Nirmala Purandare

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Nirmala Purandare
Nirmala Purandare en 2006.
Biographie
Naissance
Décès
(à 86 ans)
Pune (Inde)
Nom de naissance
Kumud Majgaonkar
Activité
Militante sociale
Conjoint
Babasaheb Purandare

Nirmala Purandare, née Kumud Majgaonkar le à Baroda (Gujarat) et morte le à Pune (Maharashtra), est une militante sociale[1],[2] indienne, fondatrice ou cofondatrice de diverses organisations liées à l’éducation dans les villages du Maharashtra et à l’amitié franco-indienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Nirmala Purandare naît en 1933 à Baroda (Gujarat), d’un père entrepreneur en bâtiment[3]. À la suite de difficultés financières, la famille déménage à Satara (Maharashtra). Faute d'école secondaire sur place, elle fait ses études à Baroda. Elle accepte de se marier à 16 ans avec le futur historien Babasaheb Purandare[4], car la famille Purandare est d’accord pour lui permettre de terminer sa scolarité à Baroda chez son frère aîné Shrikand Majgaonkar. Plus tard, elle aide celui-ci dans la publication d’un hebdomadaire marathi Manus[5] qui traite de problèmes ruraux et sociaux. En sa compagnie, son esprit s’ouvre à l’action sociale. Nirmala donne naissance à une fille, Madhuri (en 1952), et deux fils, Amrut et Prasad. Épouse et mère, elle réunit déjà des enfants pour des activités d’éveil (saynètes, sorties, écriture…). En 1957, elle rejoint le bureau de Vidyarthi Sahayyak Samiti - Students Welfare Association (SWA)[6],[7], association de Pune dont le but est d’aider les étudiants de la campagne qui viennent étudier en ville, notamment pour leur hébergement.

Promotion de l’amitié et de la coopération franco-indiennes[modifier | modifier le code]

Au milieu des années 1960, l'indianiste français Guy Deleury qui a obtenu en 1953 son doctorat à l'université de Pune (Maharashtra), se lie d’amitié avec Achyut Apte, ingénieur hydraulicien indien qui avait fait plusieurs stages à Grenoble, chacun découvrant la culture de l’autre. Guy Deleury souhaite faire partager au plus grand nombre cette expérience qu'il estime enthousiasmante. À cette fin, en 1967, ils projettent le séjour d’un groupe de Français en Inde qu’ils intitulent « plongée à Poona[8] ». Informée de ce projet, Nirmala Purandare prépare avec Achyut Apte (qu’elle avait côtoyé au SWA) l’accueil de ce groupe ; pour ce faire, ils fondent l’Association Friends of France (AFF) la même année[5] . Côté français est créé le Mouvement des Amis de Poona (MAP)[9].
En 1970, après quatre « plongées » des Français, l’AFF envoie à son tour un groupe d’Indiens en France.
En 1970-1971, le MAP invite Nirmala en France pour un séjour d’une année. Elle voyage à travers le pays (Paris, Besançon, Metz, Nancy…) et l’Europe, apprend le français, s’informe sur les différentes pratiques pédagogiques, accumule les expériences[3].

Texte alternatif pour l'image
Nirmala Purandare en visite dans une école de Saint-Martin-la-Plaine (Loire) en 2008.

Depuis 1972, l’association Perspectives Asiennes, émanation du MAP, organise de nombreux séjours en France et en Inde[10].
À partir de 2001, à l’instigation de Nirmala, l’association Entr’Inde a accueilli en France divers groupes d’Indiens[11] (architectes, fermiers, institutrices[12],[13],[14]).

Fin 2016, l'AFF fête ses 50 ans d’existence en présence de Nirmala Purandare[15].

Promotion féminine et éducation des enfants dans les villages[modifier | modifier le code]

Au retour se son séjour en France en 1971, Nirmala Purandare rejoint l’association Investment in Man[16] fondée par Achyut Apte et les associés de SWA, dont la préoccupation est la vie rurale, la condition féminine, l’éducation des enfants, l’abandon scolaire. Pour Nirmala, la promotion féminine et l’éducation des enfants vont de pair[17]. Elle commence à fonder des écoles maternelles (balwadis)[18] et former des jeunes filles pour y enseigner. Souvent, ces jeunes filles n’avaient pas fait beaucoup d’études, certaines mariées précocement. Il fallait convaincre les familles qu’une formation d’institutrice ne les empêcherait pas d’assumer leurs tâches habituelles à la maison et aux champs. Il fallait aussi convaincre de l’importance de l’éducation précoce, montrer que le projet n’avait pas de sous-entendu politique. La première classe maternelle est créée en 1977 à Lonikand dans le district de Pune avec la collaboration d’une institutrice de la ville, dans le cadre de Investment in Man. Là, les villageois ont compris les changements chez les enfants (langage, discipline, hygiène...). Il a fallu encore convaincre les filles de suivre une formation (ce qui implique de sortir de chez elles, ce qui n’était pas habituel). La première session de formation de 6 mois est lancée en 1979 à Shirur, dans le district de Pune, avec comme programme : développement personnel, confiance en soi, psychologie de l’enfant[3].

Création de l’ONG Vanasthali Rural Development Centre[modifier | modifier le code]

En 1981, Nirmala fonde Vanasthali Gramin Vikas Kendra (en anglais, Vanasthali Rural Development Centre, soit VRDC)[19] avec l’aide de l’AFF et d’Investment in Man. Avec trois collaboratrices, elle réussit dans ses tournées à convaincre les villageois afin d'obtenir des locaux pour la formation. Celle-ci s’adresse à des femmes entre 18 et 25 ans qui ont suivi l’école au moins jusqu’en septième (correspond à la cinquième dans le système français). Les sujets abordés sont : santé de l’enfant, psychologie, jeux, chansons, nutrition, planning familial, budget familial, travaux manuels à partir d’éléments de récupération... pour stimuler la création, la confiance en soi, améliorer leur statut au sein de la famille et les rendre capables de prendre des responsabilités, de devenir institutrices en maternelle (balwadi), ou dans des classes d’éveil et de soutien (« hobby classes ») en complément des écoles d’état[20]. Ces formations sont organisées régulièrement dans le district de Pune puis dans tout le Maharashtra, jusqu’à Udgir (district de Latur), dans une zone tribale aux confins de l’état[3].

Texte alternatif pour l'image
Nirmala Purandare (à droite) avec des enseignantes du centre VRDC de Saswad (Maharashtra) en 1995.

Pendant la présidence de Nirmala Purandare 11 000 femmes[5] sont ainsi formées et plus de 210 balwadis créés dans 9 districts du Maharashtra[6]. D'autres actions sont mises en œuvre comme les camps de développement de la personnalité, les bibliothèques itinérantes, la formation d'aides soignantes, le financement de plus de 250 blocs sanitaires dans les villages.

Nirmala a rédigé un manuel de cours qui a obtenu l'approbation du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF). Ce livre simple a été développé pour que toute jeune femme connaissant les bases de la lecture et de l'écriture puisse apprendre à devenir enseignante[5].

Famille[modifier | modifier le code]

Nirmala était l’épouse de Babasaheb Purandare, historien, spécialiste de Chhatrapati Shivaji Maharaj, la mère de Madhuri Purandare, écrivaine, illustratrice[21] et chanteuse, d’Amrut Purandare, responsable d’un studio d’édition, d’animation et de photographie, et de Prasad Purandare, président de l’académie de théâtre de Pune[22].

Mort[modifier | modifier le code]

Nirmala meurt le [23],[19] après une douloureuse maladie pendant laquelle elle n’a cessé de se soucier de VRDC, « la Famille de Vanasthali », comme elle se plaisait à appeler ses collaboratrices (et quelques collaborateurs). Son œuvre se perpétue avec l’équipe qu’elle a formée[3].

Publications[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • Prix Adishakti de la Fondation Dinanath Mangeshkar en 1998
  • Prix Savitribai Phule du gouvernement du Maharashtra en 2001[5]
  • Prix Baya Karve de l’institut Maharshi Karve en 2003-2004[24]
  • Sadguru Gnanananda Seventh National Awards en 2006[25]
  • B.G. Deshmukh (en) Memorial Life Time Achievement Award en 2011[26]
  • Yashwantrao Chavan Puraskar
  • Prix Punyabhushan de la municipalité de Pune en 2012[27]


Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l’article[modifier | modifier le code]

  • (en) Baya Karve Women's Study Centre (trad. du marathi par Meenal Joshi), Trail Blazers : Profiles of Baya Karve Awardees [« कर्त्या - करवित्या »], Pune (Inde), Mrinalini Chitale,‎ (ISBN 978-93-80572-66-6, présentation en ligne), chap. 10 (« Force behind Vanasthali »). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Ouvrage proche du sujet de l’article[modifier | modifier le code]

  • (mr) Manik Kotwal, <आत्मसिद्धा निर्मला पुरंदरे आणि मिशन 'वनस्थळी'ची चरितकथा [« Confiance en soi ; biographie de Nirmala Purandare ; sa "mission" Vanasthali »], Pune (Inde), Continental Prakashan,‎ , 259 p. (ISBN 9788174211620, présentation en ligne)

Roman[modifier | modifier le code]

  • Marie Saglio dédie son roman Bombay[28] à Nirmala Purandare : « À Nirmalataï[29] (1933-2019), une promesse, celle d'éprouver ce monde »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Catherine Bédarida, « Le Monde de l'éducation, Numéro 164 », sur books.google.fr, (consulté le ) : « Dans les bonnes familles, elles ne portent de saris qu'en soie. Pourtant , Nirmala Purandare , épouse d'un historien de renom , ne quitte jamais le coton. Militante sociale depuis trente ans , elle a mis son charisme personnel au service de l'éducation des Indiens les plus pauvres », p. 74.
  2. Guy Barthélemy, « Les fourmis d'Albert Schweitzer », sur Gallica, (consulté le ) : « À Pune, par exemple, nous avons eu le privilège de partager un peu des projets de Nirmala Purandare, du Dr Modak, autant de cœurs intrépides qui transforment peu à peu la misère des parias, malgré mille difficultés », p. 296.
  3. a b c d et e (en) Baya Karve Women's Study Centre (trad. du marathi par Meenal Joshi), Trail Blazers [« कर्त्या - करवित्या »] [« Les pionnières »] (Biographies de 18 femmes indiennes ayant reçu le prix Baya Karve récompensant les personnes qui ont eu une contribution exemplaire dans le domaine de l'éducation et du travail social pour les femmes), Pune (Inde), Mrinalini Chitale,‎ , 272 p. (ISBN 978-93-80572-66-6, présentation en ligne), partie 10, p. 126 à 140
  4. (en) Manasi Saraf Joshi, « Nirmala Purandare overcame all challenges to win », sur thebridgechronicle.com, (consulté le ).
  5. a b c d et e (en) Tanuja harad, « Nirmala Purandare », sur map.sahapedia.org, (consulté le ).
  6. a et b (en) Rasika Dhavse, « A balwadi in every village », sur indiatogether.org, (consulté le ).
  7. (mr) « विद्यार्थी साहाय्यक समिती – विद्यार्थी साहाय्यक समिती (समिती) ही पुणे येथे (महाराष्ट्र राज्य / भारत) एक गैर-सरकारी सेवाभावी संस्था आहे आणि तेथे राहण्याची व्यवस्था, बोर्डिंग सुविधा उपलब्ध आहेत trad.: Vidyarthi Sahayyak Samiti est une organisation caritative non gouvernementale basée à Pune (Maharashtra, Inde) qui propose un hébergement et des internats », sur samiti.org (consulté le ).
  8. Nom de Pune de 1818 à 1978
  9. « Perspectives asiennes : l'Inde autrement », sur perspectives-asiennes.org (consulté le ).
  10. « Partir en Inde », sur Perspectives asiennes (consulté le ).
  11. « Séjours à thème », sur entrinde.vanasthali.com (consulté le ).
  12. (en) Manjiri Damle, « Teachers charm the French », Times of India, Pune,‎
  13. « Saint-Martin-la-Plaine. Des institutrices indiennes de passage dans la commune », Le Progrès,‎
  14. Ludovic Tomas, « Des échanges pour se changer », Résistances,‎ , p. 12
  15. (en) Sham Dhavale, Girish Doshi et Aparna Sabale, « The French Connection », Pune Times Mirror,‎
  16. (en) « Investment In Man (IIM) Trust », sur iimtrust.org (consulté le ).
  17. (en) Vinod Khanna, Making Dreams Come True: The Story of the Tech Mahindra Foundation, Penguin UK, (ISBN 978-93-5118-807-0, lire en ligne)
  18. (en) Frances Maria Yasas, Exploring Feminist Visions, Streevani/Ishvani Kendra & International Association of Schools of Social Work, Vienna, (lire en ligne), p. 48 :« Nirmala Purandare, for example, has organized a movementof 'Balwadi (a pre-primary school) for every village' training local women to be the teachers »
  19. a et b (en) « Nirmala Purandare, activist and educationist, dies at 86 », sur The Indian Express, (consulté le ).
  20. Christophe Boisbouvier, Croissance des jeunes nations ; numéro 277, , p. 28 et 29 :

    « Pragmatisme, bonne connaissance du milieu, les raisons de ces premiers succès sont là. Avec un petit plus : l'Association Vanashtali, de Nirmala Purandare, a mis au point un enseignement pédagogique remarquablement adapté au terrain. Nutrition et santé de l'enfant, législation sociale, psychologie de l'enfant, toute la puériculture de base est enseignée aux futures maîtresses d'école »

  21. (en) Pooja Pillai, « Tell me the story of a moustache », sur indianexpress.com, (consulté le ).
  22. (mr) Pooja Vichare, « (Trad.) Décès de Nirmalatai Purandare, épouse de Shivshahir Babasaheb Purandare », sur timesnowmarathi.com, (consulté le ).
  23. « Social worker and educationist Nirmala Purandare no more », The Times of India,‎ (ISSN 0971-8257, lire en ligne, consulté le )
  24. (en) « Baya Karve Award », sur maharshikarve.ac.in (consulté le ) : « Maharshi Karve Stree Shikshan Samstha honor a lady for her exemplary contribution in the field of education and social work for women ».
  25. (en) « Celebrating social initiative-2 », sur thehinduimages.com, (consulté le ).
  26. (en) Swasti Chatterjee, « Today, reward for senior citizens who made a difference »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur archive.indianexpress.com, (consulté le ).
  27. (en) « Purandare to continue to work for rural women, kids », sur Sakaal Times, (consulté le ).
  28. Marie Saglio, Bombay, Serge Safran, , 399 p. (ISBN 979-10-97594-78-7), p. 7
  29. Appellation à la fois respectueuse et affectueuse qui signifie "Grande sœur Nirmala"

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Guy Deleury

Liens externes[modifier | modifier le code]