Cet article concerne la dimension d'un graphe. Pour sa dimension métrique ou sa dimension bipartie, voir Vocabulaire de la théorie des graphes. Pour la notion générale de dimension, voir Dimension.
Dans cette définition, les sommets doivent être distincts, mais il n'y a pas de contraintes sur le croisement des arêtes. On note la dimension d'un graphe ainsi : .
Par exemple, le graphe de Petersen peut être tracé avec des segments de longueur 1 sur le plan euclidien , mais pas sur la droite : sa dimension est 2 (figure).
Dans le pire des cas pour un graphe, tous les sommets sont reliés, c'est le graphe complet.
Il faut un espace euclidien de dimension pour y plonger le graphe complet à sommets pour que toutes les arêtes soient de longueur 1. Par exemple, il faut 2 dimensions pour le graphe complet à 3 sommets représenté par un triangle équilatéral, 3 dimensions pour le graphe complet à 4 sommets représenté par un quadrilatère régulier (figure), etc.
Dit autrement, la dimension du graphe complet coïncide avec la dimension du simplexe associé.
Tous les graphes étoile, pour sommets périphériques, sont de dimension 2 (figure) : ils ont besoin d'un plan pour être tracés avec des arêtes de longueur 1. Les graphes étoile à 1 et 2 sommets périphériques n'ont besoin que d'une droite (dimension 1).
La dimension d'un graphe biparti complet, pour , vaut 3 : sur la figure, on voit comment placer sommets sur un même cercle et les 2 sommets restants sur l'axe de ce cercle. peut quant à lui se tracer avec un losange dans un plan.
La dimension d'un graphe biparti complet général , pour et , vaut 4.
Démonstration
Pour démontrer qu'un espace à 4 dimensions suffit, comme dans le cas précédent, on utilise des cercles[3].
Le premier cercle est dans le plan X,Y. Ses points ont pour coordonnées :
où les sont des mesures d'angles distinctes. On peut par exemple prendre :
encore que rien n'oblige à les répartir aussi régulièrement sur le cercle.
Le second cercle est dans le plan Z,T. Ses points ont pour coordonnées :
où les sont aussi des mesures d'angles distinctes.
La distance entre n'importe quel point du premier cercle et n'importe quel point du second cercle vérifie :
On a exhibé une représentation dans l'espace à 4 dimensions du graphe biparti avec des arêtes de longueur 1. La dimension de ce graphe est donc au maximum 4.
Démontrons par ailleurs que le sous-graphe n'admet pas de telle représentation en dimension 3.
Si une telle représentation existait, on y verrait trois points , et reliés par des arêtes de longueur 1 à trois points , et . Si , et ne sont pas alignés, ils définissent un plan . étant équidistant de et de , il est sur le plan médiateur du segment . Il est aussi sur les deux autres plans médiateurs du triangle . L'intersection de ces trois plans est la droite passant par le centre du cercle circonscrit à et perpendiculaire à . Il en va de même pour et . Or, on ne peut pas avoir trois points distincts à même distance de et de sur une même droite . On a donc une absurdité dans ce cas. D'autre part, si , et sont alignés, ils sont à même distance de , ce qui est tout aussi absurde puisqu'ils sont distincts.
La dimension de est supérieure ou égale à celle de et il n'existe pas de plongement de dans avec des arêtes de longueur 1 : la dimension de est donc au minimum 4.
La dimension de , pour et , est à la fois supérieure ou égale à 4 et inférieure ou égale à 4 : elle est donc exactement 4.
Théorème — La dimension de n'importe quel graphe est toujours inférieure ou égale au double de son nombre chromatique :
Démonstration
La démonstration reprend encore une fois le principe des cercles d'intersection vide deux à deux.
Notons le nombre chromatique de et considérons un repère orthonormal de l'espace affine euclidien de dimension . Considérons ensuite les cercles des plans , , de centre et de rayon . On représente les sommets de de même couleur par des points différents sur un même cercle.
Toutes les arêtes de relient des sommets de couleurs différentes, c'est le principe même de la coloration d'un graphe. Les arêtes de sont donc toutes représentées par des segments reliant des points de cercles différents. De plus, ces segments sont tous, comme dans la démonstration précédente, de longueur 1.
On a donc bien construit un plongement de dans un espace affine euclidien de dimension tel que toutes les arêtes soient de longueur 1. Rien ne garantit que ce soit la plus petite dimension possible, donc on sait seulement que .
La notion de dimension d'un graphe présentée plus haut ne satisfait pas complètement certains auteurs. En effet :
si deux sommets de sont reliés par une arête, alors leur représentation les place à 1 unité de distance ;
en revanche, si dans la représentation, deux sommets sont à une unité de distance, ils ne sont pas forcément reliés dans le graphe.
La figure ci-contre montre le problème dans le cas d'un graphe roue à un sommet central et 6 sommets périphériques auquel on a retiré un des rayons. Sa représentation dans le plan admet deux sommets à distance 1, mais qui ne sont pas reliés.
Alexander Soifer définit en 1991 la dimension euclidienne d'un graphe[4]. Avant lui, en 1980, Paul Erdős et Miklós Simonovits l'avaient déjà définie sous le nom de dimension fidèle (faithful dimension)[5]. La dimension euclidienne d'un graphe est le nombre entier tel que dans une représentation classique de dans l'espace à dimensions , deux sommets du graphe sont reliés si et seulement si leurs représentations sont à une distance de 1.
On note cette dimension . Elle est toujours plus élevée que la dimension définie plus haut :
Ainsi, dans l'exemple du graphe roue auquel on a enlevé une arête radiale, si l'on exclut que des sommets non reliés puissent être à une distance de 1, il faut sortir un sommet du plan (illustration).