Laonicos Chalcondyle
Naissance | |
---|---|
Décès |
(?) |
Activités | |
Père |
Giorgios Chalkokondyles (d) |
Parentèle |
Démétrios Chalcondyle (cousin) |
Maîtres |
---|
Laonicos Chalcondyle[2] ou Chalcocondyle, en grec Λαόνικος Χαλκοκονδύλης ou Χαλκονδύλης, né à Athènes vers 1423, mort en Italie vers 1490, est un historien grec.
Biographie
Son prénom « Laonicos » est reformulation archaïsante (plutôt qu'une anagramme) de Nikolaos (Nicolas). On sait peu de choses sur sa vie. Il est le cousin de Démétrios Chalcondyle[3],[4].
À la mort du duc florentin d'Athènes Antoine Ier Acciaiuoli, la veuve du duc et Georges, le père de Laonicos, tentent de faire prévaloir devant le sultan Mourad II leur parti pro-hellène sur le parti pro-florentin. L'échec de cette entreprise entraîne l'exil des Chalcondyle. C'est à Mistra, dans le Péloponnèse, à la cour du futur empereur Constantin XI, que Cyriaque d'Ancône trouve le jeune Laonicos, en 1447-1448. Le futur historien y suit l'enseignement de Gemiste Pléthon (né vers 1355–1360)[3].
Laonicos Chalcondyle rédige son œuvre après la prise de Constantinople en 1453. L'ouvrage comporte 10 « livres » (sections ou parties) ; il décrit la chute de l'Empire romain d'Orient et l'essor de l'Empire ottoman[5] ; la période couverte s'étend de 1298 à 1463.
Œuvre
Contenu et style
L'ouvrage, intitulé Ἀπόδειξις ἱστοριῶν ou (au pluriel) Ἀποδείξεις ἱστοριῶν, et divisé en dix livres (βιβλία δέκα), présente la chute de Constantinople comme un tournant historique de première importance et la met même en parallèle avec la prise de Troie.
Les informations qu’il rapporte sur l’empereur Manuel II Paléologue sont issues de son expérience ; pour les périodes plus anciennes, il a eu recours à son père[5]. Mais comme les Grecs essayaient de trouver de l'aide notamment en Angleterre, en France et en Allemagne, Chalcondyle fournit aussi des renseignements sur les coutumes de ces pays[6].
Laonicos Chalcondyle s'attache moins à montrer la chute de Constantinople comme une punition de Dieu que comme le résultat des efforts soutenus de ses vainqueurs.
Chalcondyle était un admirateur d’Hérodote et de Thucydide, duquel il imite le style et la phraséologie ; la publication de son livre a sa place dans l'histoire de la période humaniste. L'historien tente d’être objectif[7],[8] et, malgré quelques inexactitudes, reste l’un des plus importants historiens grecs tardifs[9]. Malheureusement sa chronologie comporte des erreurs et l'usage de toponymes obsolètes[10], selon l'habitude des humanistes de son temps, est source de confusion[5].
Éditions (sélection)
- Hendrik Arent Hamaker (dir.), Historiarum libri decem, dans Immanuel Bekker (dir.), Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, Bonn, 1843
- Jacques Paul Migne (dir.), Historiarum libri decem, vol. 159 de la Patrologia Graeca, 1866
- Jenő (ou « Eugenius ») Darkó (dir.), Historiarum demonstrationes, 2 vol., Budapest, 1923-1927
Traductions
- (la) Conrad Clauser (trad.), De origine et rebus gestis Turcorum libri decem, Bâle, 1556 — Réédition en 1615 ; réédition en 1866 avec le texte grec
- (fr) Blaise de Vigenère (trad.), Histoire de la décadence de l'empire grec et establissement de celuy des Turcs, comprise en dix livres par Nicolas Chalcondyle, Athénien, in-4, Paris, Nicolas Chesneau, 1577[11]
- (en) (Livre 8) J. R. Melville Jones (trad.), The siege of Constantinople 1453 : seven contemporary accounts, Amsterdam, Hakkert, 1972, p. 42–55 (ISBN 9025606261)
- (en) (Livres 1 à 3) Nikos Nikoloudis (trad.), Laonikos Chalkokondyles : a translation and commentary of the « Demonstrations of Histories » (Books I-III), coll. « Ιστορικές Μονογραφίες », no 16, Athènes, Historical Publications St. D. Basilopoulos, 1996 (ISBN 9607100972 et 9789607100979)
- (en) Anthony Kaldellis (trad.), Laonikos Chalkokondyles. The Histories. (deux tomes), Cambridge (MA)/London, Harvard University Press, 2014.
Bibliographie
- Eugen Darko, « Zum Leben Laonikos Chalkondyles », dans Byzantinische Zeitschrift, 24 (1923-1924), p. 29-39.
- Jonathan Harris, « Laonikos Chalkokondyles and the rise of the Ottoman Empire », dans Byzantine and Modern Greek Studies, 27 (2003), p. 153-170.
- Karl Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur von Justinian bis zum Ende des oströmischen Reiches « Laonikos Chalkokondyles », dans Iwan von Müller, Handbuch der klassischen Altertums, vol. 9, 1891, 1958, p. 302-305.
- William Miller, « The last Athenian historian », dans Journal of Hellenic Studies, 42 (1922), p. 36-49 — Les deux précédents selon Miller sont Dexippos et Praxagoras.
- Mosjos Morfakidis, La península ibérica en la obra de Calcocondilas
- Nikos Nikoloudis, « Laonikos Chalkokondyles on the council of Florence », dans Ekklesiastikos Pharos, 3 (1992), p. 132-134.
- Nikos Nikoloudis, Ερμηνευτικά προβλήματα ενός ιστορικού γεγονότος : Η κατάληψη της Καλλίπολης και ο Λαόνικος Χαλκοκονδύλης, Τα Ιστορικά, τομ.9, τ/χ.16 (Ιούνιος 1992), p. 41-48
- Nikos Nikoloudis, Ενα πορτραίτο του ιστορικού Λαόνικου Χαλκοκονδύλη, dans Ιστωρ, 5 (1993), p. 63-73.
- Speros Vryonis, « Laonikos Chalkokondyles and the Ottoman budget », dans International Journal of Middle East Studies, 7 (1976), p. 423-432. — Repris dans Vryonis, Studies on Byzantium, Seljuks and Ottomans, no XII
Notes et références
- Portrait, site du Musée
- On rencontre aussi, pour le prénom, Laonikos, Laonicus, Laonique, voire (chez Calosynas) Nicolas ; pour le nom, Chalcondyles, Chalcocondylas (avec une syllabe de plus), Chalkokondilès… Sur la question du patronyme, voir, dans Krumbacher, la (de) note 4 de la p. 103 ; ou voir la note 1 de la biographie de Démétrios Chalcondyle par Émile Legrand ; Legrand adopte Chalcondyle mais écrit qu'« il paraît hors de doute que l'orthographe réelle est Χαλκοκανδήλης ou Χαλκοκανδύλης ».
- Armando Petrucci (it), « Calcondila, Demetrio », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 16, 1973
- On a dit qu'il était son frère. Émile Legrand, dans sa biographie de Démétrios Chalcondyle donne comme source de cette information la « soi-disant notice biographique » écrite par Antoine Calosynas : (el) « Vies des Chalcocondylas d'Athènes », dans Karl Hopf, Chroniques gréco-romanes inédites ou peu connues, 1873, p. 243.
- (en) « Chalcondyles, Laonicus », dans Encyclopædia Britannica [détail de l’édition], (lire sur Wikisource).
- Voir par exemple le passage sur l'hospitalité sexuelle en Grande-Bretagne.
- « De quelle manière […] les affaires des Grecs peu à peu ont été par les Turcs mis au bas, et ceux [sic] des Turcs au contraire […], nous le déclarerons par le menu le plus diligemment qu'il nous sera possible, selon que nous l'avons entendu au plus près de la vérité. » (Chalcondyle, p. 9 de la traduction de Vigenère)
- Il l'est suffisamment pour être une source fiable même chez les Ottomans : « Hussein Hezarfenn, following Chalcocondylas, is an example of an Ottoman historian basing his statements on a Greek authority ». (Herbert Adam Gibbons, The Foundation of the Ottoman Empire: A History of the Osmanlis…, p. 68, note 3)
- « Laonicus Chalcocondyles », sur Encyclopædia Britannica. 2009 (consulté le )
- Par exemple, « Babylone » désigne Bagdad.
- L'histoire de Chalcondyle a aussi été poursuivie par d'autres au-delà des dix livres originaux. Voir par exemple, en ligne :
- Continuation de l'histoire des Turcs…, enrichie de considérations particulières…, divisée en huit livres. Par Artus Thomas, sieur d'Embry, 1650 ;
- Histoire de la décadence de l'empire grec et establissement de celuy des Turcs, par Chalcondyle, Athénien, de la traduction de B. de Vigenère, Bourbonnois, et illustrée par luy de curieuses recherches trouvées depuis son décès, avec la Continuation de la même histoire depuis la ruine du Péloponèse iusques à l'an 1612, et les Considérations sur icelle ; ensemble les Éloges des seigneurs Othomans, par Artus Thomas, sieur d'Ambry, et Depuis continuée par F E du Mezeray, tome second, Rouen, Jean Berthelin, 1662