Château-ferme de Fernelmont

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Château-ferme de Fernelmont
Présentation
Type
Patrimonialité
Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1934, Le château de Fernelmont, no 92138-CLT-0008-01)
Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1982, Les façades et toitures des remises à chariots, logis secondaires et dépendances formant l'aile sud avec ses deux pavillons d'angle, le porche d'entrée à l'Ouest, le porche vers l'étang arrière ainsi que la muraille d'enceinte qui subsiste à l'Ouest (M) ainsi que l'ensemble formé par les bâtiments et constructions précités, le château (classé par arrêté royal du 29 mai 1934) et les terrains environnants (S), no 92138-CLT-0010-01)
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Le château de Fernelmont est un manoir seigneurial situé en Wallonie à Noville-les-Bois en province de Namur (Belgique). Datant principalement des XVIe siècle pour le bâtiment résidentiel et XVIIe siècle pour d'autres éléments - avec un donjon du XIIIe siècle - le château est classé au Patrimoine exceptionnel de Wallonie[1]. Il se présente comme un quadrilatère entouré d’étangs.

Le donjon-porche (XIIIe siècle).

Histoire[modifier | modifier le code]

La première mention de Fernelmont remonte en 1269 lorsque le cadet des Noville reçut cette terre en friche pour y créer son domaine[2],[3]. Il bâtit un donjon et une ferme construite en bois qui a disparu lorsque les Marbais édifièrent le château actuel. Au début du XVe siècle, le domaine passe à la famille Longchamps. Par mariage, la famille Marbais entre en possession du château au milieu du XVIe siècle.

En 1618, cette famille vend le château aux Barwitz. Cette dernière poursuit les aménagements qui confèrent au château son aspect actuel. C’est aussi à cette époque que les nouveaux bâtiments agricoles sont construits. Le XVIe siècle représente, pour le château de Fernelmont, une phase de rajeunissement sous l’initiative des Marbais devenus propriétaires du château, et de leurs successeurs[4]. Il devient avant tout un lieu de résidence qui établit une séparation nette entre les parties habitables et les zones réservées à l’exploitation agricole. Comme le souligne Serge Chasseur, ce château « n’est pas un château fort »[2] et le donjon « n’a pas de vocation militaire dans le cadre de la défense du comté de Namur ». Sa fonction principale est donc résidentielle.

En 1709, le domaine est racheté par les Harscamp et ceux-ci y apportent différents aménagements pour faire du château une résidence plus confortable. Dès lors, des travaux sont entrepris sous Francois-Pontian d’Harscamp dont il reste actuellement l’escalier en chêne dans l’aile sud daté de 1766 et le pavement étoilé de la cour intérieure de 1767[5]. Au XIXe siècle, le château est abandonné à la mort en 1805 de sa veuve Marie-Isabelle, comtesse d'Harscamp, dernière occupante du château[6]. Ce dernier est vidé de l’essentiel de son mobilier.

Au cours du XXe siècle, la dégradation progressive du château nécessite une phase de restauration importante. Durant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands utilisèrent les boiseries pour se chauffer[7]. En 1986 commencent d'importants travaux de restauration et de réaffectation dirigés par le Syndicat d'initiative de Fernelmont avec le soutien de la Fondation roi Baudouin complété par des récoltes de fonds générées par diverses manifestations publiques[8]. Depuis 2007, le propriétaire fait revivre le château en proposant chaque année une exposition internationale d'art contemporain pendant 10 jours au mois de juin.

La cour intérieure du château (1621).

Description[modifier | modifier le code]

Le domaine, au XVIe siècle, comprenait une exploitation agricole regroupant quelques bâtiments en bois. Cette ferme ou basse-cour était construite sur une petite île située au milieu de l’étang actuel. Aujourd’hui, il n’en reste plus aucune trace. Le château, quant à lui, se compose d’un bâtiment de plan carré formé de quatre ailes entourant une cour intérieure. L’aile ouest se compose d’un châtelet, massif et trapu, comprenant deux étages d’habitation. Ce dernier est flanqué de deux tourelles semi-circulaires pleines qui ne comportent aucune ouverture. Deux courtes ailes, servant de passage, relient le châtelet au reste du bâtiment. L’aile nord, « réservée aux services »[9],[10], compte deux pièces en enfilade au rez-de-chaussée : une cuisine et une petite salle. Au rez-de-chaussée, l’aile abrite une petite chapelle, une grande salle « jadis un salon »[9] ainsi qu’une petite pièce. L’aile sud « destinée à des fonctions plus nobles »[10] se compose, quant à elle, d’un hall et deux autres petites salles en enfilade. L’escalier mène au premier étage de la galerie et de l’aile sud composée d’une seule grande salle, ainsi qu’au comble. L’aile est apporte une particularité à l’édifice. En effet, une galerie toscane est ajoutée en 1621 à l’endroit où se trouvait « une ancienne tourelle d’escalier »[11]. Elle se caractérise par quatre arcades en plein cintre appuyées sur des colonnes toscanes aux fûts monolithiques. L’intérieur du château, rénové au cours des siècles par les familles qui l’occupèrent, ne comprend actuellement plus beaucoup d’éléments reflétant son état primitif.

L’ensemble est en brique excepté l’encadrement des baies, les chaines d’angle en besace, les soubassements, les colonnes et les arcades de la galerie toscane.

Le château actuel reflète globalement bien l’état du château aux XVIe et XVIIe siècles quant à sa volumétrie et à son élévation extérieure. Toutefois, l’intérieur sans cesse rénové et remanié nous apparait bien différent de ce qu’il était. À l’heure actuelle, le château continue à être réaménagé selon les goûts et les envies du propriétaire.

Style[modifier | modifier le code]

Les auteurs s’accordent à qualifier le château de Fernelmont comme étant un « bâtiment de style traditionnel en brique et en pierre bleue sur soubassement biseauté en moellons »[12],[13]. De Waele et Ubregts, dans leur article intitulé « Fernelmont. Le château de Fernelmont à Noville-les-bois », précisent le style traditionnel comme étant « assez précoce »[14],[15]. D’autres auteurs ajoutent au style traditionnel « des réminiscences gothiques »[16],[10]. Le château est également décrit comme « une construction traditionnelle avec un élément renaissant : des arcades en plein cintre sur colonne toscane »[17]. Dans son article, Farcy mentionne deux styles : « renaissance mosane » et « style traditionnel en brique et en pierre bleue »[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Collectif 1994, p. 130.
  2. a et b Farcy 2002, p. 46.
  3. De Waele et Ubregts 1993, p. 118.
  4. Courtoy 1936, p. 37.
  5. Javaux 2005, p. 340.
  6. Farcy 2002, p. 47.
  7. Carpiaux et Wascotte 1986, p. 87.
  8. La Libre Belgique, 21 juin 1988, p. 18.
  9. a et b Carpiaux et Wascotte 1986, p. 88.
  10. a b et c Roggemans et Picque 1986, p. 49.
  11. Javaux 2005, p. 339.
  12. Carpiaux et Wascotte 1986, p. 86.
  13. Collectif 1994, p. 648.
  14. De Waele et Ubregts 1993, p. 418.
  15. Bastin 1996, p. 134.
  16. Genicot 1975, p. 108.
  17. Lejeune-Dehousse et Stiennon 1979, p. 206.
  18. Farcy 2002, p. 46-47.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Norbert Bastin, « La galerie toscane et ses alentours », dans Patricia Gillet-Mignot, Gaëtane Warzée et Constantin Chariot, L'ancienne abbaye de Floreffe : 1121-1996, Namur, Ministère de la région wallonne, coll. « Monuments et Sites », (ISBN 978-2-930112-81-7)
  • Serge Chasseur, Le « blokehuct » ou le donjon-porte de Fernelmont : aspects de la vie moyenâgeuse dans un domaine campagnard, Fernelmont, Syndicat d'Initiative de Fernelmont, , 78 p.
  • Thérèse Cortembos, « Le donjon-porche de Fernelmont : un exemple remarquable de tour d’habitation de la fin du XIIIe siècle », Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites Commission royale des Monuments et des Sites, t. 3,‎ , p. 87-112 (ISSN 0773-2791, lire en ligne, consulté le )
  • F. Courtoy, « La galerie du château de Fernelmont », Namurcum : chronique de la Société archéologique de Namur, no 13,‎ (ISSN 1375-968X)
  • G. De Bavière (dir.), Le Patrimoine monumental de la Belgique, vol. 5 : Province de Namur : arrondissement de Namur, Liège, Solédi, (OCLC 602162458)
  • E. De Waele, « Fernelmont/ Noville-les-Bois : le château de Fernelmont », Chronique de l'archéologie wallonne, no 1,‎ (ISSN 1370-5202)
  • Luc-Francis Genicot, « Le château de Fernelmont (Noville-les-Bois) », Revue des archéologues et historiens d'art de Louvain, vol. 2,‎ , p. 51-53 (ISSN 0080-2530, OCLC 888275086)
  • E. De Waele et W. Ubregts, « Fernelmont : le château de Fernelmont à Noville-les-Bois », dans Freddy Joris, Le Patrimoine majeur de Wallonie : liste du « patrimoine exceptionnel » arrêtée par le Gouvernement wallon le 8 juin 1993, sur la proposition de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, Alleur-Liège, Perron, (ISBN 978-2-87114-102-0)
  • Philippe Jacquet, Françoise Jacquet-Ladrier et Jean-Marie Duvosquel, Albums de Croÿ : comté de Namur, t. 15 : institutions religieuses et villes, mairie de Namur, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, coll. « Albums de Croÿ » (no 14), , 190 p. (ISBN 978-2-87193-124-9)
  • Philippe Farcy, 100 châteaux de Belgique connus et méconnus : leur histoire, leurs secrets, leurs occupants, leurs architectes, leur style, vol. 1, Bruxelles, Aparté, , 256 p. (ISBN 978-2-930327-03-7)
  • Luc-Francis Genicot, Châteaux forts et châteaux-fermes, Bruxelles, Vokaer, coll. « Grand livre des châteaux de Belgique » (no 1), , 287 p. (OCLC 463183210)
  • J.-L. Javaux, « Fernelmont, Noville-les-Bois : le château-ferme de Fernelmont », dans Julien Maquet, Guy Focant et Fabrice Dor, Le patrimoine médiéval de Wallonie, Namur, Division du Patrimoine, DGATLP, (ISBN 978-2-9600421-2-2)
  • J.-L. Javaux, « Fernelmont, Noville-les-Bois : le château- ferme de Fernelmont », dans Jacques Deveseleer, Le patrimoine exceptionnel de Wallonie, Namur, Division du Patrimoine, DGATLP, (ISBN 978-2-87401-172-6)
  • Rita Lejeune-Dehousse et Jacques Stiennon, La Wallonie : le pays et les hommes, vol. 2 : Du XVIe siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale, Bruxelles, La Renaissance du livre, , 600 p. (OCLC 768910125)
  • Collectif, Monuments, ensembles architecturaux et sites classés en région wallonne : Liste arrêtée du 31 décembre 1993, Jambes,
  • M.-L. Roggemans et C. Picque, « Entreprise pour sauvegarder : concours patrimoine », Fondation roi Baudoin,‎ (OCLC 40640319)
  • René Carpiaux et Pol Wascotte, La route « fermes et tumuli de Hesbaye », , 128 p.