Jean-Isaac Chadeau de la Clocheterie

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Jean-Isaac Chadeau
seigneur de la Clocheterie
Naissance
Rochefort-sur-Mer
Décès (à 41 ans)
à la bataille des Saintes
Mort au combat
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Capitaine de vaisseau
Années de service 1754 – 1782
Commandement Belle Poule, Triton, Jason, L'Hercule
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Faits d'armes Combat du 17 juin 1778
Bataille du cap Henry
Bataille de Saint-Kitts
Bataille des Saintes
Distinctions Chevalier de Saint-Louis

D’azur à un chat d’or issant d’une rivière d’argent

Jean-Isaac-Timothée Chadeau, seigneur de la Clocheterie, né le à Rochefort-sur-Mer et mort le à la bataille des Saintes, est un officier de marine français du XVIIIe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et jeunesse[modifier | modifier le code]

Jean-Isaac Chadeau de la Clocheterie est le fils d'Isaac Chadeau de La Clocheterie, lieutenant de vaisseau, tué sur Le Sérieux le , lors de la première bataille du cap Finisterre, pendant la guerre de Succession d'Autriche. Sa mère, Catherine Daniaud, obtient des lettres de noblesse pour ses cinq enfants. En demandant cet honneur en , rappelle que trois Chadeau de La Clocheterie avaient servi de père en fils dans la marine pendant plus de cent ans, et pendant quatre-vingt-onze années consécutives. Le jeune Jean-Isaac naît donc dans une famille de marine[1].

Les Chadeau de la Clocheterie portent d’azur à un chat d’or issant d’une rivière d’argent.

Débuts pendant la guerre de Sept Ans[modifier | modifier le code]

Il intègre la marine du Roi, à l'âge de treize ans, il est reçu Garde de la Marine le [1]. Il est promu au grade d'enseigne de vaisseau le , quelques mois après le début de la guerre de Sept Ans (1756-1763)[2]. Fait prisonnier de guerre lors de la prise du Belliqueux en 1758, il ne rentre en France que l'année suivante à la faveur d'un échange de prisonniers[1].

Promu lieutenant de vaisseau le , il est fait lieutenant en 1er d'apprentis canonniers, le [1]. La même année, il est en poste à l'Isle de France. Sur place, il fait la connaissance du botaniste Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, qui le décrit comme « un jeune homme, avec une figure fringante, très modeste, qui parlait à peine et était consacrée à ses fonctions »[3].

Capitaine des fusilliers le , il est fait chevalier de Saint-Louis le . Il passe capitaine au 1er de bombardiers le [1].

Au début de la guerre d'indépendance des États-Unis, alors que la France n'est pas encore formellement engagée dans le conflit, La Clocheterie est chargé, avec La Belle Poule, La Licorne, L'Hirondelle et Le Coureur d'aller reconnaître les forces ennemies, stationnées par le travers du cap Lizard. La petite escadre quitte Brest le .

Combat de la Belle Poule et de l’Arethusa[modifier | modifier le code]

Combat de la Belle Poule et de l'Aréthusa,
par Auguste-Louis de Rossel de Cercy.

Sous le commandement de La Clocheterie, La Belle Poule affronte le au soir, pendant quatre heures, au large de Plouescat, la frégate britannique HMS Arethusa (de 32 canons). Le commandant en second Grain de Saint-Marceau est tué, il y a 30 morts et une centaine de blessés côté français, mais l’Arethusa perd un mât et doit s'échapper sous la protection de la flotte britannique. La Clocheterie parvient à mettre La Belle Poule à l'abri des côtes bretonnes[4],[5].

Ce combat est le casus belli[6] du roi Louis XVI de France pour déclarer la guerre à son cousin le roi George III du Royaume-Uni. Cet affrontement est aussi connu pour avoir déclenché une vague patriotique et belliciste à Versailles et Paris, marqué par la décoration de la Clocheterie par le Roi et par la mode des coiffures à la Belle-Poule (représentant la frégate, voiles et cordages en cheveux laqués compris).

Pour son héroïsme au combat, le lieutenant de la Clocheterie reçoit un brevet de capitaine de vaisseau et reçoit le commandement du Triton de 64 canons tout juste sorti de l'arsenal. Selon l'anecdote qui circule alors à la Cour, le Roi l'informe de sa nouvelle commission pendant un jeu de piquet par un bon mot : « M. de la Clocheterie a toujours beau jeu. À propos de cela, j'ai des reproches à vous faire ; vous êtes un inconstant. (...) Oui, oui, je sais que vous êtes infidèle à la Belle Poule. (...) Ne cherchez pas à vous en défendre, il est sûr que vous la quittez pour un vaisseau de soixante-quatre canons[7],[8]. ».

Son combat, sa réception à la Cour de Versailles et sa promotion sont mentionnés dans les gazettes britanniques[9],[10], françaises[11],[12],[13], espagnoles[14], allemandes[15], suisses[16] et hollandaises[17] pour l'année 1778. Le Triton fait partie de l'armée navale combinée franco-espagnole sous les ordres du comte d'Orvilliers en 1779[18].

Fin de carrière et mort au combat[modifier | modifier le code]

Le capitaine de la Clocheterie est nommé au commandement du Jason (en), au début de l'année 1780[19],[20], dans l'escadre du chevalier de Ternay qui amène l'armée du comte de Rochambeau en Amérique. Au cours de cette traversée, un officier d'un régiment transporté par le Jason note des propos tenus par le capitaine de La Clocheterie qui lui paraissent à la limité de l'insubordination. Ils sont rapportés par le vicomte de Charlus dans Journal de mon voyage en Amérique[21].

Il combat à la bataille du cap Henry et à la bataille de Saint-Kitts[22] se distinguant en particulier lors du premier combat[23],[24]

Commandant le vaisseau L'Hercule dans l'escadre du comte de Grasse, il est tué au combat le , lors de la bataille des Saintes[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Bulletin de la Société des Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis, 1897, [lire en ligne], p. 238 et suiv.
  2. Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu'à la fin de l'année 1765, vol. 2 (Paris, 1767), p. 267.
  3. Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l'Isle de France, 1783.
  4. Jean Cornuault, Un panorama de la marine de Louis XV à Charles X, Paris, 2008, p. 87-91.
  5. (en) John Adolphus, History of England from the Accession to the Decease of King George the Third, vol. 3, Londres, 1841, p. 5
  6. Théodore Ortolan, Règles internationales et diplomatie de la mer, vol. 2 (Paris, 1864), p. 21.
  7. Pierre-Jean-Baptiste Nougaret, Anecdotes du règne de Louis XVI, vol. 4, Paris, (lire en ligne), p. 135-136.
  8. Christophe Félix Louis Ventre de la Touloubre Montjoie, Éloge historique et funèbre de Louis XVI, roi de France et de Navarre, Paris, (lire en ligne), p. 158.
  9. (en) The Scots Magazine, vol. 40, 1778, p. 327
  10. (en) The Remembrancer ; or, Impartial Repository of Public Events, 1778, p. 231-232.
  11. Journal encyclopédique ou universel, vol. 5, 1778, partie 3, p. 557-559.
  12. Journal politique : ou Gazette des gazettes, juillet 1778, p. 31-35.
  13. Mercure de France, 5 juillet 1778, p. 106-109.
  14. (es) Mercurio Histórico y Politico, mai–août 1778, p. 226-230.
  15. (de) Die neuesten Staatsbegebenheiten, vol. 4, 1778, p. 1091-1094.
  16. Nouveau journal helvétique, juillet 1778, p. 108-109.
  17. (nl) De Maandelykse Nederlandische Mercurius, vol. 45, partie 1, juillet 1778, p. 11-13.
  18. Ludovic de Contenson, La Société des Cincinnati de France et la guerre d'Amérique (1778-1783), éditions Auguste Picard, Paris, 1934, p. 639-641 (lire en ligne)
  19. (es) Mercurio histórico y politico, janvier–avril 1780, p. 158-159.
  20. Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783, p. 199 (lire en ligne)
  21. Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, p. 600-601 (lire en ligne)
  22. Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, Relation des combats et des évènements de la guerre maritime, Imprimerie de Patris, 1796, p. 175, 233.
  23. Louis-Philippe de Ségur, Mémoires ou souvenirs et anecdotes, vol. 1, Paris, 1827, p. 216.
  24. Philippe Guillaume de Deux-Ponts, My Campaigns in America, Boston, 1868, p. 107.
  25. Adrien Richer, Les Fastes de la marine françoise (Paris, 1787), p. 177-185.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • * Ludovic de Contenson, La Société des Cincinnati de France et la guerre d'Amérique (1778-1783), éditions Auguste Picard, Paris, 1934, p. 110-115, 575, 641 note 7, 645 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]