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Donjon de Limont

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Donjon de Limont
Image illustrative de l’article Donjon de Limont
Façade ouest du donjon.
Période ou style Roman tardif
Type château-fort
Début construction XIIIe siècle
Propriétaire initial Sgr. Robert de Limont
Propriétaire actuel Alain Plewinski
Protection Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1977, no 64023-CLT-0008-01)
Coordonnées 50° 39′ 37″ nord, 5° 18′ 37″ est
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Commune Donceel
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Donjon de Limont

Le Donjon de Limont est une tour médiévale située à Donceel en Région wallonne dans la province de Liège, en Belgique (région de Waremme).

Historique

Le Moyen Âge central

En 1220-1230, la terre de Limont prélevée sur le vaste domaine des Warfusée–Donmartin fut attribuée par Libert de Jeneffe, chevalier-banneret de la principauté de Liège, à son deuxième fils Robert, lui aussi chevalier.

Jacques de Hemricourt, illustre historien de cette époque, rapporte que Robert de Limont « prist on tot noveal blazon par ly » (traduisez : « choisit de nouvelles armoiries »), et qu'il matérialisa hautement la prise de possession de sa seigneurie en y édifiant sa noble demeure[1]. Il fut mortellement blessé à la défense du château de Waremme le [2].

Inhumé au couvent des Frères-Mineurs à Liège, sa pierre tombale ornée de ses armoiries subsiste encore aujourd'hui dans la sacristie de l'église Saint Antoine.

Plusieurs chevaliers et écuyers du même lignage vécurent dans ce donjon durant une centaine d'années, notamment une branche secondaire du nom de Herbais de Limont, avant que la seigneurie ne passe aux d'Athin de Liège vers 1350.

Le bas Moyen Âge

En Hesbaye, le pouvoir de la vieille noblesse laïque meurtrie par la guerre des Awans et des Waroux, cède la place à des droits seigneuriaux dorénavant exercés conjointement par des Tiers, le Chapitre de la cathédrale de Liège, ainsi que les Collégiales de Saint Martin et Saint Barthélemy.                    

À partir de cette époque dans la région, l'importance de la production agricole prend le pas sur le concept vieillissant de la chevalerie. On remarque d'ailleurs que la noblesse participe de plus en plus activement à la gestion des terres, et les résidences seigneuriales se conjuguent dorénavant avec des constructions fermières de plus en plus imposantes.                                                                                 

La Renaissance

Les de Brabant de Limont (branche bâtarde du duc Jehan de Brabant mort en 1312) occuperont le château durant la Renaissance dès le début du XVIe siècle jusqu'au début du XVIIIe[3] où disparaît l'ancrage de cette famille à Limont. Il est probable qu'à cette époque, le donjon et ses dépendances entourées de fossés devenus inutiles, présentaient une image considérée désormais obsolète qui n'affichait plus le prestige revendiqué par ses nobles exploitants.

La période Baroque

Un acte notarié de 1721 rapporte qu'une Dame Marie-Anne baronne d'Allincourt lègue en héritage à un certain « Jacque Renier, jeune homme surceant du village de Limon (...) comparant présent acceptant une courte maison, grenge, establerie appelée la thour estante au dit Limon, avec les jardins potager et prairies y annexez… »[4] ("courte maison" ancienne terminologie pour une maison entourée d'une courtine).

Aujourd'hui, l'examen des matériaux de maçonneries permet de déterminer la configuration des ruines telles qu'elles devaient se présenter au début du XVIIIe siècle. Notons que d'anciennes marques d'incendie ont été repérées à l'intérieur du donjon. Ces traces témoignent d'une période d'ultime déclin, et sans doute, de quelques années d'inhabitabilité.

Un répertoire généalogique[5], rapporte toutefois que Marie-Thérèse de Grumsel, après la perte de son époux Nicolas d'Othée en 1727, fit l'acquisition de cette propriété. Nous pouvons émettre l'hypothèse que leur fils unique, Gilles-Lambert d'Othée, baron de Haneffe et seigneur de Limont (†1783) aurait financé la restauration du donjon ainsi que d'importants travaux d'extension du côté sud-est en prolongement des vestiges de la dite «courte maison».

Archive de 1975
Archive de 1975.

Cet ensemble de trois logements en briques, mitoyens et de plan identique, constituait une "métairie". Ce type de construction était destiné à loger des métayers qui s'engageaient à cultiver les terres contre partage des récoltes et des pertes. Des éléments stylistiques régionaux permettent de dater avec précision ces travaux à la fin du XVIIIe siècle.

Cette dernière famille resta présente à Limont jusqu'en 1861, année du décès sans descendance de Marie Thérèse Barbe baronne d'Othée de Limont qui, avec son époux Hyacinthe baron de Macors (†1847), avaient fait construire un nouveau château adossé à une grande ferme sur les terres agricoles de Limont… mais à l'écart du village.   

Aujourd'hui, de cet ensemble castral entouré d'une douve devant l'église, seul la tour massive érigée au second tiers du XIIIe siècle a résisté aux métamorphoses de l'histoire. Le bâtiment nord-est qui était accolé au donjon a été démoli (il est encore repris au plan cadastral de Popp en 1850). Le fossé le long de la voirie a été comblé en 1895[6]. Le donjon sera finalement classé "Monument historique" par arrêté royal en 1977.

Description

Il se distingue des donjons de la même époque par la taille imbriquée de ses moellons de façade en silex. Toutes ces pierres sont rigoureusement calibrées et assisées horizontalement. Les angles de façades sont renforcés par des chaînages imposants en blocs calcaires.

Entrée sud-est.
Appareillage des silex en façades.

Construit sur un plan carré de 8,50 m de côté, le bâtiment possède toujours deux niveaux entiers et les ruines d'un troisième. Un quatrième niveau, peut-être en bois (et aujourd'hui totalement disparu), n'est pas à exclure. L'épaisseur des murs de façade décroît de 1,80 m au niveau du sol à 1,40 m au sommet actuel de la ruine. On notera le bel encadrement clavé de la porte d'entrée en façade sud-est. L'accès était située à l'étage pour des impératifs de défense. On devait l'atteindre par un escalier extérieur en bois qui était retiré à l'intérieur en cas d'agression[7]. La porte était alors bloquée par deux poutres coulissantes en bois encastrées dans la maçonnerie de l'ébrasement.

Âtre et armoires murales du 1er étage.

Cet étage abritait la salle de vie pourvue d'un âtre majestueux et de deux baies à coussièges. Le plafond était voûté par deux arcs croisés en plein-cintre. Une trappe dans le plancher de l'étage donnait accès à une cave non enterrée, mais entièrement obturée par la maçonneries des quatre façades. Le plafond était constitué d'une épaisse voûte longitudinale en tuffeaux. Elle était remblayée à l'argile par le dessus pour garantir sa stabilité.

Un escalier en pierres calcaires construit dans l'épaisseur du mur de façade nord-est conduit au deuxième étage qui était souvent destiné aux locaux de nuit. Les murs de ce niveau en ruine n'atteignent plus que 1,20m de haut. Il est probable qu'un troisième étage existait à l'origine, celui-ci couronné d'une toiture en bâtière encastrée, de faibles pentes et entourée de créneaux avec un chemin de ronde pour la surveillance et la défense du site.

Étapes de la réhabilitation

Près de huit siècles de remaniements ont effacé les contours imposants du passé et aplani le site. À la suite d'une campagne de fouilles préalables instrumentée par la Région Wallonne en 2005, on a pu constater que le donjon, pièce maîtresse d'un groupe de constructions successives, était à l'époque entouré de fossés fortifiés par une muraille. En 2015, le propriétaire privé a obtenu l'autorisation de restituer une partie de la douve face à l'église Saint Martin. Ces travaux ont permis de mettre à jour et de restaurer les vestiges du soubassement en pierre de la fortification.

Depuis , une structure de quatre colonnes provisoires en acier supporte une toiture pyramidale mise en place préalablement à la restauration du bâtiment pour protéger des intempéries le haut des murs. Le dossier est en cours de finalisation et les autres vestiges enterrés du site seront également intégrés dans les nouveaux aménagements.

Notes et références

  1. Camille de Borman, Le Miroir des Nobles de Hesbaye (texte original de Jacques de Hemricourt), Bruxelles, 1910.
  2. Michèle Callut, Le grand livre des châteaux de Belgique, tome I, Châteaux-forts et châteaux-fermes, Bruxelles, 1975.
  3. Emile Buisseret, Généalogie de la famille de Brabant de Perwez, Brabantica t. 2 p. 139-141, Bruxelles, 1957.
  4. Me Toussaint notaire, acte daté du , Liège.
  5. Camille de Borman, Les échevins de la souveraine justice de Liège, t. 2 p. 399-400, D. Cormaux, Liège, 1899.
  6. Collège communal de Limont, Registre des ordres de l'année 1895, Recueil E. Rigaux, V. Lahaye.
  7. Luc-Francis Genicot, Les tours d'habitation seigneuriales du Moyen Age en Wallonie, Namur, MRW. division du patrimoine, coll. « Études et Documents », .

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes