Académie tahitienne

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Académie tahitienne
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L’Académie tahitienne (en tahitien : Te Fare Vānaʻa) est une institution culturelle de Polynésie française, fondée en 1972 et composée de vingt membres élus par leurs pairs. Elle a pour but de sauvegarder, d'enrichir et de promouvoir la langue tahitienne[1]. Elle est dirigée par Flora Aurima-Devatine depuis 2017[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Mise en place[modifier | modifier le code]

Deux hommes sont à l'origine du projet d'une académie tahitienne : Martial Iorss[3] (linguiste) et John Martin[4] (responsable des émissions tahitiennes à Radio-Tahiti). Cependant le projet ne commence à se concrétiser qu'en 1967 lorsqu'il est accepté par le gouverneur Jean Sicurani ; il faut attendre encore 5 ans avant la création effective par un vote de l'Assemblée territoriale. Cette délibération du 2 août 1972 prévoit la mise en place d'une commission de désignation des 20 premiers académiciens, chargés de rédiger les statuts de l'Académie. La commission opère très rapidement, mais la première séance n'a lieu qu'en 1974[1].

La première Académie[modifier | modifier le code]

Les membres [5][modifier | modifier le code]

Cette première Académie comprend notamment :

La liste des premiers académiciens indique bien que la langue tahitienne était pratiquée avec intérêt par de nombreux membres des catégories dirigeantes (fonctionnaires, hommes politiques, hommes d’Église), y compris des métropolitains d’origine (Yves Lemaître, mais aussi Paul Prévost, un linguiste installé à Papeete après une formation à l'INALCO).

Les travaux initiaux[modifier | modifier le code]

Les premières séances ont lieu au siège de l'Église évangélique.

Les académiciens vont d'abord choisir un nom tahitien : l'expression Fare Vana'a (de Fare : maison et vana'a : 1) orateur, homme éloquent 2) conseil, avis, discours) reprend le nom d'une institution de la société ancienne, le lieu où les hommes âgés transmettaient leurs connaissances traditionnelles aux jeunes gens.

Puis ils rédigent les statuts de la société. Ceux-ci prévoient un bureau (To’ohitu) de sept membres élus pour un an (directeur, chancelier, secrétaire, trésorier et 3 assesseurs).

Évolution et activités de l'Académie[modifier | modifier le code]

Membres[modifier | modifier le code]

Des vingt premiers académiciens, cinq sont encore membres à l’heure actuelle : Hubert Coppenrath, Flora Devatine, Ame Huri, Yves Lemaitre, Raymond Pietri. Parmi les nouveaux membres, on peut noter : Louise Peltzer, Duro Raapoto, Denise Terorotua (épouse Raapoto).

Grammaire et dictionnaires[modifier | modifier le code]

L'Académie s'est d'abord consacrée à l'élaboration d'une grammaire tahitienne, publiée en , dont une version corrigée sort en 2009, puis à un dictionnaire tahitien-français, publié en 1999[6]. Le dictionnaire tahitien-français est mis à jour en 2017 avec plus de 2300 nouveaux mots[7] ; il intègre également les lexiques tahitien-français produits par l'Académie[8].

L'Académie travaille également sur un dictionnaire français-tahitien. Le premier tome (A à D) est publié en 2008[6]. En 2015 paraît le deuxième tome (E à I), fruit d'un long travail de création de néologismes tahitiens[9].

En 2021, l'Académie publie un dictionnaire français-tahitien pour enfants[10].

Le dictionnaire en ligne[modifier | modifier le code]

En , après plusieurs mois de travail intensif en coordination avec un comité d'académiciens composé de Mgr Hubert Coppenrath, Patua Coulin (dite « Mama Vaetua »), John Doom, John Martin, Raymond Pietri, Winston Pukoki et Maco Tevane, le dictionnaire tahitien-français numérique est réalisé par deux jeunes polynésiens passionnés (Teiva Saranga et Kaimana Van Bastolaer) et mis en ligne sous la forme d'un site web public afin de diffuser les travaux de l'Académie au plus grand nombre. Une attention particulière fut apportée à la restitution d'une graphie respectueuse des travaux de l'institution, notamment au niveau des voyelles longues appelées « Tarava ». Enfin, la prise en compte des différentes prononciations de mots à l'apparence identique mais au sens très différents, fut un autre défi de taille à relever. Au mois de , plus de 785.000 recherches ont été effectuées dans ce dictionnaire en ligne[réf. nécessaire]. En 2017, une nouvelle version de ce dictionnaire est mise en ligne, qui ajoute la possibilité de rechercher la traduction de mots français en tahitien[11] et d'écouter la prononciation de certains mots tahitiens[12], ainsi que l'indexation des champs sémantiques et des informations sur l'étymologie des mots tahitiens[13].

Autres publications et activités[modifier | modifier le code]

L'Académie a produit des manuels scolaires : un pour le primaire : Ta’u puta reo Tahiti (1979), un pour le secondaire : Hei pua ri’i, recueil de morceaux choisis (1982-1997)[6]. Elle a aussi publié un Lexique du vocabulaire technique (liste de néologismes à usage des administrations), le premier tome en 1981-1987[6] et le deuxième tome en 2015[14].

Par ailleurs, certains membres de l'Académie contribuent à d'autres ouvrages, comme Voltina Dauphin qui dirige le lexique tahitien-français/français-tahitien, publié en 2015 par le service de la traduction et de l'interprétariat tahitien, qui s'appuie notamment sur les dictionnaires de l'Académie[15].

En 2022, l'Académie tahitienne fête ses 50 ans en publiant une vingtaine d'ouvrages littéraires en langue tahitienne[16].

Autres académies et associations linguistiques de Polynésie française[modifier | modifier le code]

Îles Marquises[modifier | modifier le code]

L'Académie marquisienne a été créé en 2000, avec le nom local de Tuhuna Eo Enata.

Tuamotu[modifier | modifier le code]

L'Académie pa'umotu date ici de [17] : Académie pa’umotu – Karuru vanaga[18], avec 14 membres. Cette société est fondée sur l’association Te Reo o te Tuamotu, créée en 2000 (président : Jean Kape).

Îles Gambier[modifier | modifier le code]

À l'heure actuelle, il n'y existe qu'une association : Reo Magareva.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Présentation », sur www.farevanaa.pf (consulté le )
  2. Antoine Samoyeau, « Flora Devatine nouvelle directrice du Fare Vana’a - Radio1 Tahiti », (consulté le )
  3. Martial Iorss (1891-1966) : professionnellement greffier en chef des tribunaux, mais pourvu d'une connaissance approfondie du tahitien
  4. John Martin : né en 1921 ; volontaire de la France libre en 1940, combattant à Bir-Hakeim ; interprète officiel du gouvernorat ; un des fondateurs de Radio-Tahiti
  5. Hubert Coppenrath, « L'Académie tahitienne », Journal de la Société des océanistes, t. 31, no 48,‎ , p. 262-300 (DOI 10.3406/jso.1975.2713, lire en ligne)
  6. a b c et d « Publications », sur www.farevanaa.pf (consulté le )
  7. Veihi Tupai, « Le dictionnaire tahitien-français s’enrichit de 2300 mots - Radio1 Tahiti », (consulté le )
  8. « Le nouveau dictionnaire du Fare Vāna'a est sorti », sur Tahiti Infos, les informations de Tahiti (consulté le )
  9. Valentine Bluet, « « Il ne faut pas tahitianiser les mots français ou anglais » - Radio1 Tahiti », (consulté le )
  10. « Parution d'un nouveau dictionnaire français/tahitien pour enfants », sur Polynésie la 1ère, (consulté le )
  11. Elodie Largenton, « Un dictionnaire en ligne français-tahitien 2.0 - Radio1 Tahiti », (consulté le )
  12. « Apprendre à prononcer les mots tahitiens en les écoutant », sur Polynésie la 1ère, (consulté le )
  13. Jacques Vernaudon, Nick Thieberger, Tamatoa Bambridge et Takurua Parent, « Un nouveau souffle numérique pour les corpus en langues océaniennes », Journal de la Société des Océanistes, no 153,‎ , p. 323–336 (ISSN 0300-953x, DOI 10.4000/jso.13165, lire en ligne, consulté le )
  14. Mélanie Thomas, « Un nouveau lexique pour enrichir son tahitien », sur Tahiti Infos, les informations de Tahiti (consulté le )
  15. « Service de la traduction : Le premier lexique "Tahitien-Français / Français-Tahitien" est sorti », sur Tahiti Infos, les informations de Tahiti (consulté le )
  16. Caroline Perdrix, « Fare Vanaa : les académiciens présentent leurs œuvres - Radio1 Tahiti », (consulté le )
  17. Voir sites de presse, par exemple : lesnouvelles.pf
  18. Vanaga est la version paumotu de vana'a

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]