Histoire d'Ittenheim

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Ittenheim est une commune du Bas-Rhin, située sur le plateau du Kochersberg. Son Histoire s'inscrit dans le cadre de l'Histoire de l'Alsace.

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Au paléolithique, il y a 40 000 ans, le territoire d'Ittenheim était parcouru par des troupeaux de grands herbivores tels que mammouths, chevaux et bisons[1],[2].

Diverses fouilles archéologiques ont révélé la présence d'habitat, poteries et restes humains appartenant à la culture rubanée (5500 à ) a également été fouillé, comprenant une df|auemi douzaine de structures. Enfin, des éléments datant du groupe épiroessenien () ont été mis au jour[3].

Les travaux archéologiques ont également révélé un fond de cabane du début de l'âge du bronze[4], et des structures datant de l'âge du fer, appartenant à la période de Hallstatt C et de La Tène finale [5].

Antiquité[modifier | modifier le code]

Phalères d'argent aux sangliers provenant du « trésor d'Ittenheim » ; Musée archéologique de Strasbourg

Au Ier siècle av. J.-C., Ittenheim se situe sur le territoire occupé par le peuple celte des Médiomatriques, Après la Bataille de l'Ochsenfeld, la région passe sous domination romaine, et les Triboques puis les Alamans viennent s'installer dans la région.

Plusieurs découvertes archéologiques attestent d'une occupation romaine du Ier au IVe siècle, notamment le « trésor d'Ittenheim » composé d'une patène, de phalères de bronze et d'argent, et d'un étendard[6].

En 357 a lieu sur le territoire d'Ittenheim et dans les environs, la bataille d'Argentoratum (ou bataille du Kochersberg) lors de laquelle l'armée romaine défait les Alamans[6],[7].

Des fouilles archéologiques ont révélé la présence d'une nécropole du bas-empire (350-450 après J.-C.) au nord du village, comprenant 23 sépultures[8]. Ces tombes étaient garnies d'offrandes, principalement bijoux, vaisselle en céramique et en verre, et nourriture (porc, volaille).

Moyen-âge[modifier | modifier le code]

Deux sarcophages en grès ont été découverts près de la RN4, datant de l'ère mérovingienne[9].

Le nom du village, orthographié « Eudinhaine » apparait pour la première fois en 742 dans le manuscrit Traditiones Wizenburgenses. L'origine de ce nom est inconnue, mais pour Marcel Thomann [10], il viendrait de la racine germanique Euthu(z) qui signifie le petit, l'enfant, le descendant. En se basant sur la toponymie des villages du Kochersberg, il émet l'hypothèse que cette région serait un « district équestre », destiné à l'élevage de chevaux à l'époque mérovingienne. Ittenheim serait donc une « puériculture chevaline ».

Lors du Moyen-âge, les habitants de Ittenheim sont réduits à l'état de serfs, comme l'attestent plusieurs actes de vente et donation[11],[12],[13].

En 1507, la famille noble Beger de Geispolsheim vend le village à la ville de Strasbourg.

Époque moderne[modifier | modifier le code]

La Réforme protestante arrive à Ittenheim dans les années 1530.

Durant la guerre de Trente Ans, les villageois doivent se réfugier à Strasbourg.

Bien que le traité de Ryswick donne possession de Strasbourg à la France en 1697, Ittenheim et les autres bailliages ruraux de Strasbourg sont sous la « protection et sauvegarde du Roy »[14] dès 1674.

Au XVIIIe siècle, la population se répartissait entre cultivateurs propriétaires, journaliers, et artisans. Les cultivateurs possédaient environ un tiers des terres du village, et étaient locataires du reste des terres, qui était propriété de communautés religieuses (chapitre Saint-Thomas..., 32% des terres), de communautés laïques (hôpitaux, orphelinats, 24% de terres), les ruraux artisans, et les bourgeois de Strasbourg.

En 1740, le village comporte 119 foyers, dont cinq ne sont pas bourgeois[15]. Un lopin de terre, le Bettelacker, était loué à un particulier en échange de quoi il s'engageait à héberger les mendiants des environs[16].

Révolution et Empire[modifier | modifier le code]

La révolution supprime les droits féodaux tels que les redevances foncières (Dinghof), même si seulement 13% des terres à Ittenheim en étaient redevables. Les cultivateurs ont également bénéficié de la vente des biens nationaux.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le est signé le traité de Francfort, la majeure partie de l'Alsace est annexée à l'empire allemand.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Plan de Ittenheim, vers 1900

L'électricité arrive au village en 1906, et l'eau courante en 1935.

À la fin de la Première guerre mondiale, l'Alsace redevient française.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Conférences sur l'archéologie. Des mammouths sous l’autoroute. L’exploitation des données environnementales et leurs apports pour diagnostiquer et étudier les sites paléolithiques : l’exemple des fouilles du contournement Ouest de Strasbourg (Bas-Rhin) », sur Inrap, (consulté le ).
  2. Sylvain Griselin, François Bachellerie, Olivier Moine et Nathalie Schneider, « Des mammouths sous l'autoroute. L'exploitation des données environnementales et leurs apports pour diagnostiquer et étudier les sites paléolithiques : l'exemple des fouilles du Contournement Ouest de Strasbourg (Bas-Rhin) », dans Bioarchéologie : minimums méthodologiques, référentiels communs et nouvelles approches : Actes du 4e séminaire scientifique et technique de l’Inrap, Inrap, (lire en ligne), p. 26 p..
  3. Philippe Lefranc, Anthony Denaire et Éric Boës, « L’habitat néolithique ancien et moyen d’Ittenheim (Bas-Rhin) », Revue archéologique de l’Est, no Tome 59-1,‎ , p. 65–97 (ISSN 1266-7706, lire en ligne, consulté le ).
  4. F.-A. Schaeffer, « Fond de cabane de l'âge du bronze à Ittenheim », Anzeiger für elsässische Altertumskunde / hrsg. von der Gesellschaft zur Erhaltung der geschichtlichen Denkmäler im Elsass, vol. 21, nos 81-84,‎ , p. 236-240 (lire en ligne).
  5. Philippe Lefranc, Eric Boës et Heidi Cicutta, Ittenheim "Complexe sportif et zone de loisirs" (Bas-Rhin): habitats du Néolithique ancien, du premier et du second Age du Fer et de la période gallo-romaine rapport de fouilles, INRAP GES, (lire en ligne).
  6. a et b Robert Forrer, « Découverte de phalères honorifiques romaines à Ittenheim et la bataille de César Julien de l'an 357 », Anzeiger für elsässische Altertumskunde / hrsg. von der Gesellschaft zur Erhaltung der geschichtlichen Denkmäler im Elsass, nos 85-92,‎ 1931-1932, p. 17-46 (lire en ligne).
  7. A. Friederich, « La Bataille du Kochersberg », Kocherschbari, no 5,‎ , p. 25-27 (lire en ligne).
  8. Émilie Cartier-Mamie et Olivier Putelat, « Ittenheim « Lotissement du Stade » (Bas-Rhin) : une nécropole du Bas-Empire (350-450 après J.-C.) et ses dépôts funéraires d’origine animale », dans L’Antiquité tardive dans l’Est de la Gaule, II : Sépultures, nécropoles et pratiques funéraires en Gaule de l’Est - Actualité de la recherche, ARTEHIS Éditions, coll. « Suppléments à la Revue archéologique de l’Est », (ISBN 978-2-915544-77-0, lire en ligne), p. 201–223.
  9. Cécile Sauer, « Tombes du haut moyen âge d'Ittenheim », Cahiers alsaciens d'archéologie, d'art et d'histoire, vol. T6,‎ , p. 82 (lire en ligne).
  10. Marcel Thomann, « Le Kochersberg au Haut Moyen Âge », Revue d'Alsace, no 134,‎ , p. 79-127 (lire en ligne).
  11. Archives départementales du Bas-Rhin cote 151 Num 294
  12. Archives départementales du Bas-Rhin cote 151 Num 262.
  13. Archives départementales du Bas-Rhin cote 151 Num 231.
  14. Boehler 1995, p. 235.
  15. Boehler 1995, p. 1374.
  16. Boehler 1995, p. 1430.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

André Muller et Albert Lorentz, Ittenheim - Handschuheim : Deux clochers, une âme, Éditions Coprur, , 395 p. (ISBN 2-903297-07-X). Jean-Michel Boehler, La paysannerie de la plaine d'Alsace : Une société rurale en milieu rhénan, vol. 2, Presses Universitaires de Strasbourg, (ISBN 2-86820-139-3), p. 1430