Cissexisme

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Le cissexisme ou cisgenrisme est un système d'oppression qui considère que toutes les personnes sont de leur genre assigné ou de considérer que les personnes trans sont inférieures aux personnes cis[1].

Cissexisme[modifier | modifier le code]

Le cissexisme est une forme d'oppression qui cible l'identité de genre et qui établit comme préférable la correspondance entre le genre et le sexe déterminé à la naissance[2],[3].

Pour Julia Serano, le cissexisme désigne le refus d’accepter l’identité des personnes trans comme étant aussi légitime que celles des personnes cisgenres. Elle distingue « la transphobie (qui cible les personnes dont l’expression de genre et l’apparence diffèrent de la norme) et le privilège cisgenre (qui cible les personnes dont le sexe assigné et le sexe d’identification diffèrent) »[4].

Le sociologue Emmanuel Beaubatie propose également d’utiliser le terme « cissexisme » pour qualifier les discriminations transphobes. Pour lui, ce terme permet, d'un point de vue sociologique, « de montrer qu'il n'y a pas une peur irrationnelle et individuelle des personnes trans, mais des violences liées au genre, qui structurent la société dans son ensemble »[5].

Cisgenrisme et cisnormativité[modifier | modifier le code]

Certaines recherches, inspirées des critiques qui ont été faites à la notion d'homophobie et son remplacement par d'autres notions, comme celle d'hétéronormativité ou d'hétérosexisme, ont critiqué la notion de transphobie pour son caractère individualiste et pathologisant, ancré dans la phobie individuelle plutôt que la dimension structurelle de l'oppression des personnes trans[6]. Des termes comme cisnormativité et cisgenrisme servent ainsi à remplacer la notion de transphobie. Alexandre Baril[7] écrit : « Le cisgenrisme est un système d’oppression qui touche les personnes trans, parfois nommé transphobie. Il se manifeste sur le plan juridique, politique, économique, social, médical et normatif. Dans ce dernier cas, il s’agit de cisgenrenormativité. Je préfère la notion de cisgenrisme à celle de transphobie, car elle s’éloigne des origines pathologiques et individuelles de la « phobie » »[8].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Martin Blais, Mathieu Philibert, Félix-Antoine Bergeron et Martine Hébert, « Les expériences de victimisation des jeunes à travers le prisme de l’intersectionnalité », Service social, vol. 64, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 1708-1734, DOI 10.7202/1055887ar, lire en ligne, consulté le )
  2. « Du cissexisme comme système – Observatoire Des Transidentités », sur www.observatoire-des-transidentites.com (consulté le )
  3. Martin Blais, Mathieu Philibert, Félix-Antoine Bergeron et Martine Hébert, « Les expériences de victimisation des jeunes à travers le prisme de l’intersectionnalité », Service social, vol. 64, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 1708-1734, DOI https://doi.org/10.7202/1055887ar, lire en ligne, consulté le )
  4. Serano, Julia. (trad. de l'anglais), Manifeste d'une femme trans et autres textes, Paris, Cambourakis, 197 p. (ISBN 978-2-36624-474-8 et 2-36624-474-6, OCLC 1141938946, lire en ligne)
  5. Florian Bardou, « Emmanuel Beaubatie : «Dans une société patriarcale, quitter le sexe masculin est inconcevable» », sur Libération (consulté le )
  6. Alexandre Baril, La normativité corporelle sous le bistouri : (re)penser l’intersectionnalité et les solidarités entre les études féministes, trans et sur le handicap à travers la transsexualité et la transcapacité, Université d'Ottawa, , 396-401 p. (lire en ligne), Thèse de doctorat.
  7. « Portrait : Alexandre Baril, au-delà des idées préconçues », La Rotonde,‎ (lire en ligne).
  8. Alexandre Baril, « Sexe et genre sous le bistouri (analytique) : interprétations féministes des transidentités », Recherches féministes,‎ , p. 121 (lire en ligne).