École émancipée

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L'École émancipée (EE) est à la fois une revue et un courant historique du syndicalisme enseignant français.

L’École émancipée est un regroupement de militants syndicaux et pédagogiques, autour de la revue l’École émancipée, bimestriel syndical et pédagogique paraissant depuis 1910[1]. Elle est constituée en tendance au sein de la Fédération syndicale unitaire, où sont syndiqués la plupart de ses militants.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par le syndicalisme révolutionnaire[2],[3]. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement[4].

De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière.

Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques, en particulier du mouvement Freinet[5]. On retrouve ceux-ci dans les deux unions départementales de la Fédération de l'Education Nationale dirigées par cette tendance dans les années 1980 : les Alpes de Haute-Provence et l'Oise.

Au cours de son histoire, l'EE a connu de nombreuses scissions, la plus importante étant sans doute celle de l'après-68 qui aboutit à la création de la tendance « École émancipée pour le front unique ouvrier » (EE-FUO), qui regroupait les militants proches de l'OCI de l'époque.

En 1992, lors de l'exclusion par la direction de la FEN (qui recherchait alors la constitution d'un "pôle réformiste" avec la CFDT et FO) du SNES et de sa minorité de gauche, l'EE a majoritairement fait le choix de quitter la FEN et de cofonder la FSU. Certains militants EE préfèrent contribuer à la construction du Syndicat des Enseignants qui réalise la revendication historique d'un syndicat unique de tous les enseignants. Cela a été le cas dans les Alpes de Haute-Provence

En 2002 une nouvelle scission a abouti à la création de l'Émancipation - tendance intersyndicale : le désaccord portait sur la participation aux exécutifs dans la FSU.

L'EE est aujourd'hui à la fois une "revue syndicale et pédagogique paraissant depuis 1910" et une tendance dans la FSU.

Idées, programme[modifier | modifier le code]

Changer l'école, changer la société[modifier | modifier le code]

L’École émancipée veut changer l’école pour la rendre coopérative, égalitaire et solidaire : tous les enfants et tous les adolescents doivent bénéficier de la même éducation dans la même école. C’est pourquoi ses militants s’opposent à toute forme de séparation des parcours scolaires car elle est souvent synonyme d’inégalité entre les voies et de soumission de l’école aux lois du marché.

Le même souci d’égalité préside au combat de l’École émancipée contre l’exclusion et contre la précarité. Dans l’éducation, elle se bat pour la titularisation immédiate et sans condition de tous les précaires. L’école émancipée est aussi opposée à la hiérarchie des statuts et au corporatisme car ils recèlent l’autoritarisme et divisent les personnels.

Les militants de l’École émancipée pensent que changer l’école impose de changer le monde dans lequel elle s’inscrit. L’École émancipée est anticapitaliste, féministe et antimilitariste.

Un syndicalisme de lutte[modifier | modifier le code]

Dans les luttes, l’École émancipée défend un fonctionnement démocratique qui repose sur des assemblées générales souveraines. Elle contribue à la construction de la grève générale interprofessionnelle et reconductible, seule capable de mettre un coup d’arrêt aux attaques du patronat et du gouvernement contre les salariés, les retraités, les chômeurs et les jeunes.

Laïcité[modifier | modifier le code]

L’École émancipée est opposée à toute influence marchande ou religieuse sur l’école et sur les élèves. Elle est pour une laïcité entière qui épargne aussi à l’école les principes qui régissent le secteur privé comme la concurrence entre établissements.

Structuration[modifier | modifier le code]

L'école émancipée est structurée en groupes départementaux (GD) qui réunissent l'ensemble des militants qui se reconnaissent dans les idées de l'école émancipée.

Une fois par an, début juillet, ses militants se retrouvent pour les Journées d'été de l'école émancipée (JEEE) au château de Bellevue à Presles. Ce qui permet d'échanger sur la situation sociale, de se former sur l'ensemble des questions qui traversent leur profession. Les JEEE sont l'occasion de faire l'assemblée générale statutaire annuelle de l'association école émancipée.

Deux fois par an en moyenne, se tiennent des collèges de l'école émancipée, qui permettent à l'ensemble des militants de discuter sur les sujets d'actualité.

Il existe également, de manière plus irrégulières, des stages « école émancipée » régionaux ou bien des stages des syndicats nationaux de la FSU.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • FLAMMANT (Thierry): L'École émancipée, une contre-culture de la belle époque, Paris, Les Monédières, 1984.
  • FRAJERMAN (Laurent) avec CHANET (Jean-François), GIRAULT (Jacques) et BOSMAN (Françoise), (dir. coll.): La Fédération de l'Éducation nationale (1928-1992) : histoire et archives en débat, Lille, Presses du Septentrion, 351 p.
  • Loïc Le Bars, La Fédération unitaire de l'enseignement, 1919-1935 : aux origines du syndicalisme enseignant, Paris, Syllepse, coll. « Le présent avenir », , 556 p. (ISBN 2-84797-097-5).
  • Gaëtan Le Porho, Syndicalisme révolutionnaire et éducation émancipatrice : L'investissement pédagogique de la Fédération unitaire de l'enseignement, 1922-1935, Paris, Noir et Rouge & EDMP, , 398 p. (ISBN 979-10-93784-11-3, lire en ligne).
  • Jean Mourot, La plume au poing (1967-2003) : une contribution à l'histoire de l'École émancipée, TheBookEdition, Atelier du Scorpion brun, 2014.
  • Anne-Marie Sohn, Féminisme et Syndicalisme : les institutrices de la Fédération unitaire de l'enseignement de 1919 à 1935, Paris, Hachette, (BNF 34554608).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Tendance de la FSU · Revue syndicale et pédagogique · Association », sur ecoleemancipee.org (consulté le ).
  2. Slava Liszek Marie Guillot..., page 82
  3. « Le syndicalisme révolutionnaire » Accès libre, sur La Bataille Socialiste (consulté le )
  4. « Mia : m. valière - intervention au congrès c.g.t.u. (1935) », sur marxists.org (consulté le ).
  5. « Célestin Freinet et son Mouvement | Coop'ICEM », sur www.icem-pedagogie-freinet.org (consulté le )