Utilisateur:Leonard Fibonacci/Yoma (traité)

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Article à modifier: Yoma (traité)

Le traité Yoma (judéo-araméen : יומא « le jour »), appelé Yom Hakippourim dans la Tossefta et Kippourim par Sherira Gaon, est le cinquième de l’ordre Moëd dans la Mishna et les Talmuds. Il traite de Yom Kippour et particulièrement du rite de ce jour à l’époque du second Temple.

Objet du traité[modifier | modifier le code]

Le culte à l’époque du second Temple[modifier | modifier le code]

Le traité décrit le rite du yoma rabba (judéo-araméen : יומא רבה « grand jour »), ainsi qu’on appelait Yom Kippour à l’époque du Second Temple[1].

Ce rite suit les ordonnances prescrites dans Lévitique 16:2-28 : après s’être lavé, le Grand-prêtre revêt une tunique de lin et pénètre dans le sanctuaire pour y offrir un taureau en expiatoire et un bélier en holocauste, ainsi que deux boucs et un bélier au nom de l’assemblée des Israélites[2]. Il amène le taureau, tire au sort pour les deux boucs, destinant l’un à être offert en expiation à Dieu et l’autre à être envoyé à Azazel chargé des fautes du peuple. Il offre son taureau expiatoire et l’encens de manière à obscurcir la pièce où se trouve l’Arche[3]. Il asperge sept fois le propitiatoire, immole le bouc expiatoire et agit de même avec le sang de l'animal, afin de purifier le sanctuaire des souillures du peuple. Il agit de même avec l’autel pour purifier le Tabernacle[4]. Il charge le bouc vivant des fautes et le fait envoyer dans le désert[5]. Il poursuit, après s’être lavé, son office tandis que la personne chargée de conduire le bouc émissaire dans le désert et celle qui fait brûler la peau, la chair et la fiente des offrandes expiatoires doivent demeurer hors du camp jusqu’au soir, car ils sont en état d’impureté rituelle[6]. Le traité ne s’attarde en revanche pas sur les offrandes supplémentaires du jour[7] ; en revanche, il digresse à plusieurs reprises sur le culte du Temple lors des jours ordinaires.

Il n’est, à l’époque où il est décrit plus pratiqué depuis environ 150 ans mais repose sur des témoignages et traditions contemporains, parfois contradictoires[8].

Des temps agités[modifier | modifier le code]

Plusieurs témoignages font état du désordre qui règne dans le judaïsme à la fin de l’époque du Second Temple.

Une dispute règne entre Sadducéens, Pharisiens et d’autres factions (de l’avis de tous, cette discorde a causé la destruction du second Temple[9]) ; les personnes désignées comme Grand-prêtre sont souvent inaptes à assurer leurs tâches ou enclins à diverger de la norme pharisienne, ce qui entraîne une guidance et une surveillance constante de la part de ces derniers afin de s’assurer de la tenue du rite selon leurs prescriptions[10]. Les Grands-prêtres, mourant souvent dans l’année qui suit leur nomination pour n’avoir pas accompli correctement le rite, sont si nombreux à se succéder[11] que la salle où on les loge, auparavant appelée « salle du bois », est connue à l’époque de la Mishna comme la « salle du Parhédrin » car le Grand Prêtre est, à l’instar d’un parhedrion (officier du roi), remplacé tous les douze mois[12].

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Troisième chapitre[modifier | modifier le code]

Après avoir rappelé comment le temps adéquat pour l’abattage rituel (celui-ci ne pouvant se faire de nuit) était déterminé par observation de la luminosité du jour, le troisième chapitre revient sur l’ordre du jour.

C’'est à ce moment qu’on fait descendre le Grand prêtre au bain rituel car nul ne peut assurer le culte ni pénétrer dans la cour du Temple s’il ne s’est pas immergé auparavant. Le Grand prêtre doit s’immerger cinq fois en ce jour et se laver dix fois (de l’eau chaude est ajoutée la veille à l’eau froide du bain rituel si le Grand prêtre est de constitution fragile). Un drap de lin est étendu entre lui et l’assemblée lors de ses ablutions. Après la première, il revêt un habit cousu d’or, lave ses mains et ses pieds, abat l’offrande perpétuelle du matin, procède aux aspersions du sang de l'animal, pénètre dans l’enceinte pour faire brûler l’encens du matin, rallumer les bougies, offrir la tête, les organes, l’oblation et le vin.

On le mène ensuite dans la salle des fourrures (lishkat haparva) où, isolé du public par un drap de lin, il s’immerge une nouvelle fois et revêt des habits de lin. On lui présente ensuite un taureau précisément orienté ; il impose ses deux mains sur lui, confessant ses fautes et celles de sa maison, selon une formule rituelle s’achevant sur le verset du Lévitique 16:30. L’assemblée répond alors « béni soit le Nom dont la gloire du royaume est à jamais ». Il se dirige ensuite à l’est de la cour où deux hauts dignitaires l’attendent ainsi que deux boucs et une urne avec deux goralot (lots pour effectuer le tirage au sort) ; Jésus Ben Gamla les avait faits d’or, alors qu’il étaient originellement en bois, et était loué pour cela.

Poursuivant son élan, la Mishna évoque avec les mêmes compliments Ben Kattina, Monobaz d’Adiabène, sa mère Hélène et Nicanor (probablement un parent des alabarques d’Alexandrie[13]) pour les améliorations qu’ils avaient apportées au Temple. Elle voue ensuite à l’opprobre les gens de la maison de Garmou pour n’avoir pas voulu enseigner comment préparer le pain de présentation, ceux de la maison d’Avitnas pour n’avoir pas voulu enseigner la composition de l’encens, Hugros ben Levi pour n’avoir pas voulu enseigner comment chanter et Ben Kamtzar pour n’avoir pas voulu enseigner comment écrire.

Le Grand prêtre offrant le bouc expiatoire (H. Davenport Northrop, 1894)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. cf. T.B. Roch Hachana 21a
  2. Lévitique 16:2-5
  3. Lévitique 6-13
  4. Lévitique 14-19
  5. Lévitique 20-22
  6. Lévitique 23-28
  7. Nombres 29:7-11
  8. cf. Mishna Yoma 3:6, 4:1, 4:5-6, …
  9. T.J. Yoma 1:1 (38c) ; T.B. Yoma 9b
  10. Mishna Yoma 1:5
  11. T.B. Yoma 9a
  12. Rachi sur T.B. Yoma 8a
  13. Heinrich Grätz, Die Jüdischen Ethnarchen oder Alabarchen in Alexandrien, in Monatsschrift für die Geschischte und Wissenschaft des Judenthums, 1876

Voir aussi[modifier | modifier le code]