Aller au contenu

Discussion:Vaudrey

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Autres discussions [liste]
  • Admissibilité
  • Neutralité
  • Droit d'auteur
  • Article de qualité
  • Bon article
  • Lumière sur
  • À faire
  • Archives
  • Commons

Histoire de Vaudrey et de Mont-sous-Vaudrey

C’est aux environs de l’an 900 ou 1000 que quelques dizaines de forestiers avec leurs familles à travers les forêts profondes du Jura recherchent des terres plus aisément cultivables. Sont-ils des Burgondes de la Transjurane (côté suisse) ou des Savoyards ? Nul ne le sait. Traversant la profonde forêt appelée aujourd’hui «de Choiseul» qui couvre l’emplacement actuel des villages de La Ferté, Aumont, Villers les Bois, Villers Robert, Bans, Souvans et Nevy, ils longent le cours de l’Hameçon et arrivent sur la rive gauche de la Cuisance, là où s’arrête la forêt, et où commence sur la rive droite la plaine alluvionnaire, formée des dépôts de la Loue et qui après quelques travaux s’annonce riche et fertile. Là, ils se partagent en deux, le groupe le plus important, avec le chef, sur la rive droite de l’Hameçon, où ils forment Vaudrey. Quelques autres s’établissent sur la rive gauche. Ces derniers bâtissent leurs huttes le long de l’Hameçon sur le flanc de la petite colline qui surplombe la rivière. Rapidement ils défrichent et arasent le sommet de la colline pour y construire une chapelle. Ce qui nous permet de dater cette double fondation, c’est que Vaudrey signifie « Val-droit » (Waldré, Wadrey, Vaudreium, Vuadrey) dans le patois local issu de la langue romane, (cette langue n’existe que depuis le IXème siècle). Le village est situé dans le val d’Amour sur la rive gauche de la Cuissance. Les plus anciens registres de l’Etat civil datent de 1596


Le territoire est limité, au nord, par Montbarrey ; au sud, par Aumont ; à l’est, par Ounans et la Ferté, à l’ouest, par Mont-sous-Vaudrey, dont il est séparé sur une grande longueur par le ruisseau de l’Hameçon. Les baraques du Bois de Vaudrey, Chez Mathieu, le château et la Vendée sont des hameaux ou maisons isolées qui font partie de la commune. Les maisons sont peu isolées, mal bâties en pierre et couvertures, les 2/3 sont en chaume, et les autres, en tuile.

Vaudrey (altitude : 246 m) se déploie sur le penchant d’un coteau qui s’incline sur la rive gauche de la Cuisance et domine le beau val d’Amour. La superbe forêt de Chaux, des plaines couvertes d’épis, des nappes de verdure, des rivières sinueuses, de nombreux villages, de vieilles tours en ruines, des montagnes se perdant dans un lointain nébuleux, tout offre à ce village de merveilleuses perspectives.

Déjà sous la domination romaine, le village de Vaudrey atteint un haut degré de prospérité. Au sud de l’église, sont des maisons sous lesquelles on a trouvé des vestiges d’un grand nombre d’édifices de la plus élégante construction, des mosaïques, des marbres rares, des fragments de porphyre et de granit, des tuileaux à crochet, des tombeaux semblables à ceux trouvés à Augerans et les restes d’un hypocauste. On a aussi découvert, proche du château, des décombres d’habitations et une accumulation de petits cubes destinés à faire des parquets-mosaïques. L’église, bâtie au sommet d’une éminence artificielle, passe pour avoir remplacée un temple païen. Entre Belmont et la motte de l’ancien château, on peut distinguer facilement les traces d’une voie romaine qui était des embranchements sur Salins, Arbois et Poligny. On appelle encore ces différentes routes « le vieux chemin d’Arbois » et « le vieux chemin de Poligny », de même que l’ancien lit de la rivière de Cuisance est nommé « la vieille rivière ». Dans la forêt que possèdent à Vaudrey, les religieux de Rosières, est un fortin bâti sur une éminence artificielle de 25 m de diamètre, entourée par un large fossé. Les dénominations de « grande » et de « petite Bataille, de Pourratières » (campi putridi), données à 2 contrés du territoire, se rattachent aux combats qui précèdent la destruction de ce village par les barbares. Aucun titre n’a pu nous révéler encore ce qu’était cette ville de Latran qui s’élevait près de Vaudrey. Le chemin qui y conduit se nomme « le chemin de la ville de latran ». Il semble donc que les villages de Vaudrey et de Mont existent vers l’an 900 ou 1000, époque à laquelle les Thoire d’Arbois deviennent propriétaires de la contrée où ils se trouvent ; il y a une église à Mont avant 1111, année où l’on voit Guillaume d’Arguet, archevêque de Besançon, donner cette modeste chapelle de Mont à la cathédrale Saint-Etienne de Besançon. Le lieu s’appelle alors « Capella de Mons ». Plus tard on dira simplement « Mons ». Enfin au XVI° siècle, Mont-sur-Vaudrey ou Mont-d’sus-Vaudrey (une déformation du patois local qui conduit à prononcer le U en OU, à la germanique, cela devint Mont-d’sous-Vaudrey, puis Mont-sous-Vaudrey pour la période moderne. Dès 1180, on cite l’existence d’un château fort à Vaudrey , alors que la forêt du sud n’a encore été que peu entamée par les défrichements qui procurent plus tard les terres compactes mais bonnes, dites « arbues ». Les colons ont sans doute jugé plus facile et plus profitable d’essarter le sol léger et très fertile de la fin (1) du nord formé par les dépôts de la Loue. L’église de Vaudrey, dédiée à Saint-Rémy, date en partie du XIIIème siècle. Sa chapelle de droite est le lieu habituel de sépulture des membres de la Maison de Vaudrey jusqu’au XIV° siècle…

 Eglise de Vaudrey

La Bresse comtoise de Bletterans, Chaumergy et Chaussin se prolonge jusque vers la Cuisance (2) et la fin du cours de la Loue par un plateau argileux et boisé semé de quelques étangs, plateau dont la hauteur au dessus du niveau des mers est d’environ 245 à 250 m au sud de Vaudrey et de Mont, reste à peu près la même entre Villers-Robert et Souvans, ainsi qu’au sud de Nevy, mais n’est plus que de 220 à 225 m à l’est de Rahon. Parlant des habitants de Vaudrey, les anciens écrivains francs-comtois les qualifient fréquemment de Bressans.

Longtemps après la conquête de la Gaule par les romains, toute la région comprise entre Lons-le-Saunier, Poligny, Arbois, Salins et le bord méridional actuel de notre forêt de Chaux n’était encore qu’une vaste forêt sillonnée principalement par la Seille, la Brenne, l’Orain, la Cuisance et la Loue. Il ne se forma guère qu’une quinzaine d’établissements romains ou gallo-romains dans cette région dont surtout la partie occidentale est basse et humide. Dans cet établissement, nous citerons les plus rapprochés de Vaudrey et de Mont-sous-Vaudrey, à savoir Germigney et Chissey, Mathenay et Montigny, Poligny et Buvilly, enfin Nevy, Parcey et Seligney.

Vers l’an 296 après J.C, des captifs francs de la nation des Hamaves ou Chamaves sont amenés comme colons par ordre de l’empereur Constance Chlore, dans la région de Dôle, mais cet établissement ne prospère guère, puisque dans la suite il ne subsiste rien d’eux que leur nom qui s’attache au pagus (pays), à un des faubourgs de Dôle et au val de la Loue inférieure (pagus amavorum ou commavorum ou amausiorum, pays d’Amaous, val d’amaous ou d’Amour, quartier des Commards).

Plus d’un siècle et demi après, vers l’an 472, les empereurs romains logent des troupes de Burgondes dans la Séquanaise afin d’empêcher les alamans de l’occuper ou repoussent ceux qui l’occupent déjà. Nombreux et de moeurs moins rudes que les autres germains, ils forment près de la Loue et de la Cuisance des villages que l’on connaît à la terminaison de leur nom en ange ou ans, primitivement ingen. Cette finale indique le lieu, l’habitation, tandis que le commencement du mot marque le nom du chef : Augerans, Santans, Cramans, Senans, Qunans, Byans, Bans, Souvans, Asnans, Vadas, etc. dans la suite, ces burgondes voient affluer chez eux des populations gallo-romaines fuyant les invasions ; ils se mêlent à elles et ils adoptent peu à peu le langage de ces fugitifs (3).

Le bief de l’Hameçon (ou, en été, son lit) sépare le territoire de Vaudrey de celui de Mont jusqu’à ce qu’il arrive aux maisons de ce dernier village, par conséquent jusqu’à un point peu éloigné de son embouchure dans la Cuisance, point où jadis la ligne de démarcation avait dû être portée vers l’est du fait de biens-fonds faisant partie de certains meix du lieu. Au sud, la limite du territoire de Mont et de celui de Villiers-le-Bois est formée à travers la forêt par un très vieux chemin appelé la levée de Jules César qui, large d’environ 4 m et encore ferme, est crée, croit-on, à l’époque gallo-romaine, principalement pour transporter le sel de Grozon (4). A Port-Aubert et à Tavaux. Il est à noter que, près de ce vieux chemin, la tuilerie, le moulin et une maison du Petit-Villey se trouvent sur le territoire de Mont et c’est apparemment du nom de ce hameau que la famille Bavilley (5) a tiré le sien. (1) Fin a ici, le sens de portion quelconque de non celui d’extrémité des territoires ? N’étant élevé que de 210 m au dessus du niveau des mers, la Fin est souvent inondée par la Loue. Quant au mot arbues, il est l’altération et l’abréviation de terres herbues ou couvertes des herbes et des broussailles, qui succèdent à la forêt abattue et qu’on détruira par l’écobuage. (2) Les mots Coise, Couze, Cusance ou Cuisance servent à désigner nombre de rivières et parfois des villages situés près de celles-ci, comme Cousance dans le Jura, Cuse et Cusance dans le Doubs. On en ignore la signification. Quant au mot « Loue », on doit se contenter qu’il est synonyme de Louve. (3) On a recueilli sur le territoire de Mont quelques plaques de ceinturons burgondes qu’on peut voir au musée de Lons-le-Saunier et découvert à Chaussin un cimetière burgonde qui semble être du début du VII° siècle. (4) La saline de Grozon fut abandonnée en 1379, date à laquelle il fut décidé que, désormais, le sel de Sallins serait seul distribué dans le comté de Bourgogne. (5) Les familles Bavilley et Fourneret qui habitaient Mont depuis longtemps, se seraient éteintes vers la fin du siècle dernier. Quelques autres anciennes familles (Caron, Maire, Girard, Ondot) cultivèrent encore les terres de ce village, dans les années 1940. La surface du territoire de Vaudrey est de 1790 hectares et celle du territoire de Mont de 1483 hectares, elle s’étend sur 710 hectares dont seulement 221 appartiennent à la commune.

Il semble que, jusqu’à la conquête définitive de la Franche-Comté, par la France, donc jusqu’en 1678, avec le traité de Nimègue, Vaudrey est un village deux fois plus gros que Mont. En effet, en 1614, on compte 100 feux (environ 600 âmes) à Vaudrey alors qu’on ne compte que 53 feux (environ 300 âmes) à Mont… Pop. : 1790 : 678 hab ; 1846 : 703 hab ; 1851 : 691 hab

A cette époque, comme antérieurement, il y a bac à Montbarrey, bac et parfois pont de bois à Belmont, mais ce dernier passage est toujours beaucoup plus fréquenté que le premier, car pour aller du baillage d’Aval à celui de Dôle, on fait halte à Poligny, véritable capitale de celui-là, et, depuis cette ville, on atteint directement Dôle par Tourmont, Aumont, Mont, Belmont et le Loye.

Avant l’annexion de la Franche-Comté à la France (1678), les chemins de cette province sont, en général, étroits, tortueux et mauvais. Pour aller de Vaudrey à Arbois, on se dirige vers la Ferté en longeant la rive droite de la Cuisance (chemin de Rosières) et, pour se rendre de Vaudrey à Poligny, on marche vers Aumont par le bois des Replats. Le chemin de Mont à Aumont et à Poligny se courbe à droite ou à gauche selon la nature et l’état du sol. Si de Mont ou de Vaudrey, on entreprend le voyage de Sallins, on commence par gagner Ounans en cheminant le long de la vieille rivière et la difficulté de passer la Loue à Parcey fait que la voie reliant Vaudrey et Mont à Souvans et à Nevy ne sert guère qu’aux cultivateurs. Mais au XVIII° siècle sont créées les routes que l’on fréquente encore à présent : La route de Dôle à Parcey et à Mont, ainsi que celle de ce dernier lieu à Arbois, date de 1737-1738 ; celle de Mont à Salins, entreprise en 1737 est achevée en 1750 ; enfin, celle de Mont à Poligny, commencée en 1763, est terminée en 1766. De beaux ponts sont aussi construits, notamment le pont de Parcey, et 1748 et celui de Vaudrey en 1750. Puis, un relais de poste est établi à Mont en 1761 et des voitures publiques circulent. Se trouvant entre les routes de Salins et d’Arbois sur lesquelles il ne passe que de temps en temps, quelques charrettes de sel qui, d’ordinaire ne s’arrêtent pas… Vaudrey reste simplement un gros village de cultivateurs ; mais situé tout près du carrefour de routes fréquentées par de nombreuses voitures emportant les bois, la quincaille, les fromages et les salaisons des monts Jura vers Dijon et Paris, et amenant, à leur retour dans la montagne, les divers produits des usines et fabriques de plusieurs provinces françaises, Mont-sous-Vaudrey s’accroît promptement d’auberges et de boutiques. Il s’en accroît d’autant plus que, se trouvant à égale distance de Dôle et de Poligny, il invite en quelque sort à y reprendre souffle. Le nombre des gens voyageant à cheval ou à pied pour leurs affaires ou leur plaisir augmente aussi. Les marchés et les foires deviennent alors plus considérables et bientôt une sorte de quartier nouveau germe au nord de l’église (6) vers le carrefour, du côté de Dôle, quartier offrant un aspect de bourgade tandis que les maisons de bois et de chaume conservent au cœur du village sa mine paysanne …


(6) Avant la division de la France en départements (1790), Vaudrey et Mont faisaient partie du baillage d’Aval et du ressort de Dôle, dans la Franche-Comté de Bourgogne. Ces villages appartinrent à l’archevêché de Besançon et au décanat de Dôle jusqu’en 1822 date de la création du diocèse de Saint-Claude ayant la même étendue que le département du Jura et la cure de Mont devint alors la principale du canton où elle se trouvait. Jadis, les curés de Vaudrey et de Mont étaient à la nomination du prieuré de Joube. Le seigneur de Vaudrey et celui de Mont nommaient chacun à une des chapelles existant dans l’église de ces lieux. Jusqu’en 1822, Bans appartint à la paroisse de Souvans. On voyait encore en 1750 une chapelle dans le premier de ces villages ; elle fut, sans doute, détruite par un incendie.

En 1790, la population de Mont a doublé, puisqu’elle était alors de 712 âmes. Cette année-là, Mont est le chef-lieu d’un canton composé de Vaudrey, Bans, Souvans et Seligney, mais il est remplacé en 1801 par le présent canton de Montbarrey. Jusqu’en 1841, le nombre des habitants de Mont ne cesse pas de s’accroître et il est, à cette date, de 1291. Il se maintient, à peu près tel que, les 10 années suivantes, mais ensuite il baisse constamment et, après être descendu à 1000 en 1876, il n’est plus que de 722 en 1942. Quant à Vaudrey, sa population qui, en 1790 est de 678 habitants, s’accroît également jusqu’en 1842 où l’on compte 780 âmes ; puis elle diminue sans cesse, à tel point que ce village n’en contient plus que 392, en 1942.

Les démographes et les économistes ont assez indiqué les causes de la dépopulation de la France en général et spécialement de ses villages… A ces causes, il faut ajouter pour Mont-sous-Vaudrey, la disparition produite par le transport des chemins de fer...

A suivre...

Roland Vaudrey