Substitution tritonique

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La substitution tritonique est une technique de réharmonisation par substitution d'accord utilisée en harmonie tonale et en particulier dans les compositions et les arrangements jazz. La substitution tritonique remplace la dominante diatonique par la dominante chromatique. Celle-ci se trouve un demi-ton chromatique au-dessus de la tonique. Cette nouvelle dominante substitutive est désignée, par emprunt à l'anglais sub 5. Lors d'une substitution tritonique la dominante chromatique peut, mais ce n'est pas obligatoire, être précédée de son deuxième degré relatif.

La substitution tritonique est apparue à l'ère Classique (il s'agit de la sixte augmentée allemande, qui est enharmoniquement la substitution tritonique d'un accord de V7/V). C'est surtout au XXe siècle et dans le jazz qu'elle a été particulièrement utilisée. Son usage s'est généralisé à tous les degrés de la gamme, où les dominantes relatives sont substituées par la dominante chromatique du degré visé dans la progression d'accords.

Relation entre dominante diatonique et chromatique

Les accords de dominantes se distinguent des autres accords diatoniques par l'intervalle de triton (trois tons) qui sépare la tierce majeure de la septième mineure. Les gammes s'étendant sur un total de 6 tons, la tierce et la septième mineure qui forment l'intervalle de triton dans un accord de dominante sont également la septième mineure et la tierce d'un autre accord de dominante distant de trois tons.

Par exemple, dans la tonalité de do, la dominante diatonique sol 7, chiffrée G7, est substituée par la dominante chromatique ré bémol 7, chiffrée Dbémol7[1]. Le triton tonal formé par la tierce et la septième de l'accord de dominante diatonique, à savoir si et fa, est identique, à une inversion près, et par enharmonie au triton formé par la tierce et la septième de la dominante chromatique, à savoir fa et do bémol.



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>>


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>>
Une cadence en Do, proposant l'enchainement G7 → C puis la substitution de accord de G7 par Dbémol7 → C ; la 3e mesure compare les deux accords de dominante qui se substituent, G7 et Dbémol7

Il est possible de substituer n'importe quel accord de septième de dominante avec le même type d'accord distant d'un triton. Il existe 6 substitutions possibles :

C7←→Fdièse7 - Dbémol7←→G7 - D7←→Abémol7 - Ebémol7←→A7 - E7←→Bbémol7 - F7←→B7


Chiffrage

La dominante chromatique est chiffrée bémolII7. Son deuxième degré relatif, également appelé sous-dominante chromatique, est chiffré bémolVI par certains auteurs[2].

Gamme d'accord

On justifie l'emploi du mode mixolydien #11 sur l'accord bII7 en considérant une gamme altérée placée sur l'accord de dominante diatonique. Le cinquième mode de la gamme altérée dont le centre modal se trouve justement sur le degré bII7 est le mode de mixolydien #11. Le tableau suivant compare le chiffrage des degrés des deux échelles.

Degrés

Avant substitution 1 b9 #9 3 #11 b13 b7
Après substitution #11 5 6 b7 1 2 3

Articles connexes

Notes et références

  1. Cadence et substitution tritonique, par Jacob Collier (en anglais)
  2. Siron, Jacques, 1949-, La partition intérieure : jazz, musiques improvisées, Outre Mesure, (ISBN 2907891030, OCLC 422845909, lire en ligne), p. 346