Lignée béringienne ancienne

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Pont terrestre de la Béringie pendant le Pléistocène supérieur

La lignée béringienne ancienne (notée AB) est une lignée archéogénétique de l'Homme moderne trouvée en Alaska et basée sur le génome d'un nourrisson découvert sur le Site de l'Upward Sun River (en) (noté USR1), daté d'il y a 11 500 ans[1]. La lignée AB a divergé de la lignée paléoindienne (notée ANA) il y a environ 20 000 ans.

Historique[modifier | modifier le code]

L'étude a été faite à partir d'analyses génétiques sur les restes de deux nourrissons de sexe féminin (en) découverts en 2013 sur le site de l'Upward Sun River (USR), en Alaska[1]. Le site de l'USR se rattache à la culture Denali (en), une culture archéologique de l'Arctique américain.

L'analyse génomique de l'ADN nucléaire de l'aîné des deux enfants (USR1) a été effectuée au Centre de géogénétique (en) du Musée d'histoire naturelle du Danemark de l'université de Copenhague. Les résultats ont été publiés en janvier 2018 dans la revue scientifique Nature. L'analyse a comparé le génome du nourrisson avec des génomes anciens et contemporains. On pensait jusque là que la lignée paléoindienne dérivait de la lignée Proto-Mongoloïde (en) datée d'il y a 36 000 ans, avec un flux génétique jusqu'à il y a environ 25 000 ans.

Un autre ancien individu daté de 9 500 ans, issu des grottes Trail Creek dans la péninsule de Seward (Alaska), appartient également au lignage des anciens Béringiens. Un troisième individu daté de 5 600 ans et situé sur le site du lac Big Bear, en Colombie Britannique appartient à un lignage plus récent que les Anciens Béringiens mais qui reste néanmoins antérieur à la divergence des lignages Nord et Sud Amérindiens[2].

Paléoindiens[modifier | modifier le code]

On estime que la lignée des Paléoindiens, ou Anciens Asiatiques du Nord-Est (Ancient Northeast Asian, ANA), s'est formée il y a entre 20 000 et 25 000 ans par un mélange de lignées Proto-Mongoloïde (en) (notée PM) et d'Anciens Eurasiens du nord (en) (notée ANE)[1] :

  • il y a 26 100 à 23 900 ans pour la séparation de la lignée paléoindienne (ANA) des populations modernes de l'Asie du Nord-Est ;
  • il y a 25 000 à 20 000 ans pour l'événement de mélange de l'ANE et des premières lignées Asiatiques de l'Est ancestrales de l'ANA ;
  • il y a 22 000 à 18 100 ans pour la séparation de la lignée Béringienne ancienne des autres lignées Paléoindiennes ;
  • il y a 17 500 à 14 600 pour la séparation des Paléoindiens en lignées Amérindienne du Nord (NNA) et Amérindienne du Sud (SNA).

Ce modèle soutient un premier peuplement de l'Amérique via la Béringie par les Paléoindiens pendant le dernier maximum glaciaire.

Il y a 25 000 à 20 000 ans, cette lignée s'est substantiellement mélangée avec la lignée des Anciens Eurasiens du Nord (en) (ANE) pour former la lignée paléoindienne il y a 20 000 ans.

La lignée Béringienne ancienne (AB) dérivée de l'ANA a persisté sans mélange significatif en Alaska jusqu'à l'époque de l'USR1, environ 8 000 ans plus tard. La lignée des autres Paléoindiens a divergé de la forme AB il y a environ 20 000 à 18 000 ans, puis s'est divisée en lignées Amérindienne du Nord (NNA) et Améridienne du Sud il y a 17 500 à 14 600 ans[1].

Alaska et Yukon[modifier | modifier le code]

La lignée béringienne ancienne est éteinte et n'a pas contribué significativement aux lignées autochtones actuelles en Alaska. Une étude menée en 2018 suggère que la lignée AB a été remplacée ou absorbée par une rétro migration de la lignée NNA (Amérindienne du Nord) en Alaska. Les populations athapascanes modernes sont issues d'un mélange de cette rétro-migration NNA et d'une lignée Paléosibérienne (en) (Paléo-Inuits anciens (en)) qui remonte à environ 2 500 ans[3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Moreno et Mayar, « Terminal Pleistocene Alaskan genome reveals first founding population of Native Americans », sur Nature, Macmillan Publishers Limited (consulté le )
  2. (en) Dorothy First Rider, Annabel Crop Eared Wolf, Alida de Flamingh et al.,Genomic analyses correspond with deep persistence of peoples of Blackfoot Confederacy from glacial times, science.org, 3 avril 2024
  3. Moreno-Mayar et al. (2018), fig. 3, Supplementary Material p. 37. "While the population represented by USR1 most likely occupied interior Alaska at least until 11.5 kya 74 (the age of USR1), it is present-day Na-Dene-speakers who presently occupy the region. Coupled with the geographic distribution of the Na-Dene language family, results showing that USR1 does not carry the Asian-derived ancestry component indicate that such ancestry entered the Americas after 11.5 kya [...] Altogether, these results indicate that the admixture event that gave rise to most Na-Dene-speakers, between NNA and a Siberian population occurred well after 11.5 kya and at least prior to ~2.5 kya (the age of individual 302)."

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Ben A. Potter, Joel D. Irish, Joshua D. Reuther, Carol Gelvin-Reymiller et Vance T. Holliday, « A Terminal Pleistocene Child Cremation and Residential Structure from Eastern Beringia », Science, vol. 331, no 6020,‎ , p. 1058–1062 (PMID 21350175, DOI 10.1126/science.1201581, Bibcode 2011Sci...331.1058P)
  • (en) Ben A. Potter et Joel Irish, « New insights into Eastern Beringian mortuary behavior: A terminal Pleistocene double infant burial at Upward Sun River », PNAS, vol. 111, no 48,‎ , p. 17060–17065 (PMCID 4260572, DOI 10.1073/pnas.1413131111, Bibcode 2014PNAS..11117060P)
  • (en) Michael Price, « Ancient Americans arrived in a single wave, Alaskan infant's genome suggests », American Association for the Advancement of Science, vol. 359, no 6371,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]