Laukkai

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Laukkai
Laukkai
vue de Laukkai
Noms
Nom Birman လောက်ကိုင်မြို့
Nom Shan လဝ်ႉၵႆႇ၊ ဝဵင်း
Nom Chinois simplifié 老街
Administration
Pays Drapeau de la Birmanie Birmanie
Etat État shan
District Zone autonome du Kokang (en)
Township Township de Laukkaing (en)
Démographie
Population 23 435 hab. (2014)
Géographie
Coordonnées 23° 41′ 41″ nord, 98° 45′ 52″ est
Altitude 1 000 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Birmanie
Voir sur la carte administrative de Birmanie
Laukkai

Laukkai (également connu sous le nom de Laukkaing, Laogai ou Laokai) (en birman: လောက်ကိုင်မြို, en shan: လဝ်ႉၵႆႇ၊ ဝဵင်း, en chinois simplifié: 老街, en pinyin: Lǎojiē) est une ville de Birmanie, capitale administrative[1],[2] de la zone autonome du Kokang (en) et la principale ville du township de Laukkaing (en) au nord-est de l'État shan. Elle est située à environ 16 km de la frontière chinoise et de la ville de Nansan (en)[3]. Le mandarin du sud-ouest et les caractères chinois sont largement utilisés par la population à majorité chinoise du Kokang (en) et le yuan est en circulation. Elle est distante de 188 km de Lashio, la plus grande ville du nord de l'état. En 2014, sa population s'élevait à 23 435 habitants[4]. Laukkai est connue pour ses jeux de hasard, sa prostitution et ses réseaux de trafic d'êtres humains alimentés grâce à la proximité avec la frontière chinoise et le tourisme frontalier, ainsi que les arnaques en ligne,[5],[6],[7],[8].

Histoire[modifier | modifier le code]

Escarmouche de 2009[modifier | modifier le code]

La ville a été au centre de combats lors d'une escarmouche en août 2009 entre des organisations ethniques armées et la Tatmadaw, l'armée birmane[9]. le 24 août, la ville est investi par les troupes de la Tatmadaw[1]. Du 27 au 30 août des combattants de l'armée de l'alliance démocratique nationale de la Birmanie (en), l'armée de l'alliance nationale démocratique (en) et de l'United Wa State Army ont menés des attaques contre les troupes de la Tatmadaw dans et autour de Laukkai.

Sous le gouvernement militaire[modifier | modifier le code]

Après l’escarmouche de Laukkai en 2009, la junte au pouvoir a installé une milice pro-junte dans la ville. La milice s'est ensuite enrichie grâce à la production de drogue, ainsi qu'au jeu et à la prostitution pour les touristes chinois. The Straits Times a rapporté en 2023 qu’environ 40 complexes frauduleux pourraient opérer autour de Laukkai[6].

Le 17 février 2015, le président birman, Thein Sein, a déclaré l'état d'urgence et la loi martiale pour trois mois au Kokang en réponse à des affrontements entre les troupes birmanes et des combattants (en) de l'armée de l'alliance démocratique nationale de la Birmanie (AADNB), un groupe rebelle[10]. Le couvre-feu a été prolongé le 9 septembre 2019[11].

Le 6 mars 2017, des membres de l'AADNB ont attaqué 3 casinos. Les casinos appartenaient à une force rivale des gardes-frontières du Kokang. Le raid a entraîné la mort d’une personne et la saisie de dizaines de millions de dollars[12].

L'incident 1020[modifier | modifier le code]

Aux premières heures du 20 octobre 2023, une tentative de sauvetage (zh) d'une centaine de personnes forcées de travailler dans une villa d'un chef de syndicat chinois a mal tourné, les médias chinois ont rapportés que plusieurs citoyens chinois avait été abattus par des policiers alors qu'ils tentaient de s'échapper. Cet incident a permis à la Chine de crédité les forces anti-junte qui ont ensuite lancer l'opération 1027[13],[14].

Opération 1027[modifier | modifier le code]

Le 27 octobre 2023, l'alliance rebelle des trois fraternités (en) a lancé une nouvelle offensive contre la Tatmadaw, dans le nord de l’État Shan. L'offensive a vu la AADNB réaliser des gains dans le Kokang, dans le but de reconquérir Laukkai depuis sa défaite en 2009. Les 11 et 12 novembre, la AADNB a commencé à bombarder Laukkai[5] et a finalement encerclé la ville le 14 novembre[6]. Le 12 novembre, les 127 membres du bataillon d'infanterie légère 129 de la Tatmadaw se sont rendus aux forces de la AADNB avec leurs familles près de Laukkai à Konkyan (en)[15].

En raison de la réputation de Laukkai en tant que zone majeure d'escroquerie et trafic, la AADNB a déclaré qu'elle remettrait à la Chine tous les responsables chinois d'escroqueries et trafics capturés. La AADNB a également donné des ordres à ses forces pour protéger les personnes étrangères, secourir les victimes kidnappées et protéger les entreprises chinoises et le projet de pipeline Chine-Birmanie[16].

Depuis que la AADNB a commencé à se rapprocher de Laukkai, la ville a connu un exode massif[5]. Fin novembre, la AADNB a ouvert un couloir humanitaire permettant aux travailleurs migrants de Laukkai de fuir vers Lashio en passant par les Township de Laukkaing (en) et Kunlong et l'État Wa. Le couloir n'a cependant pas était emprunté par l'ethnie des chinois du Kokang. De nombreux ont fui vers la frontière chinoise, mais les autorités chinoises leur ont tiré des gaz lacrymogènes[17].

Le 6 décembre, la AADNB s'est emparé de la stratégique colline des Quatre statues bouddhistes après trois jours de combats contre la Tatmadaw. Une pagode est située sur une colline surplombant Laukkai et était le dernier avant-poste de la junte avant Laukkai[18],[19].

Porte du poste frontière de Yanlonkyaing en 2019

Le 15 décembre, un cessez-le-feu temporaire a été négocié par la Chine entre la Tatmadaw et la AADNB à Kunming. La Chine a également émis le 10 décembre des mandats d'arrêt contre des membres clés des principales familles mafieuses de Laukkai, les accusant d'être les meneurs d'escroqueries dans les télécommunications et en ligne. Parmi eux, l'ancien président de la région, Bai Xuoqian (en)[20]. Le cessez-le-feu a pris fin le 18 décembre après que la junte est lancée des frappes aériennes contre une base contrôlée par la AADNB[21]. Suite à cela, la AADNB a capturée le poste frontière de Yanlonkyaing, à la frontière chinoise, au nord de Laukkai, le 19 décembre[22],[23],[24].

Le 28 décembre, il a été signalé que « la majeure partie » de Laukkai était désormais sous le contrôle da la AADNB, la Tatmadaw abandonnant en grande partie la ville[25]. La AADNB a pris le contrôle en totalité de Laukkai à la suite d'une reddition massive des dernières forces de la junte dans la ville le 5 janvier 2024[26],[27].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Saw Yan Naing, « Burmese Cease Fire Breaks Down » [archive du ], The Irrawaddy, (consulté le )
  2. « Myanmar military moves to crush Kokang Chinese », Earth Times, (consulté le )
  3. Tour
  4. « Myanmar: Regions, States, Major Cities & Towns - Population Statistics, Maps, Charts, Weather and Web Information », www.citypopulation.de (consulté le )
  5. a b et c (en) Fishbein, « 'Fighting is all around': Myanmar faces deepening humanitarian crisis », Al Jazeera (consulté le )
  6. a b et c (en) « Myanmar scam town Laukkai empties out as war approaches », The Straits Times,‎ (ISSN 0585-3923, lire en ligne, consulté le )
  7. (en-US) SHAN, « Youths Falling Prey to Online Game Scams », sur Shan Herald Agency for News, (consulté le )
  8. (en-US) SHAN, « Foreign Nationals Are Victims Of Human Trafficking In "Wa" And "Kokang" Regions », sur Shan Herald Agency for News, (consulté le )
  9. (en) « Junta's ploy: Push Kokang to shoot first » [archive du ], Shan Herald, (consulté le )
  10. Soe Zeya Tun, « Myanmar declares martial law in troubled Kokang region », Reuters, (consulté le )
  11. Mann, « Curfew Continues in Northern Myanmar's Kokang Over Concerns About Armed Conflict », The Irrawaddy, (consulté le )
  12. (en-US) Nanda, « The Kokang casino dream », Frontier Myanmar, (consulté le )
  13. « The Chinese mafia's downfall in a lawless casino town », sur web.archive.org, (consulté le )
  14. (en) Jonathan Head et Lulu Luo, « A turning point in Myanmar as army suffers big losses », BBC,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  15. (en-US) « Entire infantry battalion surrenders in Laukkai: MNDAA – Myanmar Now », (consulté le )
  16. (en-US) « Myanmar Resistance Forces Close In On Key Northeastern Town », thediplomat.com (consulté le )
  17. Htoo Zan, « Exodus: Tens of Thousands Flee as Myanmar Junta Troops Face Last Stand in Kokang », The Irrawaddy, (consulté le )
  18. (en) « Laukkai is a notorious den of online scams — and the prize in one family's 14-year quest for revenge », ABC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Ethnic Army Battles to Seize Another Base From Myanmar Junta Near Border With China », The Irrawaddy, (consulté le )
  20. (en) « Temporary ceasefire agreed after Myanmar rebel forces surround city notorious for online scam operations », ABC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Fighting Resumes in Myanmar's Kokang Region Ending Brief Pause That Followed China Peace Talks », The Irrawaddy, (consulté le )
  22. (en-US) « Myanmar Resistance Forces Seize Another China Border Crossing », thediplomat.com (consulté le )
  23. (en) « Myanmar ethnic armed group seizes another crossing point along the Chinese border, reports say », ABC News (consulté le )
  24. (en) « Anti-junta forces capture Myanmar border crossing gate », Radio Free Asia (consulté le )
  25. « Most of Laukkai now under MNDAA control »,
  26. « MNDAA captures military command centre outside Laukkai, taking full control of city »,
  27. https://www.irrawaddy.com/news/war-against-the-junta/myanmar-regime-raises-the-white-flag-in-kokang-zone-on-china-border-in-shan-state.html

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Jonathan Head, « The Chinese mafia's downfall in a lawless casino town », BBC News,‎ (lire en ligne)