Discussion:Siège d'Anvers (1914)

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A propos du siège d'Anvers, il y a lieu de corriger l'article dont la description est incorrecte, qu'il s'agisse des dates et de la description qui parle d'un "fort", terme tout à fait inadéquat puisqu'il s'agit de la plus grande place forte d'Europe avec trois ceintures de défense composées de forts destinés à s'appuyer mutuellement par leur artillerie tout en concourant par leurs feux aux combats de l'armée de campagne occupant les intervalles entre ces forts. Quant aux dates, il est prouvé, malgré les compte rendus approximatifs, que le siège commence bel et bien le 18 août, date à partir de laquelle l'armée de campagne s'est retirée dans ce que l'on appelle le réduit national. Et cela va durer jusqu'au 26 septembre, car, selon les pratiques militaires de l'époque, dans ce cas l'armée de campagne passe sous le commandement du commandant de place. Techniquement parlant, c'est le début du siège, ce que l'on va constater avec les sorties de l'armée destinées à empêcher l'armée allemande de siège d'approcher de la ville. On ne peut donc refuser d'inclure dans le siège les opérations de l'armée sortant à trois reprises de la forteresse, selon la tactique de l'époque qui consiste à soulager une place forte par des attaques qu'on appelle des sorties. On peut consulter à ce sujet le livre anglais très bien documenté de John Horne et Allan Kramer "Les atrocités allemandes" paru en français aux éditions Tallandier (Paris 2001).

Le siège eut une influence décisive sur la bataille de la Marne en retenant en Belgique près de 250.000 soldats allemands qui manquèrent sur la Marne. Le gouverneur général allemand pour la Belgique, von der Golz, nommé par le Keizer dès l'invasion, tenta même une manœuvre qu'il croyait diplomatique en envoyant à Anvers un vieux ministre belge resté en territoire occupé, Charles Woeste, auprès du Roi Albert afin de demander un armistice ! Cela aurait évidemment soulagé l'armée allemande, lui permettant ainsi d'envoyer des troupes contre les Français. Mais la démarche fut repoussée par le roi Albert 1er en accord parfait avec l'état-major. En effet, si c'était pour ce qui aurait été considéré dans le monde comme une reddition, à quoi aurait-il servi d'affronter les combats et de supporter les souffrances de l'invasion, comme le commandait le statut d'état indépendant de la Belgique, et son statut de neutralité lui faisant obligation de se défendre, de par les traités internationaux protégeant le pays.

Comme le démontre d'ailleurs la suite du texte de l'article qui parle de "réseau", la place forte d'Anvers se composait donc d'un ensemble composé de trois lignes de diverses fortifications occupées par une armée de forteresse. Dans la conception moderne, en vigueur dès cette époque, un siège ce n'est pas, littéralement parlant, l'encerclement le long d'une ligne de remparts, comme au temps jadis. Cela s'explique par l'augmentation de la puissance de feu qui s'est poursuivie tout au long du 19e siècle, obligeant tout adversaire à se tenir à distance pour faire face à des troupes d'intervalles placées entre des forts avancés et appuyée par leur artillerie (comme ce fut déjà le cas lors du siège de Paris en 1870). Le principe classique, appliqué par les Belges, était donc de lancer des contre attaques pour tenir l'ennemi à distance de la place à défendre, en l'occurence, la ville et le port d'Anvers où l'on espérait voir débarquer les anglais (mais on ne vit venir que Churchill et quelques canons de marine, rien de plus). La première sortie eut lieu le 26 août, refluant les troupes allemandes vers le sud jusqu'à proximité de Louvain. Les deux autres sorties auront lieu en septembre.

Et ce n'est que le 26 septembre que les allemands attaquèrent la dernière ligne de forts, la plus ancienne, et ce n'est que le 6 octobre que l'armée allemande entra dans la ville, ne rencontrant aucun militaire pour signer une reddition. C'est le bourgmestre, autorité civile, qui déclara que la ville était désormais ville ouverte. Pendant ce temps-là, les forts de la rive gauche de l'Escaut continuent à combattre sous le commandement du général De Guise, permettant à l'armée belge d'opérer un mouvement de rocade vers la côte et vers l'Yser où l'armée allait faire front pour la bataille décisive avec, à sa droite, les français et les anglais.

La plupart des compte rendus historiques de ce début du 21e siècle ne mentionnant guère l'armée belge ou en sous estimant l'action par des descriptions elliptiques, cette mise au point est bien nécessaire.

Après la résistance des forts de Liège situés à des kilomètres en avant de la ville (et non de la ville de Liège elle-même qui ne résista pas car elle n'avait aucune fortification) et venant après la victoire belge de la Gette (dont parle d'ailleurs le général Weygand dans ses mémoires), la résistance d'Anvers a soulagé l'armée française de près de 250.000 ennemis qui manquèrent aux allemands sur la Marne, ce qui priva le Kronprinz (fils du Keyzer) d'une armée en flanc garde sur sa gauche, l'obligeant à serrer à gauche en offrant ainsi le flanc étiré de son armée à la contre attaque française du général Joffre qui, saisissant l'occasion, emporta la victoire.