Coupe de Noël (Paris)

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La Coupe de Noël de Paris était une course de natation en eau libre qui fut organisée annuellement chaque 25 décembre de 1906 à 1940.

Cette épreuve utilitaire, qui consistait à traverser la Seine d’une rive à l’autre, est devenue une « classique » réputée qui attirait une forte affluence populaire.

Historique[modifier | modifier le code]

Coupe de Noël à Paris le 25 décembre 1909: les nageurs traversant la Seine (photographie prise depuis la rive gauche face au Petit Palais).

La Coupe de Noël était réservée aux nageurs de vitesse amateurs. Organisée par la S.N.E.N. (Société Nationale d'Encouragement à la Natation) avec le concours du journal L’Auto à partir de 1920, l’épreuve est créée en 1906 par le président fondateur de la S.N.E.N., Georges Moëbs, qui en resta l'inamovible commissaire général jusqu’en 1938.

Soucieux de promouvoir la pratique de la natation et de populariser le sauvetage en eau froide, Moëbs s'inspire de l'exemple anglais de la « Coupe Peter Pan » du Serpentine Swimming Club de Londres, disputée sur le Lac Serpentine à Londres depuis 1864, ainsi que des épreuves italiennes des « Rari-Nantes »[1].

Le nom de la course provient de sa date ainsi que du trophée attribué au vainqueur de l’épreuve. Il s'agit initialement de la coupe du Challenge Dubonnet, dont le mécène est l'industriel Émile Dubonnet puis, à partir de 1913, d'un luxueux vase de Sèvres offert au nom du président de la République[2]. D'autres prix de moindre valeur sont également distribués, dotés notamment par le conseil municipal de Paris. À partir de 1927, la Coupe Georges Moëbs récompense par ailleurs le club de natation ayant les deux membres les mieux classés à l'issue de l'épreuve[3].

32 éditions de la Coupe de Noël de Paris ont eu lieu au total. Sa périodicité annuelle est interrompue de 1914 à 1916 en raison de la Première Guerre mondiale, avant de reprendre en 1917. La Deuxième Guerre mondiale met un terme définitif à ce rendez-vous parisien de la natation, dont la dernière course s'effectue en 1940.

Une tentative de relancer une nouvelle version de la Coupe de Noël dans le bassin de la Villette a tourné court en 2016[4].

Modalités[modifier | modifier le code]

Coupe de Noël à Paris le 25 décembre 1909: le vainqueur Gérard Meister arrive premier au pont Alexandre-III.

La traversée de la Seine s'effectuait en amont du Pont Alexandre-III. Les participants plongeaient depuis la berge de la rive droite ou depuis un ponton qui y était accolé. L'arrivée s'effectuait en grimpant une échelle placée sur la rive gauche juste avant le pont. Les concurrents devaient affronter deux difficultés : la température de l'eau du fleuve et la force du courant. Le parcours étant bref, les écarts des temps de traversée sont principalement dus aux variations d’intensité de ces deux éléments. Il était fréquent qu'une partie des compétiteurs soit éliminée, certains étant repêchés après avoir abandonné en cours de traversée à cause du froid, d'autres étant déportés par le courant en aval du point d'arrivée.

L'événement a lieu chaque 25 décembre dans l’après-midi. Il devient rapidement une tradition très appréciée, qui attire une foule nombreuse venue sur les berges de la Seine pour assister au spectacle. L'atmosphère en est festive, accompagnée de musique et de diverses exhibitions aquatiques. Des personnalités sont présentes pour admirer et féliciter les nageurs : cadres dirigeants du monde sportif, élus municipaux et nationaux de la capitale, représentants préfectoraux, hiérarques ministériels et même, à plusieurs reprises, des membres du gouvernement. La notoriété de l’épreuve est telle qu'elle fait l’objet d’un reportage radiodiffusé durant les années 1930[5].

Influence[modifier | modifier le code]

Le succès de la Coupe de Noël parisienne inspira d'autres villes qui adoptèrent et imitèrent son exemple.

Gérard Meister gagne sa huitième Coupe de Noël le 25 décembre 1918.

C'est ainsi que d’autres Coupes de Noël ont également été organisées de manière plus ou moins durable en différents endroits : dans le Vieux-Port de Marseille, à Toulon, Toulouse, Le Mans, Nantes, Bordeaux, Saint-Quentin, Aubervilliers, Barcelone, Casablanca, etc[6], [7],[8], [9],.

Celle dont la longévité est la plus notable est la Coupe de Noël de Genève, fondée en 1934 et toujours existante.

Palmarès[modifier | modifier le code]

Gembi vainqueur en 1930 et Nikodem vétéran de la course
Année Nombre
de partants
Température
de l’eau
Vainqueur Deuxième Troisième Quatrième
1906[10] 6 nageurs Gérard Meister (2 min 12 s) Altieri Cassel Raymond Laussel
1907[11] 12 nageurs Amilcare Beretta (it) (1 min 49 s)[12] Auguste Maas E.C. Bignell René Richard
1908[13] 6 nageurs Gérard Meister (2 min 09 s) Marcel Garagnani docteur André Lucien Bernadie
1909[14] 12 nageurs Gérard Meister (1 min 38 s) E.C. Bignell François Raynal[15] Charles Roth
1910[16],[17] 9 nageurs ? Gérard Meister (1 min 43 s) Georges Pouilley François Raynal et
E. Everaerts (ex aequo)
1911[18] 15 nageurs Félicien Courbet[19] (1 min 45 s) Louis Foulet Charles Roth Alexandre Sauter
1912[20] 12 nageurs Gérard Meister (1 min 54 s) Henri Decoin et
Bruno Beil (ex aequo)
Daniel Dumont[21]
1913[22],[23] 12 nageurs Gérard Meister (2 min 12 s) Félicien Courbet Daniel Dumont Paul Harfort
1917[24],[25] 9 nageurs Gérard Meister (2 min 35 s) Greiff Louis Hameau Henri Duvanel
1918[26] 17 nageurs
(dont 2 participantes)
Gérard Meister (2 min 19 s) Georges Rigal Georges Pouilley - Martial van Schelle
1919[27] 18 nageurs
(dont 1 participante)
Georges Pouilley (1 min 53 s) Gaston Nivet Armand Bonnet Étienne Demange
1920[28] 15 nageurs Georges Pouilley (2 min 47 s) Saas Georges Michel Constant Daussy[29]
1921[30] 19 nageurs Georges Pouilley (3 min 57 s) Félicien Courbet Georges Michel Constant Daussy
1922[31] 14 nageurs
(dont 1 participante)
Marcel Pernot (2 min 09 s) Robichon Maurice Chalicarne Georges Vallerey
1923[32] 12 nageurs
(dont 1 participante)[33]
Laszlo Dukasz (1 min 47 s) Georges Vallerey lieutenant Thibaud
1924[34] 19 nageurs
(dont 1 participante)
Laszlo Dukasz (2 min 50 s) Edmond Zwahlen Georges Vallerey Larnicol
1925[35] 17 nageurs Henri Bleuze (2 min 14 s) Edmond Zwahlen Armand Bonnet Jean Vos
1926[36] 17 nageurs Edmond Zwahlen (2 min 44 s) Vajda André Maloubier Émile Charles
1927[37] 14 nageurs Jean Vos (2’15’) Beauvais André Maloubier Constant Daussy
1928[38] 21 nageurs Edmond Zwahlen (2 min 18 s) Victor Malfait William Menu Staquet
1929[39] 24 nageurs William Menu (2 min 16 s) Georges Vallerey Cerny de Gialokay
1930[40] 20 nageurs Gianni Gambi (2 min 05 s) Jacques Cartonnet Victor Malfait Renaud
1931[41] 12 nageurs Victor Malfait (2 min 27 s) Charles Moulin Dreyfus André Maloubier
1932[42] 22 nageurs Jacques Cartonnet (2 min 27 s) Marcel Rousset André Maloubier Renaud
1933[43] 19 nageurs -1° Jacques Cartonnet (3 min 09 s) Marcel Rousset Altmeyer Renaud
1934[44] 23 nageurs Théveniaud (2 min 48 s) Guilhaumaud A. Charpentier André Maloubier
1935[45] 19 nageurs Jacques Cartonnet (2 min 23 s) André Maloubier A. Charpentier Renaud
1936[46] 21 nageurs Jacques Cartonnet (2 min 05 s) André Maloubier Marcel Rousset André Foucher-Créteau
1937[47] 20 nageurs Giuseppe Perentin (it) (2 min 40 s) André Foucher-Créteau Krakowski Marcel Rousset
1938[48] 22 nageurs
(et deux nageuses[49])
Krakowski (2 min 19 s) Gruel May Gropaiz
1939[50] 20 nageurs -4° Tony Hatot (1 min 45 s) Huber André Maloubier Kedroff
1940[51] 20 nageurs Huber (1 min 54 s) Gropaiz André Maloubier Arselain

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L’Auto du 26 décembre 1917 sur Gallica.
  2. En 1940, le vase fut remis au nom du Maréchal Pétain, chef de l'État français.
  3. L'Auto du 26 décembre 1929 sur Gallica.
  4. Le Figaro du 22 décembre 2016.
  5. L’Auto du 25 décembre 1934 sur Gallica.
  6. L'Auto du 26 décembre 1924 sur Gallica.
  7. L'Auto du 26 décembre 1926 sur Gallica.
  8. L'Auto du 26 décembre 1934 sur Gallica.
  9. L'Auto du 26 décembre 1932 sur Gallica.
  10. Le Journal du 26 décembre 1906 sur Gallica.
  11. Le Petit Parisien du 26 décembre 1907 sur Gallica.
  12. Gérard Meister arrivé premier est disqualifié pour s’être trompé d’échelle d’arrivée.
  13. Le Petit Parisien du 26 décembre 1908 sur Gallica.
  14. L’Auto du 26 décembre 1909 sur Gallica.
  15. Champion de France du 500 mètres amateurs en 1911 et vainqueur des éliminatoires de la Traversée de Paris 1912, cf. L’Aéro du 8 novembre 1912..
  16. Le Petit Parisien du 26 décembre 1910 sur Gallica.
  17. Le Journal du 26 décembre 1910 sur Gallica.
  18. Le Petit Parisien du 26 décembre 1911 sur Gallica.
  19. Athlète olympique, champion de Belgique, détenteur de trois records du monde de brasse.
  20. Le Petit Parisien du 26 décembre 1912 sur Gallica.
  21. 2e du Championnat de natation de Paris.
  22. Le Petit Parisien du 26 décembre 1913 sur Gallica.
  23. Innovation introduite dans l’épreuve, pratiquée uniquement cette année-là : les compétiteurs ont dû opérer le sauvetage d’un mannequin placé au milieu du fleuve et le ramener à la rive.
  24. Le Petit Parisien du 26 décembre 1917 sur Gallica.
  25. Épreuve réservée aux « Poilus » des armées alliées.
  26. L’Auto du 26 décembre 1918 sur Gallica.
  27. L’Auto du 26 décembre 1919 sur Gallica.
  28. L'Auto du 26 décembre 1920 sur Gallica.
  29. Nageur unijambiste.
  30. L'Auto du 26 décembre 1921 sur Gallica.
  31. L'Auto du 26 décembre 1922 sur Gallica.
  32. L'Auto du 26 décembre 1923 sur Gallica.
  33. 3 concurrents seulement ont pu être classés après avoir réussi l’épreuve.
  34. L'Auto du 26 décembre 1924 sur Gallica.
  35. L'Auto du 26 décembre 1925 sur Gallica.
  36. L'Auto du 26 décembre 1926 sur Gallica.
  37. L'Auto du 26 décembre 1927 sur Gallica.
  38. L'Auto du 26 décembre 1928 sur Gallica.
  39. L'Auto du 26 décembre 1929 sur Gallica.
  40. L'Auto du 26 décembre 1930 sur Gallica.
  41. L'Auto du 26 décembre 1931 sur Gallica.
  42. L'Auto du 26 décembre 1932 sur Gallica.
  43. L'Auto du 26 décembre 1933 sur Gallica.
  44. L'Auto du 26 décembre 1934 sur Gallica.
  45. L'Auto du 26 décembre 1935 sur Gallica.
  46. L'Auto du 26 décembre 1936 sur Gallica.
  47. L'Auto du 26 décembre 1937 sur Gallica.
  48. L'Auto du 26 décembre 1938 sur Gallica.
  49. Course et classement séparés.
  50. L'Auto du 26 décembre 1939 sur Gallica.
  51. Le Petit Parisien du 27 décembre 1940 sur Gallica.

Articles connexes[modifier | modifier le code]