Amélie Munier-Romilly

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Amélie Munier-Romilly
Autoportrait gravé par Jules Hébert (1875)
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 86 ans)
GenèveVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
genevoise, puis suisse dès 1815
Activité
Conjoint
David-François Munier (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata

Amélie Romilly, née à Genève le et morte à Genève le , est une peintre suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeanne-Louise-Amélie Romilly, fille de Pierre-Paul Romilly (graveur) et de Suzanne Magnin[1] devient orpheline de père à 13 ans et doit très vite contribuer aux dépenses de la famille[2]. Aux environs de 1805, elle devient élève du peintre portraitiste Firmin-Massot qui lui enseigne les techniques du dessin, du pastel et de la peinture à l'huile. C'est lui qui l'incite à partir pour Paris pour parfaire sa formation tout en cherchant du travail[2]. Elle séjourne à Paris, d'où, guidée par son compatriote François-Gédéon Reverdin, elle correspond d'abondance avec son professeur[2]. Elle y peint un certain nombre de portraits. Reverdin, qui lui prête son atelier, lui présente des artistes, parmi lesquels David, Horace Vernet, François Gérard, Pierre-Narcisse Guérin ou Isabey[2]. En 1814, elle expose au salon de Paris.

De retour à Genève, elle donne des cours à de jeunes élèves. Elle est aussi élue associée honoraire de la Société des Arts[2]. Dès les années 1830, elle utilise le pastel pour ses portraits en buste et révèle bientôt une manière très moderne et sensible d'utiliser cette technique[3]. Elle peint beaucoup de personnalités en utilisant des techniques aussi diverses que le fusain, la lithographie, la peinture à l'huile, l'aquarelle ou le pastel[2].

Dès ses débuts, elle entame une réflexion sur les codes véhiculés par le genre du portrait. Elle accorde une grande attention à la pose de ses modèles. Les portraits d'enfants contribuent grandement à sa notoriété[3]. Dans sa vie personnelle, en tant qu'épouse de pasteur, elle est témoin de la souffrance des enfants et des conditions de vie des milieux défavorisés. Outre ses portraits dépeignant une bourgeoisie idéale où règnent l'harmonie et le bonheur familial, elle représente aussi des scènes de genre où elle dénonce les inégalités sociales[3].

En son temps, et en tant que femme et peintre, elle jouit d'une renommée ambiguë. Concilier vie familiale et vie d'artiste ne va pas de soi... Elle ne renoncera pas pour autant à la peinture, ni à la maternité d'ailleurs car elle aura quatre enfants[2]. Elle épouse en 1821 le théologien genevois David-François Munier[4].

Tout au long de sa carrière, elle retourne à Paris et en Angleterre à de nombreuses reprises[2]. En 1830, elle remporte la médaille d'or à l'exposition de Berne[2]. Très prolifique, elle peint des milliers de tableaux. Entre 1820 et 1856, elle compte quelque 2500 tableaux dans son catalogue. Malheureusement ses catalogues manuscrits ont disparu mais elle aurait accompli environ 5500 portraits tout au long de sa carrière[2]. Rarement signées, ses œuvres sont principalement aux mains de collectionneurs privés genevois et l’absence de catalogue raisonné empêche une véritable reconnaissance de l’artiste au XXe siècle[1]. Le Musée d'art et d'histoire de Genève détient toutefois dix tableaux caractéristiques de l'œuvre de l'artiste[2].

Postérité[modifier | modifier le code]

Une rue de Genève porte son nom, la Rue Munier-Romilly[5].

Christ (dess. et lithogr. par A. Munier-Romilly)
Pellegrino Rossi (lithogr. d'après A. Munier-Romilly)

Sélection d'œuvres[modifier | modifier le code]

  • Portrait de Madame Schroeder, après 1843, pastel sur parchemin, surface peinte ovale, 550 × 450 mm, cadre: 81 x 71.2 cm, Cabinet d'arts graphiques du Musée d'art et d'histoire de Genève, don Marie Lecoultre, 1926
  • Autoportrait, milieu XIXe siècle, plâtre patiné. Forme : figure en pied, accoudée à une chaise, sur base polygonale, 59,5 × 34 × 25 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève, don de l'hoirie Arthur Chenevière, 1908
  • Portrait de Jean-Daniel Huber (1754-1845), vers 1840, huile sur carton, 25 × 19,3 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève, legs Charles-William Huber, 1926
  • Portrait de Charles Simonde de Sismondi (1773-1842), entre 1825 et 1830 (?), huile sur carton, 40 × 34 cm, encadrement, montage : haut 47, larg 41.5 cm, prof 3.5 cm, Musée d'art et d'histoire de Genève, don de Fanny Wedgwood-Hensleig, 1880
  • Portrait de Suzanne Dufour, née Bonneton (1797-1867), vers 1820, pierre noire, rehauts de blanc, 21 x 18.5 cm, encadrement 26 x 25.5 cm, Bibliothèque de Genève, Centre d'Iconographie genevoise, Fonds Archives Dufour

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Valérie Louzier-Gentaz, « Munier-Romilly, Jeanne-Louise-Amélie », sur sikart.ch, Institut suisse pour l'étude de l'art (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j et k Deuber Ziegler et Tikhonov 2005, p. 94-95.
  3. a b et c Tissot 2010, p. 442
  4. Olivier Fatio, « Munier, David-François », in: Dictionnaire historique de la Suisse, version du 13.02.2009, [lire en ligne], consulté le 20.09.2023.
  5. Noms géographiques du canton de Genève

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adolphe Chenevière, Amélie Munier-Romilly (1788-1875). Dans: Nos anciens et leurs œuvres. - 1916, t. VI, série 2, no 3-4, p. 105-168
  • Erica Deuber Ziegler (dir.) et Natalia Tikhonov (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève : du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter,
  • Valérie Louzier-Gentaz, « Munier-Romilly, Amélie », in: Dictionnaire historique de la Suisse, version du 07.01.2009. [lire en ligne], consulté le 20 septembre 2023.
  • Carine Tissot (dir.), Artistes à Genève de 1400 à nos jours, Genève, L'APAGe et Notari, coll. « Collection GrandArt »,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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