Théophile le Protospathaire

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Théophile le Protospathaire
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IXe siècle ou Xe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata

Théophile le Protospathaire (en grec Θεόφιλος ὁ Πρωτοσπαθάριος) est un médecin byzantin, auteur de plusieurs traités et commentaires médicaux. Il est aussi qualifié dans les différents manuscrits de φιλόσοφος (philosophe), μοναχός (moine), ἀρχιατρός (médecin-chef), ἰατροσοφιστής (professeur de médecine).

Datation[modifier | modifier le code]

L'époque où il a vécu a été très débattue : on l'a souvent situé au début du VIIe siècle, et il aurait été le maître d'Étienne d'Athènes[1], auteur d'un commentaire très proche aux Aphorismes d'Hippocrate, qui serait un développement à partir de celui de Théophile. Des recherches de Leendert G. Westerink semblent avoir établi qu'il a plutôt vécu au IXe siècle[2]. Ce savant a corrigé l'intitulé incompréhensible de plusieurs manuscrits (Ἀφορισμοὶ τοῦ Ἱπποκράτου (sic[3]) γραφέντες παρὰ Θεοφίλου πρωτοσπαθαρίου καὶ ἐπὶ τοῦ χρόνου τρίτου μετὰ τῶν σχολίων αὐτῶν changé en [...]ἐπὶ τοῦ χρ(υσ)οτρι(κλίν)ου[...]) : Théophile était donc un protospathaire ayant reçu les insignes de sa dignité dans la salle du Grand Palais appelée le Chrysotriklinos. Deux lettres du patriarche Photius (n°123 et 193) sont adressées à un « Théophile le Protospathaire » (et « sacellaire » dans la seconde), mais rien dans leur contenu ne confirme (ni d'ailleurs n'interdit) une identification avec l'auteur médical. Les manuscrits conservés les plus anciens datent du Xe siècle[4], terminus ante quem. Sinon, on peut relever qu'il témoigne dans ses traités d'une grande piété chrétienne (remerciant Jésus-Christ au début et à la fin).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Les ouvrages qui lui sont attribués sont :

  • un traité De l'organisation de l'homme (Περὶ τῆς τοῦ ἀνθρώπου κατασκευῆς), consacré à l'anatomie et à la physiologie, en cinq livres, dont les quatre premiers sont essentiellement un abrégé du De usu partium corporis humani de Galien, et le cinquième emprunte au De genitura et au De natura pueri d'Hippocrate ;
  • un traité Sur les urines (Περὶ οὖρων), la plus importante monographie byzantine sur le sujet avant celle de Jean Actuarius ;
  • un traité Sur les excréments (Περὶ διαχωρημάτων) ;
  • un traité Sur les pouls (Περὶ σφυγμῶν) ;
  • un traité Sur les différentes fièvres (Περὶ διαφόρων πυρετῶν) ;
  • un commentaire sur les Aphorismes d'Hippocrate[5]
    • Philothei medici praestantissimi commentaria in aphorismos Hippocratis nunc primum e graeco in latinum sermonem conversa, trad. Luigi Corado (?), de Mantoue, 1581 : numérisation Google ; numérisation Medic@.

Certains manuscrits portent deux autres noms, « Philothée » et « Philarète » (ce dernier surtout dans la tradition arabe), mais la majorité des spécialistes considèrent qu'il s'agit d'un seul et même auteur[6]. On a pu aussi distinguer deux Théophile différents[7]. Les traités Sur les urines et Sur les pouls ont été très diffusés au Moyen Âge : en Occident, ils figuraient dans l'Articella, la collection de textes fondamentaux établie au XIIe siècle par l'école de Salerne. Ils ont inspiré Gilles de Corbeil.

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Friedrich Reinhold Dietz (éd.), Apollonii Citiensis, Stephani, Palladii, Theophili, Meletii, Damascii, Ioannis, aliorum Scholia in Hippocratem et Galenum e codicibus mss. Vindobonens., Monacens., Florent., Escorialens., etc., Kœnigsberg, 1834 (réimpr. Amsterdam, 1966), 2 volumes, II, p. 236-544.
  • William Alexander Greenhill (éd.), Θεοφίλου Πρωτοσπαθαρίου Περὶ τῆς τοῦ ἀνθρώπου κατασκευῆς. Theophili Protospatharii De corporis humani fabrica. Libri V, Oxford, 1842.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cet auteur médical a été identifié à Étienne d'Alexandrie : voir Wanda Wolska-Conus, « Stéphanos d'Athènes et Stéphanos d'Alexandrie : Essai d'identification et de biographie », Revue des études byzantines 47, 1989, p. 5-89.
  2. Voir Leendert Gerrit Westerink (éd.), Stephanus of Athens. Commentary on Hippocrates' Aphorisms, editio princeps, CMG XI, 1, 3, 1 (sect. I et II), 2 (sect. III et IV), Berlin, 1985 et 1992 ; Wanda Wolska-Conus, « Stéphanos d'Athènes (d'Alexandrie) et Théophile le Prôtospathaire, commentateurs des Aphorismes d'Hippocrate, sont-ils indépendants? », Revue des études byzantines 52, 1994, p. 5-68, et « Sources des commentaires de Stéphanos d'Athènes et de Théophile le Prôtospathaire aux Aphorismes d'Hippocrate », Revue des études byzantines 54, 1996, p. 5-66.
  3. La forme correcte est Ἱπποκράτους.
  4. Le Vat. gr. 2254, contenant le commentaire aux Aphorismes, est du Xe siècle. Le Marc. gr. V 12 (coll. 1317), autrefois Nanianus 246, contenant le De corporis humani fabrica, date d'entre le Xe et le XIIe siècle.
  5. L. G. Westerink maintient quelque doute sur le rôle de Théophile dans la constitution du commentaire transmis sous son nom : auteur, ou plus modestement copiste des scholies. Le commentaire de Théophile, très proche de celui d'Étienne d'Athènes, a été beaucoup plus répandu du fait de sa plus grande concision.
  6. Owsei Temkin, « Geschichte des Hippokratismus im ausgehenden Altertum », Kyklos 4, 1932, p. 1-80 ; contre l'identification Théophile-Philarète, Charles Homer Haskins, Studies in the History of Medieval Science, Harvard University Press, 1924, p. 369. L'origine du problème est que « Φιλόθεος » et « Φιλάρετος » peuvent être des noms propres, mais aussi de simples qualificatifs.
  7. Heinrich Haeser, Lehrbuch der Geschichte der Medizin und der epidemischen Krankheiten, Iena, 1875, p. 461-63 ; pour l'attribution des traités et du commentaire à un seul auteur, Owsei Temkin, Byzantine Medicine: Tradition and Empirism, Dumbarton Oaks Papers 16, 1962, p. 110.

Liens externes[modifier | modifier le code]