Spintria

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Spintriae de Pompéi

Une spintria (pluriel : spintriae ) ou spintrienne ou plus exactement tessère spintrienne est un jeton de la Rome antique décrivant un symbole ou un acte sexuel dont on pense qu'il servait soit à payer l'entrée dans les lupanars, soit qu'ils étaient utilisés à l'intérieur de ces établissements. Ils sont estimés avoir été frappés entre 22 et 95 après J.-C.[1],[2]

Description[modifier | modifier le code]

Ces jetons érotiques sont appelés spintriae ou tessères spintriennes par dérivé du mot latin spintria utilisé par Suétone[3] ou Tacite pour qualifier les scènes de débauches de l'empereur Tibère. L'étymologie renverrait au grec ancien σφιγκτήρ (sphinktḗr, c'est-à-dire le sphincter) et serait liée originellement à la prostitution masculine[4].

Ces pièces, principalement en bronze (parfois en laiton), sont caractérisées par une scène érotique sur une face et un chiffre de I à XVI sur l'autre face.

Usage[modifier | modifier le code]

L'usage de ces tessères reste énigmatique. Trois hypothèses ont été formulées. Une première explication a été avancée en qu'elles servaient à payer l'entrée dans les lupanars publics, le numéro figurant sur la pièce pouvant être celui d'une chambre, comme semble l'attester une fouille récente[Quand ?] sur le site de Pompéï. Selon une deuxième hypothèse, le numéro pourrait faire référence à un prix, la tessère pouvant rétribuer ainsi un service de nature sexuelle. Enfin, certains auteurs considèrent qu'il pouvait ne s'agir que de jetons ludiques destiné à un jeu dont on ne sait ni les règles, ni le nom. Le rapport entre les spintriae et les lupanars est l'explication la plus communément admise. Le recours à des jetons s'expliquant par l'interdiction par Tibère d'introduire des monnaies à l’effigie de l'empereur au sein de ces lieux de débauche[5].

Particularités[modifier | modifier le code]

Certaines tessères spintriennes décrivent des scènes homosexuelles[6].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (it) B. Simonetta et R. Riva, Le Tessere Erotiche Romane, Lugano, Editore Franco Chiesa, 1981, p. 35.
  2. (en) T. V. Buttrey, « The Spintriae as a Historical Source », in: Numismatic Chronicle, Royal Numismatic Society, 1973, p. 57.
  3. Ainsi dans Vie des douze Césars, Tibère, chapitre 43 : "quot spintrias appellabat".
  4. (en) Geoffrey Fishburn, « Is that a spintria in your pocket, or are you just pleased to see me ?», in: University of Queensland, Australie, p. 10, note 2 — sur Archive.org.
  5. Le Guennec 2017, p. 424.
  6. [1]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Adeline Le Guennec, « De l’usage de jetons à motifs érotiques : les spintriae romaines », Bulletin de la Société Française de Numismatique, vol. 72 « Sensualité et sexualité en numismatique », no 10,‎ , p. 421-426 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]