Paydret

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Paydret
Patoés, Parlange, Paydret
Pays France
Région Pays de Retz
Nombre de locuteurs Incertain
Typologie SVO
Classification par famille

Le paydret ou patois du Pays de Retz est une langue d'oïl parlée dans le Pays de Retz en Loire-Atlantique.

Les caractéristiques de cette langue la rendent difficile à classer pour les linguistes spécialistes des langues d'oïl. Le paydret présente en effet des traits poitevins nombreux, mais aussi des caractéristiques qui le rapprochent du gallo[1].

Encore relativement parlé, le paydret a tendance à se fondre dans le français, étant proche de lui comme toute langue d'oïl.

Phonologie[modifier | modifier le code]

Le paydret ne présente pas de sons qui soient inconnus au français. Il présente en revanche de nombreuses évolutions phonologiques divergentes par rapport au français classique. La plus spectaculaire de ces divergences est peut-être l'évolution de -o- latin vers -ou- au lieu de -eu- en position accentuée :

Latin Paydret Français
hora houre heure
dulceor douçour douceur
terrosus terroux terreux
cor cour cœur
nodus noud nœud

Pour ce qui est de l'évolution du -é- latin (et parfois -i- devenu -é- en bas-latin), qui nous a donné -oi- en français classique mais était resté au stade -ei- ou -ai- dans une large partie du domaine d'oïl occidental, le paydret, tout comme le patois nord-est du Poitou, ne présente une seule réalisation phonétique mais plusieurs selon les contextes. Cette caractéristique se retrouve également dans les parlers des Pays de la Loire comme l'orléanais ou le tourangeau (bien que l'angevin en soit écarté, présentant lui une réalisation -ai- assez générale). Voici quelques exemples des réalisations de -é- latin en paydret :

Latin Paydret Français
diréctus dret droit
vécinus (de vicinus) voésin voisin
maï moi
crédere crère ou craire croire
vedére voér voir
péscionus (de piscis) poesson poisson
ego volébam je voulas je voulais (de je vouloie)
ille volébat il voulait il voulait (de il vouloit)

L'ancienne diphtongue au du français médiéval (aujourd'hui prononcée /o/ en français classique mais que les Québécois diphtonguisent encore) est maintenue dans la majeure partie du pays de Retz. Pour faire sentir la diphtongue, ce son est souvent orthographié aou :

Latin Paydret Français
alter aoutre autre
altus haout haut
malus maou mal
caballus chevaou cheval
caballos chevaoux chevaux

La triphtongue iau de l'ancien français (et ses variantes régionales eu, ieu, eau), ancêtre du graphème eau, a évolué en une diphtongue éou en paydret :

Latin Paydret Français
bellus béou beau
aqua éou eau
castellus châtéou château
canalis chenéou cheneau / chenal
castellos châtéoux châteaux

L suivant une consonne se vocalise ou se mouille le plus souvent. Cette évolution est généralement notée en remplaçant l par un i (sauf dans les cas où la voyelle suivante est également un i, alors cette évolution phonétique n'est pas écrite) :

Latin Paydret Français
applanire apiangir aplanir
flor fiour fleur
plenus pien plein
clocca quioche cloche
ecclesia église église

Grammaire[modifier | modifier le code]

Le paydret diverge du français classique en de nombreux points.

Articles[modifier | modifier le code]

Article indéfini[modifier | modifier le code]

Les adjectifs démonstratifs[modifier | modifier le code]

L'adjectif démonstratif paydret présente des formes en qu- proches de celles des parlers poitevins et en tout cas très différentes de celles du français classique :

Ce Noël sera meilleur que celui de l'an dernier.

Deviendra :

Quou Naou sera meillour que le quou de l'an dernier.

Masculin Féminin
Singulier quou, queu qualle
Pluriel ques

Verbes[modifier | modifier le code]

Conjugaison[modifier | modifier le code]

Présent de l'indicatif[modifier | modifier le code]

Voici un tableau récapitulatif des conjugaisons pour les trois groupes :

Personne 1er groupe 2e groupe 3e groupe
1re sing. je chante je finis je vends
2e sing. tu chantes tu finis tu vends
3e sing. il chante il finit il vend
1re plur. je chantons je finissons je vendons
2e plur. vous chantez vous finissez vous vendez
3e plur. ils chantont ils finissont ils vendont

Au présent de l'indicatif, les deux différences systématiques entre le paydret et le français classique sont :

  • le pronom je à la place de nous à la première personne du pluriel (comme évoqué plus haut) ;
  • la terminaison -ont au lieu du -ent muet du français classique (cette caractéristique se retrouve dans de nombreux parlers régionaux dans le domaine d'oïl et les parlers de l'Ouest l'ont transmise aux français acadien et louisianais).
Imparfait de l'indicatif[modifier | modifier le code]

Voici un tableau récapitulatif des conjugaisons pour les trois groupes :

Personne 1er groupe 2e groupe 3e groupe
1re sing. je chantas je finissas je vendas
2e sing. tu chantas tu finissas tu vendas
3e sing. il chantait il finissait il vendait
1re plur. je chantions je finissions je vendions
2e plur. vous chantiez vous finissiez vous vendiez
3e plur. ils chantiont ils finissiont ils vendiont

À l'imparfait de l'indicatif, l'originalité du paydret est le developpement des terminaisons -as et -as aux 1re et 2e personnes du singulier ainsi que les terminaisons -ions et -iont aux 1e et 3e personnes du pluriel. Ces deux particularités du paydret se sont exportées en Nouvelle-France : le québécois parlé dit j'vendas pour je vendais et les Acadiens et Louisianais disent régulièrement ils faisiont ou ils disiont pour ils faisaient et ils disaient.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Blanchet Philippe, « Problématique ethnolinguistique du Pays de Retz » [PDF], sur ResearchGate, (consulté le )