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Taux d'inflation optimal

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Le taux d'inflation optimal est un taux d'inflation hypothétique qui doit assurer à un système économique une augmentation saine de son niveau des prix.

Concept

Le concept de taux d'inflation optimal est débattu par des économistes, académiques comme institutionnels. Les banques centrales se questionnent sur l'existence d'un tel taux car leur mandat exige souvent qu'elles assurent un taux d'inflation qui corresponde aux besoins de leur économie[1].

Propositions

Taux d'inflation inférieur à 0 %

Le monétariste Milton Friedman, dans un papier de . Il considère que la banque centrale doit maintenir son taux d'intérêt nominal à 0, car un taux d'intérêt positif provoque une distorsion de l'économie. L'inflation devrait ainsi être négative[2].

Taux d'inflation à 0 %

L'école de la nouvelle économie keynésienne a longtemps considéré le taux d'inflation optimal comme 0 %. Cela se base sur deux arguments. Le premier est celui des coûts des menus ; le deuxième est celui de la mauvaise allocation des ressources. En effet, si l'inflation est autre que zéro, les entreprises doivent modifier leurs prix, mais comme cela est difficile et lent du fait des rigidités nominales, cela n'est pas possible dans l'immédiat et crée une dispersion des prix, et donc une mauvaise allocation des ressources[3].

En plus de cela, l'inflation a un effet redistributif adverse. L'inflation affecte les couches sociales de manière différenciée ; il s'agit d'une taxe sur les pauvres, qui subissent l'augmentation de l'inflation de plein fouet dans leur consommation quotidienne[4].

Taux d'inflation à 2 %

La Banque centrale européenne a estimé un taux d'inflation optimal pour la zone euro à 2 % lors de sa revue stratégique de 2021. Ce taux d'inflation a plusieurs qualités, comme le fait d'être assez faible pour éviter une modification fréquente des prix par les agents de l'offre (coût des menus). Il évite aussi une volatilité de l'inflation. De plus, cette cible d'inflation assure une marge de sécurité contre le risque de déflation[5].

Une cible d'inflation élevée permet de donner une marge de manœuvre aux banques centrales. Elles ne peuvent, en effet, faire baisser leurs taux directeurs en-dessous du taux plancher zéro ; or, si la cible d'inflation est de 2 % ou 3 %, la banque centrale dispose d'une plus grande marge pour faire baisser les taux directeurs[6].

Taux d'inflation à 3 % ou plus

Certains économistes, comme Xavier Ragot, soutiennent qu'un niveau d'inflation aux alentours de 3 % est nécessaire sur le long terme pour huiler le système économique et atteindre un niveau optimal d'investissement. Il obtient ce résultat à partir d'un modèle à générations imbriquées. Ce modèle montre en effet que les banques centrales doivent faire baisser le taux d'intérêt réel, en présence de contraintes de crédit, pour stimuler la croissance ; or, pour faire baisser ce taux, elles peuvent jouer sur l'inflation. Cet effet est également remarqué par Weil (1991), Weiss (1980) et Summers (1981)[7].

Notes et références

  1. European Central Bank, « Strategy review », sur European Central Bank, (consulté le )
  2. Michael Bordo, The Optimum Quantity of Money., Taylor and Francis, (ISBN 978-1-351-47808-3 et 1-351-47808-7, OCLC 1009181860, lire en ligne)
  3. Michael Woodford, « Optimal Interest-Rate Smoothing », The Review of Economic Studies, vol. 70, no 4,‎ , p. 861–886 (ISSN 0034-6527, lire en ligne, consulté le )
  4. G. L. Bach et Albert Ando, « The Redistributional Effects of Inflation », The Review of Economics and Statistics, vol. 39, no 1,‎ , p. 1–13 (ISSN 0034-6535, DOI 10.2307/1926215, lire en ligne, consulté le )
  5. « La BCE adopte une cible d’inflation claire et symétrique de 2 % », sur Banque de France, (consulté le )
  6. Banque de France RPS Submitter, Herve Le Bihan, Julien Matheron et Philippe Andrade, « Should the ECB Adjust its Strategy in the Face of a Lower R*? », SSRN Electronic Journal,‎ (ISSN 1556-5068, DOI 10.2139/ssrn.3840251, lire en ligne, consulté le )
  7. Xavier Ragot, « Une théorie de l'inflation optimale fondée sur les contraintes de crédit », Revue économique, vol. 55, no 3,‎ , p. 469 (ISSN 0035-2764 et 1950-6694, DOI 10.3917/reco.553.0469, lire en ligne, consulté le )