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La Nuit des forains

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La Nuit des forains (Gycklarnas Afton) est un film suédois d'Ingmar Bergman, sorti en 1953.

Synopsis

Les tourments de membres de la troupe du misérable Cirque Alberti. Le cocher raconte son humiliation lorsque sa femme s’est baignée nue au milieu de soldats. Le directeur du théâtre humilie Alberti et sa compagne, Anne, qui lui demandent des costumes. Anne se donne à un acteur Franz en échange d’un bijou sans valeur…

Fiche technique

  • Titre original : Gycklarnas Afton
  • Réalisation et scénario : Ingmar Bergman
  • Images : Sven Nykvyst, Hilding Bladh
  • Production : Sandrew production
  • Genre : drame
  • 90 minutes
  • Noir et blanc
  • Sortie en 1953

Distribution

Analyse

En 1953, Bergman a 35 ans et déjà une bonne dizaine de films derrière lui. Ses films précédents, qu’il s’agisse de mélodrames (Il pleut sur notre amour), du récit érotisé d’un amour impossible (Un été avec Monika), de tragédies conjugales (La Fontaine d'Aréthuse, L'Attente des femmes) ou de comédies libertines (Jeux d'été), annoncent déjà les œuvres de la maturité, tous les thèmes chers au cinéaste suédois s’y trouvant en gestation.

Pour nombre de critiques, La Nuit des forains est son premier chef d’œuvre. Avec une noirceur absolue, Bergman narre les déboires d’une troupe de cirque minable, déchirée par des drames personnels, obsédée par le manque d’argent, soumise à des humiliations perpétuelles. Le réveil d’Alberti, à côté de sa compagne (Harriet Anderson, radieuse), dans une roulotte doucement cahotée évoque pourtant quelque chose de radieux, d’apaisé – comme l’atmosphère tendre qui imprégnera la carriole qui abrite le couple du Septième sceau. La suite n’en sera que plus brutale et la Nuit des forains ressemble à une déchéance sans fin. La tragédie du couple, la jalousie, l’adultère, la résignation à la vie conjugale et à sa violence intérieure, l’incommunicabilité des êtres, le rapport à Dieu, tous ces thèmes sont ici déclinés avec une acuité que les films précédents ne laisser que pressentir.

On retiendra particulièrement les images hallucinantes (les images surexposées donnant alors l’impression d’un cauchemar) du clown Frost allant chercher, pieds nus sur des rochers, sa femme qui s’est baignée nue devant une troupe de soldats ricanants et vulgaires. Lorsqu’il la ramène, ployant sous le fardeau, chutant, se relevant, le tout dans une atmosphère sonore étrange où les rires semblent venir de l’intérieur du corps de Frost, le spectateur assiste à un véritable chemin de croix… « Jamais, sauf dans certains Sternberg, on n’avait aussi parfaitement utilisé le noir et blanc » (Jean Tulard).

Voir aussi

Lien externe