Hugues Frédéric Robert Dubourg

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Hugues Frédéric Robert Dubourg
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Joseph-Patrice FouchardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Joseph-Patrice Fouchard, dit Hugues Frédéric Robert Dubourg ou Frédéric Butler Dubourg ou plus simplement le général Dubourg, né le à La Rochelle et mort le à Paris, est un officier français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Patrice-Jean-Pascal Fouchard[1], bourgeois et de Marie-Madeleine Dionneau, Joseph-Patrice Fouchard entre dans la Marine à 10 ans sur un bâtiment de commerce, Le Sensible et devient aspirant à 15 ans sur une canonnière avant de servir à 17 ans comme officier sur un corsaire[2].

Il prend part dès 1793 aux guerres de Vendée avec les Royalistes. Il s'auto-proclame général, se bat dans l'Argonne et est capturé en 1796. Libéré, il rallie les Républicains. En 1810, il signe Fouchard-Dubourg puis Hugues-Frédéric-Robert Dubourg, en 1814, comte Dubourg et en 1815, comte Du Bourg de Butler avant de ne conserver que le nom Dubourg[3].

Enseigne de vaisseau sous l'Empire (1er avril 1803) à Toulon sur Le Vulcain, diverses rixes le font dégrader (18 mars 1805) mais il est rétabli dans ses rangs et grade le 11 juillet 1805. Lieutenant de vaisseau (23 août 1808) sur le Charlemagne, vaisseau de l’escadre de l’Escaut, il est promu adjudant de l’escadre de l’Escaut mais, le 3 octobre 1810, est de nouveau dégradé pour avoir introduit des denrées coloniales d’une valeur de 7 à 8 000 francs sur L'Eugénie et pour avoir refusé de les rendre ou de les rembourser. Il accompagne Bernadotte en Suède et en 1812, essaie en vain de se faire reconnaître comme capitaine d’un vaisseau corsaire à Copenhague[2].

Napoléon rappelant tous les officiers qui ont accompagné Bernadotte en Suède, il devient en mai 1812 chef d'état-major de Berthier, prince de Wagram puis de juillet à novembre 1812, est affecté au service du général Claparède[4]. Il participe à la campagne de Russie et est prisonnier de guerre à Saint-Pétersbourg[5]. Il arbore alors le titre de colonel que Claparède lui aurait donné ainsi qu'une Légion d'honneur[2].

Autorisé à rentrer en France à la chute de Napoléon, il mêle habilement mensonges et exactitudes[6] pour obtenir à la Première Restauration, le poste de Chef d'état-major au ministère de la Guerre (1812-1814). Adjudant-commandant (1er juillet 1812)[7], il suit Louis XVIII en exil à Gand lors des Cent-Jours et se montre royaliste assidu. Chateaubriand qui le mentionne dans Mémoires d’outre-tombe est impressionné par le personnage[8].

Dubourg s'empare de Cambrai, Bapaume, Le Quesnoy et Arras. Commandant en Artois, ses opinions ultras le font disgracier[2]. Diverses enquêtes démontrent ses nombreuses supercheries. Il s'invente alors une nouvelle identité attestée par des officiers d'état-major (natif du Cap Français (île de Saint-Domingue) le 7 février 1780 du mariage de Jean-Patrice-Robert, comte du Bourg, et de Marie-Magdeleine de Butler de Dionneau). Pour que ses dires soient acceptées, il en arrive même à menacer de se tuer (novembre 1816) mais les enquêtes concluent : « Supposition d’état. Usurpation de grade et de titre. Subornation de témoins »[9]. Néanmoins promu commandant de la légion de la Loire (11 novembre 1818), une nouvelle enquête, bien que démontrant qu'il a bien pris part à de nombreux combats, met en doute la véracité de sa Croix de la Légion d'honneur. Réformé en 1820, ses usurpations sont démontrées. Dubourg n'insiste pas et devient journaliste[2].

Dans son ouvrage Questions de politique européenne, et sommaires de plans de campagne contre les Turcs, Dubourd s'invente une amitié avec Ypsilantis qui lui aurait demandé d'être le chef du mouvement d’indépendance grecque en 1821[2].

Lors de la Révolution de juillet, Dubourg se fait connaître en dirigeant la prise d’assaut de l’hôtel de ville de Paris[10]. Il se proclame général de la Garde nationale élu par « universelle acclamation »[11],[12],[13]. Improvisé chef de la partie militaire du gouvernement provisoire, le 31 juillet, son apostrophe au duc d’Orléans fait sensation. Il l’exhorte de respecter ses engagements[14]. Soutenu par La Fayette, il s'excuse malgré tout auprès du duc pour obtenir un poste et est nommé maréchal de camp le 2 octobre 1831[15].

Placé en disponibilité (22 mars 1831)[16], il est un personnage embarrassant et réclame, entre autres, d'être nommé Pair, de recevoir le grade de commandant de la Légion d'honneur et en 1833, une indemnité de 42 000 francs pour ses dépenses lors des Trois Glorieuses[17]. Il obtient une pension annuelle de 2 000 francs[18].

Candidat aux élections à la Constituante dans le département de Seine-et-Oise lors de la Révolution de 1848, il tente sa chance auprès de Lamartine pour la création d'une garde mobile[19] mais finalement son indemnité de 2 000 francs est supprimée par le nouveau gouvernement[20]. Il tente divers recours mais ses requêtes sont rejetées. Il est définitivement mis à la retraite[2].

Adepte de Victor Considérant et de Charles Fourier, il fonde en 1848 Le Journal des intérêts agricoles, manufacturiers, commerciaux et maritimes dont l'objectif est la création d'un Crédit agricole mais le journal ne connaît qu'un numéro[2].

Il se donne la mort deux ans plus tard à Paris.

Jules Verne le mentionne au chapitre XX de son roman Le Chemin de France[21].

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1812 : De la nécessité de n’employer dans l’épuration de l’armée que des mesures légales
  • 1814 : Lettre d’un Anglais, à son retour en Angleterre d’un voyage en Italie, au mois d’août 1814, sur le roi Joachim Murat, trad. de l’anglais, augmenté de Notes pour servir à l’histoire du général Murat, Londres, impr. de J. Ridgway (attribué)
  • 1816 : De la nécessité d’adopter un système stable d’économie, et quelques moyens de l’établir, Paris, Michaud
  • 1827 : Mémoire sur les moyens de fonder la prospérité des fabriques françaises, en leur assurant des débouchés au dehors
  • 1828 : Questions de politique européenne, et sommaires de plans de campagne contre les Turcs
  • 1831 : La Révolution de Pologne et de ses effets probables, Paris, imp. d’Everat
  • 1836 : Plan de colonisation du royaume d’Alger, indiquant les moyens de rendre la possession de cette belle conquête avantageuse à la France
  • 1848 : Les Principes de l’organisation de la marine de la guerre, suivis de vues nouvelles sur la restauration du commerce maritime de la France, Paris, Corréard
  • 1849 : La Fin des révolutions. Appel au jugement de la France, Paris, Banget

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté, 2009, p. 211
  2. a b c d e f g et h Jean-Claude Sosnowski, Dubourg (ou Du Bourg ou Du Bourg de Butler ou Dubourg-Butler, Frederick-Robert ), Joseph-Patrice Fouchard dit, décembre 2015, Dictionnaire biographique du fouriérisme sur charlesfourier.fr.
  3. Pierre Baudrier, Notes de lecture, in Bulletin de la Société des Archives Historiques. Revue de la Saintonge et de l'Aunis XVI, Paris : A. Picard ; Saintes : Mme Mortreuil, 1896, p. 12, reproduit dans G.H.C., bulletin no 79, février 1996, p. 1541
  4. Alfred Marquiset, « Un héros de Juillet », Le Correspondant, 25 juillet 1914, p. 288.
  5. Raymond Lécuyer, « Un héros des Trois Glorieuses. Le roman du général Dubourg », Le Figaro, 30 juillet 1930, p. 5.
  6. Biographie des hommes vivants ou histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, tome 2, Paris, L. G. Michaud, octobre 1816 – février 1817, p. 435-436
  7. Almanach royal pour les années MDCCCXIV et MDCCCXV, Paris, Testu, 1814, p. 438.
  8. François-René de Chateaubriand, Œuvres complètes, 17, Mémoires d’outre-tombe, nouvelle édition par Edmond Biré, tome 5, Paris, Garnier, 1828, Nendeln (Liechstenstein), Kraus, 1975, p. 319.
  9. Alfred Marquiset, « Un héros de Juillet », Le Correspondant, 25 juillet 1914, p. 291.
  10. Le Constitutionnel, 30 juillet 1830, p. 1.
  11. Louis Blanc, Histoire de dix ans, 1830-1840', tome 1, Paris, Germer Baillière, 1877, p. 246-247
  12. Alexandre Dumas, Œuvres complètes, 6, Mes Mémoires, Paris, Michel Lévy, 1863, p. 170-172.
  13. Hippolyte Bonnelier, Mémorial de l’Hôtel-de-Ville de Paris, 1830, Paris, Houdaille, 1835, p. 24.
  14. Baptiste Capefigue, L’Europe depuis l’avènement du roi Louis-Philippe, première période, histoire des années 1830 à 1842, 2e édition, t. 2, Paris, Au comptoir des éditeurs réunis, 1847, p. 171-173.
  15. Le Moniteur universel, 10 août 1830, cité par Raymond Lécuyer, « Un héros des Trois Glorieuses. Le roman du général Dubourg », Le Figaro, 30 juillet 1930, p. 5.
  16. Annuaire de l’état militaire de France pour l’année 1846, Paris, veuve Levrault, P. Bertand, 1846, p. 31.
  17. Jean-Claude Caron, « Révolution, concurrence des pouvoirs et usurpation de fonctions. Le général Dubourg et les Trois Glorieuses », Actes de la journée d’étude du 16 janvier 2010, Usurpations de fonction et appropriations du pouvoir en situation de crise (XIXe – XXe siècle) sous la direction de Quentin Deluermoz et Jérémie Foa, Paris, Centre d’Histoire du XIXe siècle, 2012, p. 17-36
  18. Note du général Dubourg à Messieurs les membres composant la commission pour l’examen des indemnités de Juillet, Paris, Auguste Mie, 9 février 1833.
  19. Pierre Caspard, « Aspects de la lutte des classes en 1848 : le recrutement de la garde nationale mobile », Revue historique, tome 252, fasc. 1 (511), juillet-septembre 1974, p. 81.
  20. La Fin des révolutions. Appel au jugement de la France, Paris, Banget, 1849, p. 10.
  21. Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 274

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie des hommes vivants ou histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, tome second, Paris, octobre 1816 – février 1817, p. 435-436
  • Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer (dir.), Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours..., tome quatorzième, Dexbach-Duchesnois, Paris, Firmin-Didot, 1855, col. 894-896
  • Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique…, tome sixième, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, 1870, p. 1318

Liens externes[modifier | modifier le code]