Matériau du patrimoine

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Un matériau du patrimoine est un matériau, provenant d'un objet patrimonial, et dont une des valeurs est d'apporter des informations sur l'histoire matérielle de l'objet en question. Il s'agit donc d'un matériau ancien qui se distingue des autres matériaux de cette catégorie par le fait que l’objet auquel il se rattache a été patrimonialisé, c'est-à-dire reconnu par une instance ou institution patrimoniale.

Types de matériaux du patrimoine[modifier | modifier le code]

Les matériaux du patrimoine sont d'une extrême diversité, dans la mesure où tous les objets susceptibles d'avoir été créé par les êtres humains ou prélevés dans leur environnement sont susceptibles d'être retrouvés dans les collections des institutions patrimoniales (musées, centres d'archives, bibliothèques, monuments et sites patrimoniaux).

Pour les matériaux les plus anciens, il y a néanmoins un impact fort de l'altération différentielle des objets (biais taphonomique), qui fait que certaines catégories de matériaux sont retrouvés préférentiellement : ossements, matériaux lithiques, métaux, céramiques.

L'importante attention portée aux bâtiments et monuments historiques est également la source de nombreux travaux portant sur les matériaux de la construction : pierre, mortiers et ciments, bois, matériaux de couverture, vitrail (en particulier dans le contexte français).

Étude des matériaux du patrimoine[modifier | modifier le code]

L'étude des matériaux du patrimoine a connu un important développement au cours du vingtième siècle pointé par de nombreux auteurs[1],[2],[3].

Elle a en particulier bénéficié des développements des méthodes de datation, d'imagerie et d'identification chimique des composés[4]. La non invasivité (l'absence de prélèvement) ou la non destructivité des analyses sont des critères importants dans le choix des méthodes analytiques[5].

Ces méthodes sont mises en œuvre dans des protocoles analytiques qui couplent en général des approches complémentaires, et dont la séquence est critique au regard de la fiabilité du résultat obtenu, leur mise en œuvre résulte également de constructions interdisciplinaires[6].

Les matériaux du patrimoine sont caractérisés par une forte hétérogénéité, tant due à leur origine, à leur modification au cours du temps (usage, ré-emploi, restauration), qu'aux processus d'altération qu'ils ont subis.

Certaines de ces méthodes sont communes à celles utilisées en archéométrie, quand d'autres sont parfois plus spécifiques à certains types de patrimoine et mises en œuvre avec des contraintes très spécifiques du fait du statut patrimonial des sites : relevé des bâtiments, imagerie des œuvres picturales en musée, prise en compte des interactions avec les publics (comme en témoigne de très grandes opérations d'étude ou de restauration menées dans le musée directement[7],[8]), etc.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Mohen, « Tous semblables, tous différents, les laboratoires des musées », sur www.openbibart.fr, (consulté le )
  2. Luc Robbiola, Caractérisation et propriétés des "matériaux culturels"... vers une nouvelle discipline en Science des Matériaux (thèse d’habilitation à diriger les recherches en chimie), Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, (HAL tel-00493988, lire en ligne)
  3. (en) K. Janssens et R. Van Grieken, Non-destructive Micro Analysis of Cultural Heritage Materials, Elsevier, (ISBN 978-0-08-045442-9, lire en ligne)
  4. (en) Gilberto Artioli, Scientific Methods and Cultural Heritage: An introduction to the application of materials science to archaeometry and conservation science, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-157635-5, lire en ligne)
  5. (en) Loïc Bertrand, Sylvain Bernard, Federica Marone et Mathieu Thoury, « Emerging Approaches in Synchrotron Studies of Materials from Cultural and Natural History Collections », dans Analytical Chemistry for Cultural Heritage, Springer International Publishing, coll. « Topics in Current Chemistry Collections », (ISBN 978-3-319-52804-5, DOI 10.1007/978-3-319-52804-5_1, lire en ligne), p. 1–39
  6. Loïc Bertrand, Jean-Paul Demoule, Loïc Langouet et Martine Regert, « Archéologie (Traitement et interprétation). L'archéométrie », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  7. « Les secrets du vrai visage de l'Agneau mystique de Van Eyck », sur Sciences et Avenir, (consulté le )
  8. « Un dessin caché sous La Ronde de nuit de Rembrandt révèle la fabrique du chef-d'œuvre », sur Connaissance des Arts, (consulté le )