Mary Ward (scientifique)

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Mary Ward
Biographie
Naissance
Décès
(à 42 ans)
BirrVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Hon. Mrs. WardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Irlande (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Henry King (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Harriet Lloyd (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Henry Ward (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Henry Somerset Andrew Ward (d)
Edward Ward (d)
Maxwell Ward
Emily Georgiana Ward (d)
Mary Henrietta Ward (d)
Kathleen Annette Norah Ward (d)
Bertha Jane Ward (d)
Harriette Mary Ward (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mary Ward (1827–1869) est une scientifique anglo-irlandaise autodidacte. Ses livres de vulgarisation ont connu beaucoup de succès. Illustratrice douée et précise, elle a aussi collaboré avec plusieurs savants de renom.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Son nom de naissance est Mary King. Elle naît à Ballylin dans l'actuelle Ferbane (en) (comté d'Offaly en Irlande) en 1827. Elle est la plus jeune enfant du couple aristocratique formé par Henry et Harriette King[1],[2]. Elle et ses deux sœurs (elle a aussi un frère) sont éduquées à la maison comme la plupart des filles de l'époque, mais on peut penser que, dans cette famille de scientifiques de renom, la science avait une place plus grande que d'habitude à l'époque.

Encouragée par ses parents[3], Mary s'intéresse très jeune à la nature : à trois ans, elle va chasser les papillons[4] ; à huit ans, elle fait irruption dans la salle à dîner et annonce à ses parents et à tous les hôtes qu'avec son télescope elle a trouvé la comète de Halley[5]. À treize ans, elle commence à documenter la construction du télescope de son cousin. L'astronome James South, qui l'a vue étudier les insectes avec une loupe[6] (pour les dessiner par la suite) suggère à son père de lui offrir un microscope. Elle le reçoit à dix-huit ans et apprend à faire ses propres lames d'examen (en ivoire, le verre étant trop cher à l'époque). À 24 ans, elle fabrique elle-même des feux d'artifice[7].

Maturité[modifier | modifier le code]

Éduquée par une gouvernante, Mary Ward sera donc autodidacte, profitant de la moindre occasion pour échanger avec les grands savants de l'époque, comme William Rowan Hamilton et Sir David Brewster (elle est l'assistante de ce dernier et illustre plusieurs de ses ouvrages et articles[8])[9].

En 1854 (à 27 ans), elle épouse l'honorable Henry William Crosbie Ward et signera ses ouvrages « l'honorable Mme Ward ». Son mari se révèle peu apte à subvenir aux besoins du ménage, où naîtront huit enfants[9] ; elle devient donc illustratrice scientifique, métier qui lui est ouvert[10].

En 1857, elle décide de rendre son travail public. Elle ne peut d'abord faire mieux qu'une édition privée de ses Esquisses pour le microscope[11], mais bientôt ses livres, destinés au grand public et illustrés avec grand soin par elle-même, plaisent au nombre croissant de ceux qui pratiquent le loisir scientifique[12].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Victime de son insatiable soif de savoir, elle meurt à 42 ans en tombant sous les roues d'une automobile à vapeur expérimentale construite par ses cousins Parsons[13],[14],[15]. Comme l'événement a lieu en 1869, elle passe à l'histoire, non comme la scientifique et illustratrice qu'elle était, mais comme la première personne tuée par un véhicule à moteur. On a dit qu'elle répandait la joie autour d'elle[13].

Contributions[modifier | modifier le code]

Ce qui élargissait le champ de vision humain dans le très grand ou dans le très petit était d'un grand intérêt pour Mary Ward.

Télescope[modifier | modifier le code]

Ward est une astronome amateur enthousiaste et partage cet intérêt avec son cousin William Parsons, 3e comte de Rosse, constructeur du Léviathan de Parsonstown[16],[17] ; on appelle ainsi un télescope de six pieds de miroir, resté le plus grand du monde jusqu'à l'ouverture de celui du mont Wilson. Ward va souvent au château de Birr, dessinant toutes les étapes de la réalisation de l'instrument[18]. Plus tard, quand ils vivent tous deux à Londres, Lord Rosse l'invite souvent à sa table, lui faisant faire la connaissance des grands scientifiques de l'époque ; il la tenait en haute estime[19].

Son ouvrage Les enseignements du télescope connaît un grand succès.

Mary Ward est l'une des trois femmes à qui on fait parvenir le bulletin de la Royal Astronomical Society, les autres étant la reine Victoria et Mary Sommerville d'Oxford College[9], la traductrice de Laplace.

Microscope[modifier | modifier le code]

En 1858 un éditeur commercial prend le risque d'imprimer l'édition privée, parue l'année précédente, sur le microscope. Le livre de « l'honorable Mme W. » comptera huit rééditions (sous divers titres) entre 1858 et 1880[20]. Il est intitulé Un monde de merveilles révélé par le microscope.

La puissance du microscope qu'elle utilise va jusqu'à « 900 diamètres[21] ». Cette particularité, son intérêt soutenu pour les insectes et ses talents de dessinatrice la feront souvent collaborer avec des entomologistes.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

L'histoire rigoureuse des publications de Mary Ward sous leurs différents titres reste à faire.

Articles (liste partielle)[modifier | modifier le code]

Mary Ward a écrit de « nombreux articles[28] », notamment pour The Intellectual Observer, mensuel qui a comme sous-titre « Review of natural history, microscopic research and recreative science ». Elle a aussi écrit pour Recreative Science.

Illustrations (sélection)[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Mary Ward », sur parsonstown.info
  • « Mary Ward (microscopist, artist, entomologist and author) », site Irish Scientists
  • Mary R. S. Creese, Ladies in the laboratory II : West European women in science, 1800–1900 : a survey of their contributions to research, Scarecrow Press, 2004, 290 p. — Particulièrement p. 39 et suivantes
  • Catharine M. C. Haines, « Ward, Mary née King », dans International women in science : A biographical dictionary to 1950, 2001, p. 321
  • Owen G. Harry, « The Hon. Mrs. Ward and ‘A windfall for the microscope’, of 1856 and 1864 », dans Annals of Science, vol. 41, 1984, no 5, p. 471–482
  • Susan M. P. McKenna-Lawlor, « The Hon. Mrs Mary Ward (1827–1869), astronomer, microscopist, artist and entrepreneur », dans Whatever shines should be observed : [quicquid nitet notandum], Springer Science & Business Media, , p. 19
  • R. Charles Mollan, William Parsons, 3rd Earl of Rosse : Astronomy and the castle in nineteenth-century Ireland, 2014, 392 p., passim (ISBN 978-0-7190-9144-5)
  • Brendan Ryan, « A world renowned Ferbane scientist : The Hon. Mary Ward (nee King), 1827–69 », dans Offaly Heritage, 7, 2013, p. 119–128
  • Gina Sigillito, « Mary Ward — 1827–1869 — Scientist », dans The daughters of Maeve : 50 Irish women who changed the world, Citadel Press, (ISBN 978-0-8065-2705-5), p. 35–39

Compléments[modifier | modifier le code]

Mémoire[modifier | modifier le code]

  • Une pièce de Castle Ward est consacrée à des objets qu'elle utilisait.

Mary Ward dans les arts[modifier | modifier le code]

  • Emilie Clark, Letters to Mary Ward 2003-2004 — L'œuvre de Clark, basée sur A world of wonders revealed, consiste en une correspondance imaginaire, sa propre collection de spécimens, et des dessins d'après les descriptions de Mary Ward[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Creese 2004, p. 40.
  2. McKenna-Lawlor 2013, p. 19.
  3. Bernard Lightman, Victorian popularizers of science : Designing nature for new audiences, p. 104.
  4. « Mary Ward (1827–1869) » (archive du ), site Irish Universities Promoting Science.
  5. Sigillito 2007, p. 35.
  6. Alanna Bennett, « The first person killed by a car also happened to be a really awesome woman », site Girls Just Wanna Have Fun, version du .
  7. McKenna-Lawlor 2013, p. 25.
  8. « L'une des filles de cette demeure [(Birr Castle)] hospitalière, si jolie et si retirée parmi ses hêtres majestueux, fut pendant des années une correspondante et aimable assistante de mon père [Sir David Brewster] ; elle avait de grandes, mais point prétentieuses, connaissances scientifiques, qu'elle a exploitées en illustrant les mémoires scientifiques [de mon père] et aussi ses propres livres charmants. » Mrs. Gordon, The home life of Sir David Brewster, 3e  éd., Édinbourg, David Douglas, 1881, p. 133. Mme Gordon est la fille de Sir David.
  9. a b et c Irish Scientists.
  10. On ne connaît aucun catalogue des auteurs dont Ward a illustré les œuvres. (Décembre 2017).
  11. a et b D'abord publié en 1857 en édition privée de 250 exemplaires sous le titre de Sketches with the microscope : https://whipplelib.wordpress.com/2016/12/05/w-is-for-wards-world-of-wonders/. Elle en avait auparavant produit six copies sous le titre A windfall for the microscope : McKenna-Lawlor 2013, p. 50.
  12. McKenna-Lawlor 2013, p. 47.
  13. a et b Mrs. Gordon, The home life of Sir David Brewster, 3e  éd., Édinbourg, David Douglas, 1881, p. 133 note 2. Mme Gordon est la fille de Sir David Brewster.
  14. Récit détaillé dans Mollan 2014, p. 88.
  15. L'un de ces cousins était Charles Algernon Parsons, inventeur de la première turbine à vapeur.
  16. Parsonstown est l'ancien nom de Birr.
  17. Mary est l'une des premières personnes à utiliser ce télescope. Elle confesse plus tard avoir tremblé de froid après minuit plusieurs fois : Creese 2004, p. 40.
  18. La restauration du télescope a été rendue possible par les esquisses de Ward et les photographies de la comtesse : McKenna-Lawlor 2013, p. 25. La comtesse s'appelait aussi Mary ; sa chambre noire passe pour le plus ancien laboratoire photographique complet qui ait subsisté : Creese 2004, p. 39, n. 18.
  19. Un jour, à l'un de ces dîners, Lord Rosse ne peut répondre à une question d'un hôte éminent : « Ma cousine Mary en sait plus que moi là-dessus ; je vous conseille de vous adresser à elle ». Sigillito 2007, p. 36 et parsonstown.info.
  20. a et b Sigillito 2007, p. 37.
  21. The microscope, p. 36.
  22. Sa sœur : Haines.
  23. Les auteurs restent anonymes : « by the Honorable Mrs. W. and Lady M. » : http://hdl.handle.net/10079/bibid/2142829.
  24. Mollan 2014, p. 113.
  25. Recension d'époque.
  26. Les enseignements du télescope. Esquisse familière de la découverte astronomique qui combine un guide particulier des objets qui sont à la portée d'un petit télescope […] et la description des découvertes les plus intéressantes sur les corps célestes qui ont été faites grâce à des télescopes puissants, y compris celle de la comète récente.
  27. 4e  éd. : 1876 ; 7e  éd. : 1893. Fiche de worldcat.org.
  28. Creese 2004, p. 53.
  29. a et b Détail de la planche X, dans Transactions of the Royal Society of Edinburgh, vol. 23, p. 418 ; légende : Illustrating Sir David Brewster's paper on the « Structure and optical phenomena of ancient decomposed glass ». La source de l'attribution est : Mrs. Gordon, The home life of Sir David Brewster, 3e  éd., Édinbourg, David Douglas, 1881, p. 205.
  30. « [T]he finest of Mary Ward's microscopical illustrations appear in Brewster's papers » : Creese 2004, p. 40.
  31. Présentation par l'auteur.

Liens externes[modifier | modifier le code]