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Conrad Goclenius

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Conrad Goclenius, en allemand Conrad Wackers ou Conrad Gockelen, est un humaniste de la Renaissance, grand ami d'Érasme, né à Mengeringhausen, dans le Landgraviat de Hesse, vers 1490, mort à Louvain le 25 janvier 1539.

Biographie

On en sait peu de sa jeunesse, sinon qu'il fréquenta enfant l'école d'Alexander Hegius von Heek à Deventer (ce qu'avait fait aussi Érasme quelques années auparavant). En novembre 1510, il s'inscrivit à l'Université de Cologne. Ensuite, il migra dans celle de Louvain : il s'y inscrivit le 28 février 1512 à la pédagogie du Château, dans la catégorie des pauperes. Il y devint maître ès arts le 10 novembre 1515, et subvint ensuite à ses besoins par un enseignement privé. En 1518, il reçut l'ordination pour accéder à un bénéfice ecclésiastique. En octobre 1519, il succéda à Hadrianus Barlandus comme maître de latin au Collegium Trilingue ; il devait conserver cette chaire jusqu'à sa mort.

Bien qu'à l'origine il n'ait pas soutenu sa candidature au poste, Érasme devint vite un inconditionnel de Goclenius, dont il loue chaleureusement la maîtrise des langues classiques et la pédagogie dans plusieurs de ses lettres (entre autres à Thomas More). Quand Érasme s'installa à Bâle à l'automne 1521, Goclenius devint son représentant et homme de confiance à Louvain et aux Pays-Bas, pourvu financièrement pour remplir cette fonction. Érasme comptait d'ailleurs à l'origine revenir rapidement à Louvain, ce qui ne se fit jamais.

C'est à Goclenius qu'Érasme confia son autobiographie (Compendium vitæ) en 1524 ; dans le même courrier, il le chargeait, en lui allouant pour ce faire une somme d'argent, de réaliser une édition générale de ses œuvres. Dès mai 1519, Goclenius avait composé une version métrique du catalogue des œuvres du grand écrivain, Lucubrationum Erasmicarum elenchus.

En avril 1525, il fut nommé chanoine de la cathédrale Notre-Dame d'Anvers (grâce au jus nominationis accordé par le pape Léon X à la Faculté des Arts de Louvain), mais cette nomination fut contestée, et un très long procès s'ensuivit. En 1534, grâce à son ami le diplomate humaniste polonais Jan Dantyszek, il fut nommé prévôt du chapitre de Hoegaarden. En juillet 1536, il assuma la direction provisoire du Collegium Trilingue après la mort de son président Joost van der Hoeven.

Goclenius jouit d'une réputation considérable à son époque : il se vit entre autres proposer de succéder à Jean-Louis Vivès au Corpus Christi College d'Oxford, mais resta finalement à Louvain jusqu'à sa mort. Du haut de sa chaire de langue et littérature latines du Collegium Trilingue, il exerça une grande influence sur la culture humaniste du XVIe siècle. Le Portugais André de Resende lui dédia son Encomium urbis et academiæ Lovaniensis (1530).

Il mourut d'une bronchite, et son successeur Petrus Nannius prononça son éloge funèbre (Funebris oratio habita pro mortuo Conrado Goclenio). Sur l'inscription de son tombeau, dans l'église Saint-Pierre de Louvain, il fut qualifié d'alter Erasmus.

Travaux

Il a donné une version latine du dialogue Hermotimus, sive De sectis philosophorum de Lucien de Samosate, dédiée à Thomas More (Louvain, D. Martens, 1522). Il fut ensuite coresponsable, avec Érasme, d'une édition des dialogues philosophiques de Cicéron : M. Tullii Ciceronis Officiorum libri III. De amicitia. De senectute. Paradoxa. Somnium Scipionis. De senectute & Somnium Scipionis etiam Theodori Gazæ versione. Omnia denuo vigilantiori cura recognita per Des. Erasmum Rot. & Conradum Goclenium, deprehensis ac restitutis aliquot locis non cuilibet obviis (Bâle, J. Froben, 1528). Il publia aussi une édition de la Pharsale de Lucain (Anvers, M. Hillen, 1531).

Bibliographie

  • Roland Crahay, « Recherches sur le Compendium vitæ attribué à Érasme », Humanisme et Renaissance 6, 1939, p. 7-19 et 135-153.
  • Friedrich Meuser, « Conrad Goclenius aus Mengeringhausen (1489-1539) », Geschichtsblätter für Waldeck 60, 1968, p. 10-23.
  • Godelieve Tournoy-Thoen, article « Conradus Goclenius », in Peter Gerard Bietenholz et Thomas Brian Deutscher (dir.), Contemporaries of Erasmus : A Biographical Register of the Renaissance and Reformation, University of Toronto Press, 1986.