Phosphosidérite

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Phosphosidérite
Catégorie VIII : phosphates, arséniates, vanadates[1]
Image illustrative de l’article Phosphosidérite
Phosphosidérite rouge parmi de la strengite violette. Largeur de l'image 4 mm.
Général
Symbole IMA Phsd
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Fe3+(PO4) · 2H2O
Identification
Couleur violet à violet rougeâtre, rose-rouge, rose pêche, jaune brunâtre, vert mousse, incolore ; elle devient incolore en lumière transmise
Système cristallin monoclinique
Classe cristalline et groupe d'espace 2/m - prismatique

P21/n.

Clivage distinct/bon. Bon sur {010} ; indistinct sur {001}
Cassure irrégulière/inégale
Habitus Cristaux tabulaires {010} ou prismatiques robustes [001]. Se présente également sous forme de masses et de croûtes botryoïdales ou réniformes à structure fibreuse radiale. Les formes incluent {001}, {100}, {010}, {101}, {110}, {210}, {410}, {710}, {111}, {771}, {011}, {034}, {041}
Faciès Incrustations – forme des agrégats semblables à une croûte sur la matrice.

Sphérique - agrégats sphériques et arrondis.

Jumelage sur {101}, généralement sous forme de jumeaux d'interpénétration
Échelle de Mohs 3,5 - 4
Éclat vitreux, résineux
Propriétés optiques
Indice de réfraction nα = 1,692 - 1,703, nβ = 1,725 - 1,728, nγ = 1,738 - 1,739

2V = 62° à 66° (mesuré), 62° (calculé)

Biréfringence δ = 0,046 - biaxial (-)
Pléochroïsme visible. X = rose clair ; Y = rouge carmin ; Z = incolore.
Dispersion optique r > v, très forte
Spectre d'absorption Y = b ; X ∧c = ∼4°
Transparence oui, translucide
Propriétés chimiques
Densité 2,74–2,76 g/cm3 (mesurée), 2,72(1) g/cm3 (calculée)
Solubilité totalement soluble dans l'acide chlorhydrique, presque insoluble dans l'acide nitrique.
Comportement chimique Comportement thermique : devient jaune et opaque lorsqu'il est chauffé dans un tube de verre et dégage de l'eau sans se décrépiter. Fond facilement pour former une boule magnétique noire.

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La phosphosidérite est un minéral rare, nommé selon ses principaux composants, le phosphate et le fer. « Sidérite » à la fin de nom provient du mot « sideros », le mot grec désignant le fer. Elle a été décrite en 1890[2] et constitue une espèce maintenue plus tard par l'IMA[3]. Elle a été initialement trouvée par Alfred Legrand des Cloizeaux en 1858, mais désignée sous le terme « huréaulite de type I ». Mais son nom actuel a été donné par la suite en 1890 par les Allemands Willy Bruhns et Karl Busz. Elle a toutefois encore été nommée plusieurs fois : Alfred Lacroix l'a nommée vilatéite en 1910, tandis que Duncan McConnel l'a décrite sous le nom de clinobarrandite en 1940. Le nom métastrengite a été donné par Palache, Berman et Frondel en 1951 car ils pensaient avoir affaire à un nouveau minéral car la phosphosidérite a été décrite à tort comme ayant une structure orthorhombique. Clinostrengite est un autre synonyme tandis que vilatéite désigne une variété de phosphosidérite contenant probablement du manganèse[3].

Propriétés[modifier | modifier le code]

La phosphosidérite cristallise dans un système cristallin monoclinique[4] fait partie du groupe de la métavariscite[3] avec la bonacinaïte(Sc(AsO4))·2H2O, la kolbeckite (ScPO4·2H2O) et la métavariscite avec qui elle forme probablement une série complète. C'est le dimorphe de la strengite[5]. Elle est totalement soluble dans l'acide chlorhydrique et presque insoluble dans l'acide nitrique[6]. Considérée comme une gemme, elle est généralement taillée en forme de cabochon pour les bijoux et utilisée comme pierre ornementale[5]. Elle se compose principalement d'oxygène (51,38 %), de fer (29,89 %) et de phosphore (16,58 %), mais contient également de l'hydrogène (2,16 %)[7].

Couleurs[modifier | modifier le code]

La phosphosidérite montre souvent une teinte violette brillante avec des stries de couleur jaune. Celles-ci en forme de veines trouvées dans la pierre sont connues sous le nom de cacoxénite. Le minéral existe avec 4 autres variantes de couleurs rares : le rose rouge, le jaune brun-rougeâtre, le vert mousse et les nuances sombres de violet. La phosphosidérite peut également être trouvée sous forme de minéral incolore[3], mais est pléochroïque ; sur l'axe X vers 4° elle est rose clair ; sur l'axe Y, elle est rouge carmin et sur Z elle est incolore[3].

Spécimen riche avec des gemmes brillantes jusqu'à 4 mm de phosphosidérite du Dakota du Sud. Taille : 4,0 × 7,0 × 3,7 cm. Mine Bull Moose à Custer, Dakota du Sud.

Paragénèse et gisements[modifier | modifier le code]

La phosphosidérite a commencé à se former probablement après la Grande Oxydation, il y a plus de 2,4 milliards d'années, lors d'une hydratation proche de la surface des minéraux antérieurs (carbonates, phosphates, borates, nitrates), ou lors de l'oxygénation néoprotérozoïque/biosphère terrestre, il y a moins de 600 millions d'années avec d'autres minéraux d'origine taphonomique.

Dans son cadre géologique, elle est un produit d'altération de la triphylite dans les pegmatites granitiques, les sols, et un minéral de remplacement dans les os et les coquilles.

La localité type de la phosphosidérite est la mine Kalterborn, sur la commune de Eisenfeld, près de Siegen, en Allemagne[8]. Mais la phosphosidérite est extraite dans le monde entier dans près de 230 gisements recensés par Mindat.org, malgré le fait qu'elle soit rare. On en trouve principalement en Europe, notamment dans 9 gisements en France, mais aussi dans certaines régions du Chili, de l'Argentine, de l'Australie, du Brésil et des États-Unis où les plus gros spécimens sont extraits[5]. On la retrouve en association avec la strengite, la turquoise, la triphylite, la leucophosphite, l'huréaulite, la barbosalite et la lauéite[9]. Dans les pegmatites granitiques zonées, il se présente généralement comme un produit d'altération des phosphates primaires, ce qui en fait un phosphate secondaire[5]. Elle peut remplacer les coquilles et les os et également être présente, quoique rarement, dans la composition du sol[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. (de) Willy Bruhns et Karl Heinrich Emil Georg Busz, « Phosphosiderit, ein neues mineral von der Grube Kalterborn bei Eiserfeld im Siegenschen », Zeitschrift für Kristallographie, Mineralogie und Petrographie, Leipzig, no 17,‎ , p. 555-560
  3. a b c d et e (en) « Phosphosiderite », sur Mindat.org (consulté le )
  4. (en) Paul B. Moore, « The crystal structure of metastrengite and its relationship to strengite and phosphophyllite », American Mineralogist, vol. 52,‎ , p. 168-176 (lire en ligne [PDF])
  5. a b c et d « Phosphosiderite - Encyclopedia », www.le-comptoir-geologique.com (consulté le )
  6. (en) « Phosphosiderite », sur National Gem Lab, (consulté le )
  7. « Phosphosiderite Mineral Data », www.webmineral.com (consulté le )
  8. (en) « Kalterborn Mine, Eiserfeld, Siegen, Siegen-Wittgenstein, Arnsberg, North Rhine-Westphalia, Germany », sur Mindat.org (consulté le )
  9. a et b (en) « Phosphosiderite », dans J. W. Anthony, R. Bideaux, K. Bladh et al., Handbook of mineralogy, (lire en ligne [PDF]) (consulté le )