Rue d'Aubagne

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Rue d'Aubagne
Situation
Coordonnées 43° 17′ 39″ nord, 5° 22′ 53″ est
Arrondissement 1er et 6e
Tenant Place Paul-Cézanne
Aboutissant Rue des Récolettes
Morphologie
Type Rue
Longueur 513 m
Largeur m
Histoire
Anciens noms Chemin de la Tuilière
Chemin de Notre-Dame du Mont
Géolocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rue d'Aubagne

La rue d'Aubagne est une voie marseillaise située dans le 1er et le 6e arrondissement de Marseille. Elle va de la rue des Récolettes à la place Paul-Cézanne après avoir franchi le cours Lieutaud par un pont. Un autre pont (uniquement piétonnier), qui traverse la rue d'Aubagne et passe également au-dessus du cours Lieutaud, permet de relier la rue Estelle au cours Julien.

Description générale

La rue d'Aubagne était, avant l'arrivée du métro, une rue très passante dont les commerces étaient surtout spécialisés dans les meubles et la joaillerie. Comme beaucoup de rues du quartier Noailles, on y trouve désormais de nombreux restaurants maghrébins et africains à prix modiques ainsi que des boutiques qui vendent des produits (artisanat, épices, fruits secs, céréales, …) provenant des pays méditerranéens, africains ou asiatiques[1].

La construction des deux ponts qui enjambent le cours Lieutaud fut décidée par le Conseil municipal du 23 février 1866, précisément à la suite du percement du cours. Originellement érigé en béton armé, le pont de la rue d'Aubagne s'effondra le 5 juillet 1867 lors de son décoffrage, effectué bien trop tôt avant la prise complète du matériau. L'accident fit cinq morts parmi les ouvriers présents au moment du drame. La technique de construction au moyen du béton armé venait à peine d'être découverte. Innovant, mais loin d'être au point, les ingénieurs abandonnèrent ce procédé et recoururent finalement à une structure entièrement composée d'acier.

Dans la rue

  • Au no 3 : la Maison Empereur, fondée en 1827, la plus vieille quincaillerie de France en activité, une véritable institution à Marseille[2].
  • Au no 8, à l'angle de la rue Méolan, il existait une fabrique de cartes à jouer créée en 1760 par Nicolas Conver, fabrique qui deviendra par mariage la Maison Camoin. Nicolas Conver grava le Tarot de Marseille de Nicolas Conver, l'un des plus anciens et des plus respectés tarots réellement de Marseille.
  • Au no 15bis, à l'angle de la rue Longue-des-Capucins, se déroula le 27 juin 1772 chez Mariette Borrelly l'évènement à l'origine de l'affaire dite de Marseille qui fut l'un des grands scandales de la vie du Marquis de Sade. Séjournant cet été-là dans son château de Lacoste dans le Luberon, Sade fait une virée à Marseille pour régler des affaires d'argent. Il profite de l'occasion pour s'amuser aussi et charge son valet Latour, qui l'accompagnait, de recruter des jeunes femmes en vue d'une partie de libertinage. Latour a vite fait de satisfaire la demande de son maître en achetant les services de Marianne Laverne, Mariannette Laugier, Marguerite Coste et Mariette Borrelly. C'est chez cette dernière que tout le monde se retrouve. Pour attiser l'ardeur de ces dames, Sade offre des bonbons à l'anis qui étaient en fait des pastilles de cantharide pilée, réputées aphrodisiaques. L'effet de la cantharide fait que les prostituées tombent malades et que l'une d'elles, Marguerite Coste, se croyant empoisonnée, se rend une semaine plus tard à la police pour dénoncer le Marquis. Il s'ensuivra pour Sade des poursuites, une fuite en Italie avec Latour et sa belle-sœur Anne-Prospère de Launay, une condamnation à mort par contumace, une arrestation à Chambéry par ordre du roi de Sardaigne et une évasion rocambolesque avec l'aide de Madame de Sade. La maison où habitait Mariette Borelly a été détruite au XIXe siècle et remplacée par un autre immeuble.
  • Au no 45 : "Cet impressionnant local dont la voûte en arcs brisés repose sur deux rangées de sept piliers n'a pas bougé mais ses occupants se sont succédé avec entrain et sans souci de continuité''[3]. Cela commence par un monastère des augustins bâti au milieu du XIIIe siècle que les frères abandonneront en 1361. Au XVIe siècle, les lieux furent transformés en entrepôts par une dynastie de riches négociants et banquiers d'origine suisse, les Sollicoffre. Mais leurs descendants tombent en faillite en 1739 et les locaux sont rachetés par l’imprimeur Auguste Mossy qui sera nommé maire de la municipalité du Centre le . Il y installe la mairie, une des trois créés à Marseille par la Constitution de l’an VIII, jusqu'à ce que la loi du 6 mars 1805 réinstaure la mairie unique. Les bâtiments qui ont aussi abrité une salle de jeu de paume, accueilleront ensuite des cours communaux, puis une "école spéciale de musique et de chant" avant que n'y soit créée en 1855 une salle de ventes qui ne fermera qu'en 1981. On peut d'ailleurs encore lire l'appellation "commissaire-priseurs" gravée au-dessus de la grille ouvrant sur la cour. L'adresse est désormais celle d'une salle de spectacles, Daki Ling, le jardin des muses.
  • Sur la petite place, à l'intersection des rues d'Aubagne, de l'Arc et Moustier : le buste en marbre d'Homère, sculpté par Étienne Dantoine en 1803 et supporté par une colonne provenant des cryptes de l'abbaye Saint-Victor.
  • Au no 92 : l'église conventuelle des bénédictins bâtie en style néo-gothique par l'abbé Alphonse Coulin, début 1860[4]. Après le départ des religieux en 1880, l'église sert de chapelle pour le patronage des pères de Timon-David. En 1935, elle est divisée en trois niveaux superposés abritant en sous-sol une salle de cinéma, au rez-de-chaussée le Théâtre Mazenod et dans la partie supérieure le culte des Arméniens catholiques qui sera remplacé par un théâtre de mimes, La Nef, créé par Jacques Durbec. À l'heure actuelle, seul le Théâtre Mazenod continue de fonctionner.

Bibliographie

  • André Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les éditions de minuit, Paris, 1961.
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 2001, (ISBN 2-86276-372-1).
  • François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007, (ISBN 978-2-35179-002-1).

Références

  1. « Descendre la rue d'Aubagne, à n'importe quelle heure, était un voyage. Une succession de commerces, de restaurants, comme autant d'escales. Italie, Grèce, Turquie, Liban, Madagascar, La Réunion, Thaïlande, Viêt-nam, Afrique, Maroc, Tunisie, Algérie. Avec en prime, Arax, la meilleure boutique de loukoums. » Jean-Claude Izzo, Total Khéops, Série Noire-Gallimard, 2004, p. 90 (ISBN 2-07-042390-5)
  2. france3Provence – Prioriterre dans le temple de la quincaillerie marseillaise - Video sur You Tube
  3. François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007, p. 56
  4. fiche sur le site PSS