Animisme haoussa

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L'animisme haoussa, Maguzanci ou Bori est une religion traditionnelle préislamique du peuple haoussa d'Afrique de l'Ouest, dans laquelle magie et possession par un esprit jouent un rôle. Alors qu'une partie seulement du peuple haoussa (principalement au sein des élites urbaines) s'est convertie à l'islam avant la fin du XVIIIe siècle, la plupart des adeptes de la religion ont fait de même entre le jihad lancé par le réformateur islamique Usman dan Fodio vers 1800 et le milieu du XXe siècle, tandis qu'une petite minorité se convertit au christianisme. Bien que pratiquement disparue au vingt-et-unième siècle, elle influence certaines pratiques musulmanes et se traduit parfois par des cultes locaux.

Terminologie[modifier | modifier le code]

Bòòríí est un nom haoussa, désignant une force spirituelle résidant dans les objets concrets et est lié au mot désignant l'alcool distillé local (borassa) ainsi qu'à la pratique de la médecine ( boka ) [1]. La religion Bori est à la fois une institution de contrôle de ces forces, et l'exécution d'un rituel « adorciste » (par opposition à l'exorcisme ), de danse et de musique par lesquels ces esprits sont contrôlés et par lesquels la maladie est guérie [2].

Haoussa préislamique[modifier | modifier le code]

Le Bori, tradition religieuse, devient une religion d'État dirigée par des prêtresses de la classe dirigeante parmi certains des derniers royaumes haoussa précoloniaux. Au quatorzième siècle, lorsque l'Islam se diffuse dans la région, le culte des idoles se réalise clandestinement. Le culte de Tsumbubura dans l'ancien sultanat de Kano et d'autres cultes Bori similaires est interdit, mais Bori a survécu dans les cultes de «possession spirituelle» en intégrant certains aspects de l'Islam. Les prêtresses maintiennent une influence sur les sultanats. Elles dirigent le rituel de danse extatique, espérant guider et maintenir les maisons dirigeantes de l'État. Un corps de prêtresses Bori et de leurs aides était dirigé par une prêtresse royale, intitulée l' Inna, ou "Mère de nous tous"[3].

Pratique post-islamique et contemporaine[modifier | modifier le code]

Des érudits musulmans du début du XIXe siècle désapprouvent la religion hybride pratiquée dans les cours royales, les musulmans trop zélés devaient utiliser cette hybridation comme prétexte pour renverser les sultanats et former l'empire de Sokoto[4]. Avec la naissance du califat, les pratiques Bori disparaissent partiellement des Cours peules. Les rituels de possession Bori ont survécu dans les États de réfugiés haoussa tels que Konni et Dogondutchi (dans ce qui est aujourd'hui le sud du Niger) et dans certaines zones rurales du pays haoussa nigérian. Les puissants rôles consultatifs des femmes, illustrés par les prêtresses Bori, ont soit disparu, soit été transférés aux femmes musulmanes. Le colonialisme britannique et français, cependant, offrait peu de place aux femmes dans les hiérarchies officielles de la règle indirecte, et vers le milieu du vingtième siècle la place des femmes perd en importance [5].

Pour les Haoussa contemporains, le rituel Bori survit de manière syncrétique. Les rangs des esprits pré-musulmans « babbaku » des Maguzaci s'enrichissent au fil du temps d'esprits « musulmans » (« farfaru »), et d'esprits d'autres ethnies (ou représentant) d'autres groupes ethniques, même ceux des colonialistes européens. Les membres de Bori apportent chance et guérison[6]. Les sociétés rituelles Bori, séparées des structures gouvernementales, fournissent une puissante identité corporative aux femmes par des pratiques religieuses telles que la guérison ou des rituels d'initiation[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. H. R. Palmer. "'Bori' Among the Hausas". Man, Vol. 14, 1914 (1914), p. 113–117.
  2. Lewis, Al-Safi, Hurreiz (1991).
  3. Variations included Iya, Magaram, and Magajiya. See Bergstrom (2002).
  4. Robinson, David, Muslim Societies in African History (Cambridge, 2004), p. 141.
  5. See Bergstrom (2002)'s discussion of this, particularly under the Zinder caliphate in Niger.
  6. Umar Habila Dadem Danfulani. Factors Contributing to the Survival of the Bori Cult in Northern Nigeria.
  7. Masquelier, Review (1992).

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Adeline Masquelier. Prayer has Spoiled Everything: Possession, Power, and Identity in an Islamic Town of Niger. Duke University Press (2001). (ISBN 978-0-8223-2639-7).
  • Adeline Masquelier (review): Girkaa: Une ceremonie d'initiation au culte de possession boorii des Hausa de la region de Maradi by Veit Erlmann, Habou Magagi. Journal of Religion in Africa, Vol. 22, Fasc. 3 (August 1992), pp. 277–279.
  • Adeline Masquelier. "Lightning, Death and the Avenging Spirits: 'Bori' Values in a Muslim World". Journal of Religion in Africa, Vol. 24, Fasc. 1 (February 1994), pp. 2–51.
  • Kari Bergstrom "Legacies of Colonialism and Islam for Hausa Women: An Historical Analysis, 1804-1960". Michigan State University Graduate Student Papers in Women and International Development Working Paper #276 (2002).
  • Jacqueline Cogdell Djedje. "Song Type and Performance Style in Hausa and Dagomba Possession (Bori) Music". The Black Perspective in Music, Vol. 12, No. 2 (Autumn 1984), pp. 166–182.
  • I. M. Lewis, S. al-Safi Hurreiz (eds). Women's Medicine, the Zar-Bori Cult in Africa and Beyond. Edinburgh University Press (1991). (ISBN 0-7486-0261-5).
  • Fremont E. Besmer. "Initiation into the 'Bori' Cult: A Case Study in Ningi Town". Africa: Journal of the International African Institute, Vol. 47, No. 1 (1977), pp. 1–13.
  • Frank Salamone. "Religion as Play: Bori, a Friendly 'Witchdoctor'". Journal of Religion in Africa, Vol. 7, Fasc. 3 (1975), pp. 201–211.
  • Umar Habila Dadem Danfulani."Factors Contributing to the Survival of the Bori Cult in Northern Nigeria". Numen, Vol. 46, No. 4 (1999), pp. 412–447.
  • A. J. N. Tremearne. The Ban of the Bori: Demons and Demon-Dancing in West and North Africa. London: Heath Cranton (1919).
  • A. J. N. Tremearne. "Bori Beliefs and Ceremonies". The Journal of the Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, Vol. 45, January - June 1915 (January - June 1915), pp. 23–68.
  • Ross S. Kraemer. "The Conversion of Women to Ascetic Forms of Christianity". Signs, Vol. 6, No. 2, Studies in Change (Winter 1980), pp. 298–307
  • I. M. Lewis. "Spirit Possession and Deprivation Cults". Man, New Series, Vol. 1, No. 3 (September 1966), pp. 307–329.