Clitocybe à bonne odeur

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Paralepistopsis amoenolens, Clitocybe amoenolens

Clitocybe amoenolens
Description de cette image, également commentée ci-après
Clitocybe amoenolens, illustration botanique originale de Malençon d'après une récolte issue d'une forêt de Cèdres de l'Atlas et de quelques Houx dans le Moyen Atlas au Maroc (novembre 1942)
Classification MycoBank
Règne Fungi
Sous-règne Dikarya
Division Basidiomycota
Sous-division Agaricomycotina
Classe Agaricomycetes
Sous-classe Agaricomycetidae
Ordre Agaricales
Famille Tricholomataceae
Genre Paralepistopsis

Espèce

Paralepistopsis amoenolens
(Malençon) Vizzini, 2012[1]

Synonymes

  • Clitocybe amoenolens Malençon, 1975[2] (basionyme)[3]
  • Clitocybe fallaciosa Malençon, 1959[4] (nom illégitime)[5]

Le Clitocybe à bonne odeur, Clitocybe (Paralepistopsis) amoenolens est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Tricholomataceae. Il s'agit d'une espèce très toxique provoquant le syndrome acromélalgien caractérisé par des sensations de brûlures très douloureuses des extrémités des quatre membres (acrosyndrome) notamment les doigts et les orteils pendant 2 à 3 mois, voire des séquelles jusqu'à 6 mois.

Décrite en 1975 comme espèce nouvelle par Georges Malençon, mycologue français établi au Maroc, à partir de récoltes de la station d'Azrou, dans le Moyen Atlas marocain, placée dans le vaste genre Clitocybe sous le nom de Clitocybe amoenolens[6]. Elle tombe ensuite dans l'oubli jusqu'à sa récolte en France par Marcel Bon en 1987[7], sa toxicité étant alors encore inconnue. Elle est recombinée par Alfredo Vizzini en 2012 dans le nouveau genre Paralepistopsis aux côtés du célèbre « Clitocybe tortionnaire japonais[8] », avec lequel il partage certains caractères morphologiques, mycotoxicologiques et phylogénétiques : Paralepistopsis acromelalga[9],[10].

C. amoenolens est un champignon peu répandu, mais localement abondant, qui a intrigué Malençon pendant vingt ans et dont les notes inédites[11] sont nombreuses et remarquablement détaillées. D'abord cité comme Clitocybe fallaciosa[12], il est publié et décrit en détail dans la Flore du Maroc[6] sous le nom de C. amoenolens[13].

Il présente des basidiomes à port de Chanterelle (jeune), puis de Lepista inversa pour les grands spécimens plus âgés, à marge piléique enroulée. Le chapeau finit par être déprimé, mais non franchement infundibuliforme (en entonnoir), avec des couleurs tirant sur le roux foncé ou le brun rougeâtre. Sa chair blanche, de saveur douce, légèrement farineuse, dégage une forte odeur aromatique, évoquant celle d'Inocybe corydalina, ou la fleur d'oranger. Le Clitocybe à bonne odeur est morphologiquement très semblable au comestible Lepista inversa, ou Clitocybe inversé, à odeur faible. Sa récolte à des fins culinaires devra donc être effectuée avec toute la prudence qui s'impose.

P. amoenolens est une espèce rare qui se rencontre essentiellement sous les conifères surtout sur sol calcaire, sur le pourtour méditerranéen de l'Espagne à la Turquie. En Europe, il a été récolté pour la première fois au Maroc, puis en France, vallée de Maurienne (Hautes-Alpes) et dans les Alpes maritimes. Sa toxicité était inconnue jusqu'aux intoxications françaises de 1996, élucidées en 1998 par les mycologues Marseillais Pierre Neville.et Georges Poumarat.

Description[modifier | modifier le code]

Clitocybe amoenolens, le Clitocybe à bonne odeur

Description macroscopique des récoltes savoyardes (d'après Charignon & Garcin, 1998[14])

Chapeau : 4-7 cm, convexe, bombé chez les jeunes, puis largement déprimé, mais jamais franchement en entonnoir. Sa marge est longtemps enroulée, courtement cannelée par l'empreinte des lames, non hygrophane. Revêtement légèrement visqueux par temps humide, mat-givré chez les jeunes puis finement rompu en écailles plus ou moins redressées, à l'extrémité jaune-ocre clair à brun jaunâtre, puis roussissant fortement à partir du centre, avec des guttules plus sombres vers le centre, la marge conservant longtemps un aspect givré-pruineux[9].

Lames : moyennement serrées, 40-55, 1 à 3 lamellules, larges de 2-3 mm, décurrentes, nettement limitées en haut du pied, séparables quelques heures après la récolte, crème blanchâtre puis ochracé pâle, concolores au chapeau chez les jeunes ; arête entière, concolore.

Sporée (herbier Malençon) : crème blanchâtre, estimée à Ha (code Romagnesi, 1967), 4 (code Dagron, inédit). Malençon précise : « sporée blanc pur », mais celle observée par Pierre-Arthur Moreau est nettement crème, ce qui concorde avec les observations de Champon (in Charignon & Garcin, 1997).

Le pied est plutôt robuste et court, de 2,5 à 4 cm de haut pour 5 à 10 mm d'épaisseur. Il est droit, cylindrique, fibreux et plein. Le revêtement piléique est mat, blanc à crème rosé en haut, fauve roux sur sa base, profondément enfouie dans la litière, à mycélium blanc cotonneux dense agglomérant les aiguilles ;

Chair : assez épaisse dans le chapeau, un peu élastique, fibreuse dans le pied, crème jaunâtre pâle à isabelle, à roux très pâle. Saveur fongique-subfarineuse, aprescente sur le tard. Odeur forte, aromatique, agréable, irinée, de seringat, de jasmin, de fleur d'oranger[2],[15],[16], ou encore rappelant Tricholoma caligatum ou Inocybe bongardi, écœurante à la fin. Réaction chimique : jaunâtre à KOH sur le revêtement piléique (intracellulaire).

Son mycélium est blanc et poudreux. Les lames, étroites, serrées et rarement fourchues, sont particulièrement décurrentes et colorées de crème rosé tirant un peu sur le fauve-orangé.

Les spores hyalines lisses et non amyloïdes sont en forme de pépins, mesurent de 5 à 6 μm par 3 à 4 μm et sont portées par 4 basides en forme de massue. Les lames, comme le chapeau, sont à hyphes bouclées et ne présentent pas de cystides[9],[2],[15],[16].

Confusions possibles[modifier | modifier le code]

Le Clitocybe à bonne odeur est caractérisé par ses chapeaux jaune roussâtre et son pied brun-roux, ses lames progressivement colorées d'orangé et surtout par sa bonne odeur parfumée. La confusion principale est celle concernant les comestibles Clitocybe inversé et Clitocybe gibba, qui s'en distinguent essentiellement la cuticule squamuleuse, leur odeur faible et une répartition plus continentale[2],[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alfredo Vizzini et Enrico Ercole, « Paralepistopsis gen. nov. and Paralepista (Basidiomycota, Agaricales) », Mycotaxon, vol. 120, no 1,‎ , p. 253–267 (DOI 10.5248/120.253, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d Malençon G. & Bertault R., Flore des champignons supérieurs du Maroc, tome 2. Travaux de l'Institut des Sciences Chérifien et de la Faculté des Sciences de Rabat, série Botanique et Biologie végétale, 1975, volume 33, pages 1-540, planches 1-22.
  3. V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 06 octobre 2021
  4. Malençon G., Champignons du Moyen-Atlas, deuxième liste. Comptes Rendus de la Société des Sciences Naturelles et Physiques du Maroc 1959, volume 1, pages 21-23.
  5. « Paralepistopsis amoenolens », sur MycoDB (consulté le )
  6. a et b Malençon G. & Bertault R., 1975 — Flore des champignons supérieurs du Maroc, tome 2. Travaux de l'Institut des Sciences Chérifien et de la Faculté des Sciences de Rabat, série Botanique et Biologie végétale 33 : 1-540, pl. 1-22.
  7. Bon, M. 1987 - Quelques espèces intéressantes étudiées au stage F. M. D. S. de St-Germain Mt-d'Or. Bulletin trimestriel de la Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie 105: 28-30.
  8. Romagnesi H., 1989 — Curiosité mycologique : un champignon tortionnaire japonais : Clitocybe acromelalga Ichimura. Bulletin trimestriel de la Société Mycologique de France 105 (3) : 131-132.
  9. a b et c Pierre-Arthur Moreau, Régis Courtecuisse, Daniel Guez, Robert Garcin, Pierre Neville, Philippe Saviuc et Françoise Seigle-Murandi, « Analyse taxinomique d'une espèce toxique: Clitocybe amoenolens Malençon », Cryptogamie Mycologie, vol. 22, no 2,‎ , p. 95–117 (DOI 10.1016/S0181-1584(01)80003-8, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Alfredo Vizzini et Enrico Ercole, « », Mycotaxon, vol.  120, no  1, 28 septembre 2012, p.  253–267 DOI 10.5248/120.253, consulté le 6 octobre 2021)
  11. Notes inédites (conservées à MPU, Montpellier)
  12. (invalide), sans description, dans un catalogue préliminaire des champignons du Moyen-Atlas (Malençon, 1959)
  13. Le nom C. fallaciosa était préoccupé par un taxon de Spegazzini.
  14. Y. Charignon et R. Garcin - Un nouveau champignon toxique en France, par Yves Charignon & Robert Garcin Bull. Féd. Myc. Dauphiné-Savoie, avril 1998, 149:11 - 14
  15. a b et c Guillaume Eyssartier, Le guide des champignons : France et Europe, Belin, (ISBN 978-2-410-01042-8)
  16. a et b Marcel Bon, « Les Clitocybes, Omphales et ressemblants », Documents mycologiques, (Mémoire hors série), Saint Valéry dur Somme, no 4,‎ , p. 181

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Poumarat S. & Neville P., « Espèce de la zone du Quercus ilex au Maroc, montagnarde en France, Clitocybe amoenolens Malençon. », Bulletin semestriel de la Fédération des Associations Mycologiques Méditerranéennes, vol. 4,‎ , p. 16-19
  • Fourré G., « Intoxications : un sosie du Lepista inversa a produit en Savoie un terrifiant syndrome... japonais. », Bulletin de la Société Mycologique du Massif d'Argenson, vol. 16,‎ , p. 6-11
  • Charignon Y. & Garcin R., « Un nouveau champignon toxique en France. », Bulletin trimestriel de la Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie, vol. 149,‎ , p. 11-14 (lire en ligne)
  • Neville P. & Poumarat S., « À propos de Clitocybe amoenolens Malençon. », Bulletin trimestriel de la Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie, vol. 151,‎ , p. 5-8 (lire en ligne)
  • (en) Miyauchi S., « Comparison Clitocybe acromelalga with Clitocybe sp. collected in France. », Report of the Nagaoka Unviersity of Technology, sect. Bio-Ingeneering Kamitomioka, Nagaoka, Japan, vol. 1603, no 1,‎
  • E. Saviuc, « Intoxication par champignons et érythermalgie. », Bulletin d'Information Toxicologique (Québec), vol. 15, no 3,‎ , p. 4-7 (lire en ligne)
  • P. Saviuc et P.-A. Moreau, « Intoxications par les champignons : syndromes à latence longue », EMC - Pathologie professionnelle et de l 'environnement, vol. 7, no 3,‎ , p. 1–13 (DOI 10.1016/S1155-1925(12)55280-8)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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