Gilles-Michel Le Long

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Gilles-Michel Le Long
Fonction
Maire de Laval
Biographie
Naissance
Décès
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Activité

Gilles-Michel Le Long, né le et décédé le à Laval, sieur de Genetais et de la Besnardière, juge civil et maire de Laval de 1722 à 1730. Il est aussi conseiller du Roi, lieutenant général et particulier, assesseur criminel au siège royal de Laval en 1717, juge civil de police et maire perpétuel.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et origine[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Jacques Le Long, sieur de la Besnardière et de Françoise Molland. Il épouse en 1869 Renée Le Clerc, fille de Jean Leclerc, sieur de la Roussière, Conseiller du Roi, Lieutenant général, Assesseur criminel au tribunal de Laval.

Sa famille, originaire de Laval, était ancienne. En 1462, Jehan le Long, sénéchal de Laval, y tenait les assises le . Alexandre le Long fut chantre et chanoine de Saint-Tugal en 1587. Son frère N. Le Long était en 1597 gouverneur calviniste de la ville de Laval.

Ses armes sont d'or au lièvre d'azur courant en bande accompagnée de 3 épées de gueules 2 et 1.

Juge civil et maire[modifier | modifier le code]

Gilles Le Long a succédé à Ambroise-Jean Hardy de Lévaré dans les fonctions de juge civil et de maire en 1727.

Après avoir mécontenté tout le corps des avocats, auquel il doit présenter des excuses, il s'attire l'adversion d'une grande partie des habitants. Couanier de Launay signale qu'un contemporain le qualifie de l'homme le plus violent, le plus ambitieux, le plus imprudent et le plus téméraire qui vouloit gouverner la ville suivant son caprice et réduire tout le monde sous sa domination.. René Pichot de la Graverie indique qu' Il y eut de son temps de grands mouvements et procès à son occasion, parce que ayant voulu s'arroger une autorité très despotique et qui approchoit de la tyrannie, il donna lieu au mécontentement des principaux habitans et officiers et les porta à le vouloir faire destituer de la mairie et à demander un règlement pour l'administration de la maison de ville.

Briser la servitude[modifier | modifier le code]

Il est décidé de secouer le joug de cette servitude. L'entreprise était périlleuse, car attaquer Le Long, c'est offenser Charles Armand René de La Trémoille, seigneur de Laval dont il était l'officier et qui demeurait à la cour ne manquant pas de moyens de le soutenir.

Le dessein initial de ses opposants, et qui n'est pas divulgué est d'obtenir pour les habitants le droit d'élire leur maire. On commence par déclarer qu'un nouveau règlement de l'Hôtel-de-Ville était devenu indispensable[1]. Des mesures sont prises pour empêcher l'assemblée générale prévue pour traiter de cette question. Néanmoins l'assemblée a lieu. Le Long y vient escorté des officiers du seigneur, de ses parents et d'un petit nombre d'amis : il se plaint d'une convocation des habitants sans son aveu. Il lui est répondu qu'un nouveau règlement de ville est nécessaire, qu'il faut s'en occuper sans délai, et, après avoir chargé des commissaires d'en préparer la rédaction, on s'ajourne à huitaine.

Ce premier succès poussent les opposants à tenter davantage et ils visent à élire, sans autre forme de procès, un maire, à la prochaine réunion[2]. Le Long averti de ce qui se trame contre lui, prend aussi ses mesures[3]. Les opposants passent outre, et s'assemblent malgré le lieutenant. Ils veulent aller jusqu'à l'élection, mais leur but est modéré par René Pichot de la Graverie qui fait comprendre que l'empressement serait nuisible au but recherché. Le , l'assemblée se borne donc à choisir 4 députés[4] chargés d'aller présenter à M. de Froulay les griefs de la ville et 2 autres[5] qui doivent se rendre à Paris pour y défendre les droits des habitants et se pourvoir au Conseil afin d'obtenir l'homologation du règlement projeté.

Le Long alerte aussitôt M. de Froulay que les habitants se sont assemblés au mépris de sa défense; sans lui faire connaître que la réunion s'est dissoute sans rien entreprendre contre les droits du roi ni contre ceux du seigneur de Laval. Dès lors, l'exempt de la maréchaussée reçoit injonction d'enfermer prisonniers au château de Laval, Le Jeay, Davazé et Garnier que le juge a désigné comme les chefs de la faction. Les opposants présentent alors une requête à l'intendant afin d'être autorisés à se pourvoir au Conseil pour demander la liberté de leurs officiers, celle d'élire un maire et un règlement pour la maison de ville.

La Graverie[6] et Lévaré, envoyés à Paris, partent en chaise de poste le , et y arrivent au bout de 3 jours. Ils y trouvent des avis favorables à Le Long et contraires aux opposants, et surtout celle grande puissance du duc de la Trémoille. Les trois captifs ont permission de quitter leur prison vers la fin de septembre.

Tandis que le procès est pendant, il faut renouveler le bail des octrois. Ceci est fait en protestant contre la qualité de maire prise par Le Long. Un peu plus tard, lors du remplacement prévu d'un échevin, Le Long espère faire élire un de ses partisans ; mais il n'obtient pas la majorité[7].

La lutte devient plus vive encore quelque temps après. Le temps de l'échevinage de des Astelais allait finir. Le Long ne peut éviter une élection, et redouble d'efforts pour se la rendre favorable. Les habitants font échouer ses manœuvres, et laisse en fonction un homme proche de leurs convictions. L'animosité est extrême entre les deux partis. Les amis du juge ne voyaient dans l'ensemble des habitants que des mutins et des coquins[8]; les habitants, de leur côté, regardent leurs adversaires comme les fauteurs, la plupart intéressés, d'une injuste oppression.

Lors du renouvellement des administrateurs de l'Hôpital Saint-Louis de Laval, Le Long essaie de se rendre maître de l'assemblée et d'obtenir un désaveu du procès qui se poursuit à Paris. Il échoue devant la vigilance et la fermeté des habitants. Il fait alors courir des bruits et à répandre des libelles calomnieux contre les députés qui soutiennent la cause des habitants près du Conseil d'État.

La justice des plaintes des habitants est reconnue. La délibération du Conseil est hâtée sur cette affaire. Son arrêt, rendu le , refuse aux habitants l'élection du maire, et sur le reste les renvoie à se pourvoir devant le parlement. Cette démarche est effectuée et sa solution risquait de se faire attendre longtemps sans doute. La querelle est terminée en 1730 par un accommodement amiable avec le seigneur de Laval[9]. Après avoir examiné les griefs des habitants, La Trémoille reconnait que Le Long est coupable et l'a trompé.

Il consent alors à ce que le juge civil ne prenne plus désormais le titre de maire, mais seulement celui de faisant les fonctions de maire. Le procès pendant au parlement est abandonné. Un nouveau règlement de ville est rédigé sur des bases convenues[10].

Le , il pose la première pierre du nouveau bâtiment pour loger les vieillards à l'hospice général de Saint-Louis.

Il décède en 1739 et est inhumé dans l'église de Saint-Tugal.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Deux des échevins : Le Jeay des Astelais, et Davazé, et le procureur-syndic Garnier sollicitent du maire une assemblée générale de ville afin d'y faire discuter cette question. Ils essuient, comme prévu, un refus.
  2. Le sieur d'Herminville est de cet avis et emploie toute son éloquence pour. René Pichot de la Graverie présente les inconvénients de la précipitation et annonce que brusquer les choses pourrait être regrettable. Son opinion prévaut un moment ; mais d'Herminville étant revenu à la charge, il est décidé que l'élection aurait lieu.
  3. Il avertit le duc de la Trémoille et obtient de M. de Froulay, lieutenant du roi, défense aux habitants de tenir la réunion projetée.
  4. Il y a Garnier, procureur-syndic, de Monirand, d'Herminville et de La Valette
  5. Il y a Davazé et Hardy de Lévaré, fils de l'ancien maire
  6. Chargé de remplacer Davazé retenu en prison.
  7. Les habitants choisissent Rolland Le Duc, qui soutient leurs intérêts.
  8. D'après des termes utilisés par le prince de Talmont à La Graverie, dans l'antichambre du roi.
  9. Le duc de la Trémoille, revenant de présider les Etats de Bretagne, devait passer par Laval où il craignait d'être froidement accueilli à cause du procès porté devant le parlement. Sur les conseils de La Graverie, on trompa son attente en lui rendant tous les honneurs qui lui étaient dus, avec de nombreuses festivités. Le comte de Villaine, mis dans les intérêts de la ville, l'avait favorablement disposé pour les habitants. La Trémoille vit que cette population avait été calomniée près de lui par son juge. 12 habitants lui furent présentés. Il écouta patiemment tout ce que lui dit La Graverie, qui portait la parole au nom de tous.
  10. Le duc de la Trémoille, dans une assemblée générale des habitants, donne son acquiescement à la transaction qui est datée du 19 décembre 1730.

Source[modifier | modifier le code]