et des personnes de couleur et étaient prêts à payer plus pour ces vins[9].

Long et les vignerons Theodora Lee et Danny Glover ont fait état d'une augmentation considérable des ventes en 2020, à la suite des débats sur l'injustice raciale[9]. En juin 2020, l'organisation signalait une augmentation des adhésions et des dons[16].

Un groupe de professionnels du vin a publié en juin 2020 des éléments d'action pour la communauté viticole, une liste de revendications[22],[23].

Robinson et Mags Janjo préparaient en juin 2020 une enquête sur la diversité de l'industrie vinicole britannique[12].

Wine Spectator a annoncé qu'au cours du mois d'août 2020, ils mettraient en avant les professionnels Noirs du vin dans leur série Instagram Live, Straight Talk with Wine Spectator (Parlez franchement avec Wine Spectator)[24],[25]. La série présentait McDonald, Coney, Royal, Pitts, Carlton McCoy, Will Blackmon, André Hueston Mack et Terry Arnold[25]

Représentation dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Le film Le Goût du vin décrit un homme noir étudiant pour la certification en tant que sommelier. D'après une critique, le racisme est profondément ancré au sein de l'industrie, mais n'est abordé que légèrement dans le film[26].

Sexisme[modifier | modifier le code]

Le monde du vin comporte historiquement moins de femmes que d'hommes, le sujet est désormais abordé dans la filière[27]. Le vocabulaire est également parfois jugé comme sexiste par certains[28],[29].

En parallèle, des organisations exclusivement réservées au femmes existent[30],[31].

Le produit final peut aussi être sujet à du sexisme dans certains cas, bien que les consommateurs soient prêts à payer un vin produit par une vigneronne au même prix que celui produit par un vigneron, un vin produit par un groupement de viticultrices peut faire l'objet d'une dévaluation[32],[33].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Dave McIntyre, « The wine industry is overwhelmingly white. Now, the push for inclusivity is gaining momentum. », sur Washington Post, (consulté le )
  2. a et b (en-US) « Diversity, but also inclusion – Julia Coney ⋆ ARENI Global », sur ARENI Global, (consulté le )
  3. a b et c (en-CA) Elin McCoy, « Just .1% U.S. Winemakers Are Black. Here’s How to Start Changing That | Financial Post », sur Bloomberg News, (consulté le )
  4. a et b (en-US) Eric Asimov, « Black Wine Professionals Demand to Be Seen », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Brianne Garrett, « How Black Women In Wine—And Their Allies—Are Banding Together To Achieve Better Representation », sur Forbes (consulté le )
  6. (en) Cathy Huyghe, « "It's Like Mansplaining, But For Race": What The Wine Industry Can Learn About Black Consumers », sur Forbes (consulté le )
  7. (en-US) « What Being an Ally Really Means », sur SevenFifty Daily, (consulté le )
  8. (en-US) Christina Morales, « Prestigious Wine Organization Drops Use of Term ‘Master’ », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. a b c et d (en-US) « A Black Winemaking Revolution in the Making | Wine-Searcher News & Features », sur Wine-Searcher (consulté le )
  10. (en) Michael Alberty, « Oregon winery comes under scrutiny for social justice statement, Trump donations », sur oregonlive, (consulté le )
  11. Jancis Robinson, « Too white wine: Jancis Robinson on the industry’s diversity problem », sur www.ft.com (consulté le )
  12. a b et c (en) « Waking up to the whiteness of the trade - Harpers Wine & Spirit Trade News », sur harpers.co.uk (consulté le )
  13. (en-US) Will Peischel, « California's Black winemakers navigate the barriers of a lily-white industry », sur Mother Jones (consulté le )
  14. a et b (en-GB) Fiona Beckett, « 'It's time the wine industry stopped taking safe stances to keep its primarily white audience comfortable' | Fiona Beckett on wine », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  15. Census 2011: Census in brief, Pretoria, Statistics South Africa, , 23–25 p. (ISBN 978-0621413885, lire en ligne [archive du ])
  16. a b et c MaryAnn Worobiec, « A Voice for Black Winemakers », sur Wine Spectator, (consulté le )
  17. a et b (en) Mike DeSimone et Jeff Jenssen, « Does The Wine Industry Have A Racism Problem? », sur Forbes, (consulté le )
  18. (en-US) « The 'master' controversy is bigger than the Court of Master Sommeliers », sur SFChronicle.com, (consulté le )
  19. a et b (en) Dave McIntyre, « The Court of Master Sommeliers has been called out for racism. Now, it is pledging change. », sur Washington Post, (consulté le )
  20. a et b (en-US) « Court of Master Sommeliers, facing racism charges, to eliminate 'master' address », sur SFChronicle.com, (consulté le )
  21. a et b (en-US) Lettie Teague, « For Black Women in Wine, the Industry Has Been Inhospitable », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Miguel de Leon, « Actionable Items for the Wine Community », sur Medium, (consulté le )
  23. (en) Miguel De Leon, « It's Time to Decolonize Wine », sur PUNCH, (consulté le )
  24. (en-US) « "Straight Talk with Wine Spectator" Instagram Live Series to Spotlight Black Wine Professionals in August », sur Wine Industry Advisor, (consulté le )
  25. a et b « Sharing Black Voices: Wine Spectator Instagram Live Chats Will Spotlight Black Wine Professionals in August », sur Wine Spectator,
  26. (en-US) Monte Belmonte, « Monte Belmonte Wines: Uncorked on Netflix », sur Valley Advocate, (consulté le )
  27. « "Quand on ne se pose pas la question de la parité", la filière vin "n’avance pas sur le sexisme" », sur www.vitisphere.com (consulté le )
  28. « Le monde du vin est raciste, élitiste et sexiste », sur Beaux-Vins, (consulté le )
  29. Sébastien Sabiron, « "Paye ton pinard", quand le monde du vin mesure son taux de sexisme », sur France Inter, (consulté le )
  30. « FEMINALISE 2022 : Une histoire de famille devenue mondiale ! », sur www.vitisphere.com (consulté le )
  31. « Vin. Un club de dégustations réservé aux femmes, une première à Dijon », sur www.bienpublic.com (consulté le )
  32. « Les consommateurs prêts à payer le même prix pour un vin produit par une femme ou un homme », sur www.vitisphere.com (consulté le )
  33. Alicia Gallais et Florine Livat, « Willingness to pay for female-made wine: Evidence from an online experiment », Journal of Wine Economics,‎ , p. 1–23 (ISSN 1931-4361 et 1931-437X, DOI 10.1017/jwe.2023.34, lire en ligne, consulté le )