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Jean-François Houbigant

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Jean-François Houbigant a fait de son nom de famille la deuxième plus ancienne parfumerie de France. C'est en 1775 qu'il s'installe à Paris au 57 de la grande rue du Faubourg-Saint-Honoré (qui devint par la suite le no 19 lors de la renumérotation de la rue vers 1806) et qu'il choisit comme enseigne « A la corbeille de fleurs ».

Histoire

C'est le 21 décembre 1752[1] à Paris que naît Jean-François de Nicolas Houbigant et de Geneviève Rolinart, domestiques. Sa mère travaille pour la duchesse de Charost qui possède un hôtel particulier au 39 de l’actuelle rue du Faubourg Saint-Honoré. Il est dit que sa patronne est d’une grande bonté et qu’elle prit son fils sous son aile en lui donnant de l'instruction et un petit pécule pour démarrer dans la vie.

A cette époque, la mode des eaux parfumées, des poudres et des fards bat son plein principalement à cause des odeurs pestilentielles des rues de Paris et de ses habitants. Cependant dans cette seconde moitié du XVIIIe siècle, il est aussi de bon ton de se poudrer à outrance et de colorer ses joues d'un rouge vif. Hommes et femmes veulent plaire et ne pas paraître vieillir. On s'allonge les cils, on se farde les yeux, on se dessine des veines bleues sur la peau pour en faire ressortir la finesse et on se colle des mouches de taffetas, qui révèlent alors un certain code suivant l'endroit du visage où elles étaient posées. Les coiffures, quant à elles, sont de vrais chefs d'œuvre d'architecture qui demandent des heures de préparation. En ce qui concerne l'odorat, la mode des notes musquées d'origine animale a cédé le pas à des nuances florales, plus subtiles et surtout moins agressives pour le nez. La Cour de Louis XV portera d'ailleurs le surnom de « Cour Parfumée ».

Alors en âge de travailler, le jeune Jean-François se dirige vers ce métier, qui est régi par les statuts de la communauté des marchands gantiers parfumeurs[2] et qui sont ceux qui ont le droit de faire et vendre toutes sortes de parfums, poudres, pommades, pâtes pour blanchir et nettoyer la peau, savonnettes, eaux de senteurs, gants, mitaines et étoffes de peau. Les statuts[3] de cette communauté sont de 1190 sous le règne de Philippe II dit Philippe-Auguste, et ont été renouvelés par Louis XIV en 1656. L’apprentissage est de quatre ans suivi de trois ans de compagnonnage. Le brevet coûte 50 livres et la maîtrise 550 livres.

Portrait de Jean-François Houbigant

Jean-François Houbigant se formera donc chez un maître parfumeur, certainement le père de sa future femme, pour pouvoir ouvrir sa boutique et y vendre ses propres produits. Il choisit un quartier[4] et une rue[5] très en vogue où de nouveaux hôtels particuliers sont en pleine construction comme l'Hôtel d'Evreux, qui devint plus tard le Palais de l’Élysée, l'Hôtel de Beauvau, l'Hôtel d'Edmond de Rothdchild, etc. A 23 ans, il y loue donc une boutique et prend comme entête de ses factures et nomenclature de ses produits la phrase suivante : «  Houbigant, marchand parfumeur, tient fabrique et magasin de gants, poudres, pommades et parfums, ainsi que le véritable rouge végétal, qu’il a porté au plus haut degré de perfection ; il fait et fournit les corbeilles de mariage et baptêmes avec assortiment complet ».

En ce temps là, les parfums se trouvent soit sur la table de toilette dans de grands coffres, appelés « nécessaires », soit dans les poches de la coquette, alors qualifiés de « nécessaires de poche »[6]. Ces objets sont de véritables petites merveilles. Les flacons peuvent être en cristal de roche taillé avec monture en or ou en argent, en porcelaine fine d'Angleterre, d'Allemagne ou de France peints par la suite et portant de temps à autre des devises ou des mots galants. Quelquefois, ils se pourvoient de petit miroir en leur base. Les coffrets, quant à eux, sont recouverts de cuir, de nacre, d'ivoire, d'écaille, d'émaux, de pierres précieuses ou de tableaux miniatures. Les élégantes y mettent leur cure-dents, épingles, ciseaux, cure-oreille, lime, crayon, tablettes en ivoire, mouches, etc. Il n'est donc pas rare de trouver dans les poches des ces dames plusieurs petits nécessaires !

Le livre de compte[7] de Jean-François Houbigant de 1777 à 1782 prouve qu’une grande partie de la noblesse vient se servir chez lui. On retrouve par exemple les noms de la duchesse de Charost, bien évidemment, le chevalier Jean de Manville, la vicomtesse de Sainte Hermine, le marquis de la Rochelambert, le vicomte de Choiseul, la marquise d’Erneville, l’abbé d’Osmond, la comtesse de Matignon, etc. Ayant maintenant établi un peu mieux sa situation, il épouse en juin 1781 Nicole Adélaïde Deschamps et le couple attendra 1790 pour avoir leur unique enfant, Armand Gustave, qui n'aura malheureusement pas la vocation des parfums.

L’histoire de France prend alors le tournant de la révolution et Jean-François la traverse sans en avoir été inquiété. Les années qui suivent sont alors une avalanche de changements, la République en 1792, la Terreur en 1793, la Convention en 1794, leDirectoire en 1795, le Consulat en 1799, le Concordat en 1801 et pour finir, l’instauration du Premier Empire par Napoléon I en 1804. La mode des parfums et des poudres ne s'est pas affaiblie, la clientèle change et Jean-François s'adapte.

C’est le 22 octobre 1807[8], à l’age de 55 ans, que s’éteint celui qui sans le savoir pérennisera son nom dans la parfumerie française pendant encore des siècles et laissera un fond de commerce florissant à sa femme. Cependant pour continuer l'œuvre de son défunt mari, Nicole Adélaïde n'aura pas d'autre choix que de se remarier avec le premier commis de la boutique comme les statuts de cette profession le voulaient.


Liste des produits

Voici quelques uns des produits que l'on pouvait trouver à l'époque dans sa boutique[9]

  • Gants de peaux de chiens pour hommes, femmes, enfants. Gants glaçés et non glaçés de toutes les couleurs. Gants gras préparés pour la peau. Gants fourrés, etc.
  • Poudres blanches aux fleurs : à la fleur d’orange, à la tubéreuse, à la fleur d’Espagne, à la fanchipanne, de Richelieu, etc.
  • Poudres brunes : à la maréchale, à la sultane, d’Angleterre, etc.
  • Poudres de couleurs sans odeurs : de fèves pour dégraisser les cheveux, d’alun, parfumée et non parfumée, pour empêcher la sueur, etc.
  • Pommades : à la rose, à l’héliotrope, à l’acacia, à la Milady, de moelle de bœuf préparée avec huile de noisette et parfumée à toutes les odeurs, crème de rose aux limaçons, etc
  • Quintessence : essence de néroli, de myrthe, de lavande, de musc, etc.
  • Eaux de senteurs : eau suave, de cassie double, de Cythère, de cédras, de la reine de Hongrie, vinaigre distillé pour la toilette ou rafraîchissant, eau de mélisse des Carmes, etc
  • Savons : de Naples parfumé ou non, Turc à la rose, etc.
  • Savonnettes : fines à l’ambre, au néroli, à l’œillet, aux herbes, etc.
  • Pâte d’amande liquide : au miel, à la fleur d’orange, au jasmin d’Espagne
  • Pastilles à brûler
  • Poudres odoriférantes
  • Rubans de Bruges ou de santé
  • Eponges fines
  • Brosses à dents
  • Flacons de poche
  • Pots pourris aux herbes aromatiques de Montpellier
  • Sachets à l’iris de Florence
  • Belles houppes de cygne de Hollande
  • Masques à poudre
  • Cire à épiler

Notes et références

  1. Acte de naissance, Archives de Paris, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  2. L'almanach dauphin ou tablettes royales du vrai nom des artistes célèbres et d'indication générale, des principaux marchands, banquiers, négociants, artistes et fabricants, éditeur Lacombe, Edme 1777, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  3. Statuts de la communauté des marchands gantiers-poudriers-parfumeurs de la ville, fauxbourgs et banlieue de Paris, Valade, 1779, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  4. Nouveau plan de la ville de Paris par le S.Jailiot, géographe ordinaire du Roi de l'Académie Royale des Sciences et Belles Lettres d'Angers, 1775, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  5. Rue du Faubourg-Saint-Honoré, délégation à l'action artistique de la ville de Paris, B. de Andia et D.Fernandes, 1994, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  6. Les flacons de la séduction, l'art du parfum au XVIIIe siècle, Ghislaine Pillivuyt, La bibliothèque des arts, 1985, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  7. Histoire d'un parfumeur 1775-1925,Paul Sentenac, 1925, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  8. Acte de décès, Archives de Paris, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant
  9. La parfumerie française et l'art dans la présentation, les éditions de la revue des marques, 1925, {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes