Haemopis sanguisuga

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Haemopis sanguisuga in vitro.

Haemopis sanguisuga, nom scientifique de l’« Haemopis suce-sang », sangsue noire ou Aulastome vorace[1], est une sangsue d'eau douce de la famille des Haemopidae[2],[3],[4]. Dans les ouvrages de vulgarisation, elle est souvent confondue avec la sangsue du cheval, qui présente le même aspect ; mais Haemopis sanguisuga ne parasite pas les voies aériennes des mammifères supérieurs[5].

Description[modifier | modifier le code]

La taille d’Haemopis sanguisuga est celle de la sangsue médicinale (env. 10 cm), mais elle peut être supérieure lorsque le corps de l'animal atteint sa pleine extension. Son corps est segmenté ; la face postérieure est d'une teinte brun foncé, le plus souvent unie mais occasionnellement tachetée ou marbrée de raies plus claires ; la face antérieure est jaune-gris ou olivâtre. L'animal possède deux ventouses, la plus petite à l'extrémité antérieure, l'autre à l'extrémité postérieure. Les cinq paires d'yeux de l'animal dessinent une sorte de croissant qui désigne sa tête[5].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Haemopis sanguisuga est une sangsue d'eau douce présente à travers toute l'Eurasie[2],[5],[6]. Elle prospère sur les bermes de lacs, les mares, les fossés et les laisses de rivières ; mais comme ses proies, c'est un animal amphibie, qui s'abrite sous les pierres à travers les prairies jusqu'à une trentaine de mètres des points d'eau ; il s'accomode des eaux saumâtres[5].

Écologie[modifier | modifier le code]

Haemopis sanguisuga se déplace par sauts, et se fixe à sa proie par sa ventouse antérieure, puis se love pour ramener la ventouse postérieure, qui va sucer le sang, près de la première ; cela fait, elle détache la première ventouse et détend son corps vers l'avant. Elle se déplace aussi par natation. Elle possède deux rangées de crocs et c'est d'ailleurs davantage un prédateur[5] de larves d'insectes, d'invertébrés, d'œufs de poissons et de petits batraciens[7], qu'une sangsue. Ce parasite amphibie quitte parfois l'eau pour se nourrir de lombrics[5],[7].

En revanche, comme les autres sangsues, Haemopis sanguisuga est hermaphrodite, d'abord doté de testicules puis, à la fin de sa vie, d'ovaires. L'accouplement se fait le long des zones clitellaires en contact, et le sperme du sujet mâle est injecté dans les gonopores de la femelle. À la ponte, les œufs sont déposés dans un cocon saturé d'albumine, sécrété par le clitellum[8]. Ce cocon est enfoui près de la berge dans de la terre encore humide. À l'éclosion des œufs, les juvéniles ont une taille de 15 mm[5].

On retrouve parfois à la dissection un diplomonade parasite, Hexamita gigas, dans les intestins de cette sangsue. La plupart des espèces d’Hexamita infectent les vertébrés : parmi les proies de ce type de flagellés, les seuls invertébrés sont les punaises comme la Blatte orientale[1].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ou Aulastomum gulo : cf. Ann Bishop, « The morphology and division of Hexamita gigas n.sp. (Flagellata)1 », Parasitology, vol. 25, no 2,‎ , p. 163–170 (DOI 10.1017/S0031182000019351)
  2. a et b « Haemopis sanguisuga (Linnaeus, 1758) », sur Fauna Europaea, Museum für Naturkunde, Berlin (consulté le )
  3. WoRMS, « Haemopis sanguisuga (Linnaeus, 1758) », World Register of Marine Species,
  4. « Horse Leech - Haemopis sanguisuga », NatureSpot (consulté le )
  5. a b c d e f et g Jean-Pierre Corolla, Benoît Lecaplain, Pierre Noël, Sandra Sohier, et Michel Kupfer, « Haemopis sanguisuga (Linnaeus, 1758) », DORIS, (consulté le )
  6. Shabnam Farzali et Naïm Saglam, « The status of the leech fauna (Annelida, Hirudinea) at the Eastern Region of Azerbaijan », Journal of Wildlife and Biodiversity, vol. 4, no 4,‎ , p. 40–52 (DOI 10.22120/JWB.2020.127647.1141)
  7. a et b Evgenii V. Shikov, « Haemopis sanguisuga (Linnaeus, 1758)(Hirudinea) – the first observation of a leech predation on terrestrial gastropods », Folia Malacologica, vol. 192,‎ , p. 103–106 (DOI 10.2478/v10125-011-0016-5, lire en ligne)
  8. (en) Edward E. Ruppert, Richard S. Fox et Robert D. Barnes, Invertebrate Zoology, Cengage Learning, (réimpr. 7e Edition) (ISBN 978-81-315-0104-7), p. 477–478

Voir également[modifier | modifier le code]