Charlotte Dacre

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Charlotte Dacre
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charlotte KingVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Rosa Matilda, Charlotte DacreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
John King (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Sophia Fortnum (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Charlotte Dacre (1771 ou 1772 – 7 novembre 1825)[1],[2] est une femme de lettres anglaise, autrice de romans gothiques.

La plupart des références que l'on fait aujourd'hui à elle le sont sous le nom de Charlotte Dacre, mais elle écrit tout d'abord sous le pseudonyme de Rosa Matilda, pour adopter ensuite un second pseudonyme pour désorienter ses critiques. Charlotte Dacre reçoit à sa naissance le nom de Charlotte King, et devient plus tard Mrs Byrne, après son mariage avec Nicholas Byrne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charlotte Dacre est l'un des trois enfants légitimes de John King, né Jacob Rey (vers 1753-1824), un usurier juif d'origine portugaise séfarade, qui était également un maître-chanteur et un écrivain politique radical connu dans la société londonienne[3]. En 1784, son père a divorcé de sa mère, Sarah King (née Lara), en vertu de la loi juive, avant de s'installer avec la comtesse douairière de Lanesborough [4]. Dacre avait une sœur nommée Sophia et un frère nommé Charles.

Charlotte Dacre épouse Nicholas Byrne, un veuf, le . Elle a déjà trois enfants avec lui : William Pitt Byrne (né en 1806), Charles (né en 1807) et Mary (née en 1809)[3]. Il était rédacteur en chef et futur partenaire du journal londonien The Morning Post où l'auteur Mary Robinson était l'éditeur de poésie et une influence sur une jeune Charlotte Dacre, qui a commencé sa carrière d'écrivain en publiant des poèmes au Morning Post sous le pseudonyme de « Rosa Matilda »[2]

Travaux[modifier | modifier le code]

Romancière romanesque, Charlotte Dacre a présenté des héroïnes d’une tout autre manière que la norme du début du XIXe siècle qui exigeait des dames de la bienséance et du bon goût. Son style ressemblait plus à celui des auteurs masculins de son époque, créant des personnages féminins agressifs et souvent physiquement violents, qui manifestent de puissants désirs et ambitions sexuels. Dacre a généralement construit ces comportements féminins hors normes, en réaction aux actions d'autres personnages, ce qui les justifiaient en partie.

Parmi ses quatre romans majeurs, Zofloya est le plus connu et s'est bien vendu lors de sa sortie en 1806[5] ; il a été traduit en allemand et en français. Dans cette histoire, un personnage féminin traque, attaque brutalement puis assassine une fille qu'elle considère comme une rivale. Pourtant, malgré la brutalité, l’histoire véhicule un message moral sous-jacent selon lequel les jeunes femmes doivent se méfier des dangers de la luxure. Zofloya reste soumis à la critique, comme la satire publiée dans le Journal Littéraire où Charlotte Dacre est considérée comme atteinte de maladie mentale car les femmes auraient « un esprit plus faible », à cause des scènes de violences à longues durées et son rapport à l'érotisme. Le personnage principal de l'œuvre est également critiqué car il serait considéré comme l'avatar de Satan. Mais Charlotte Dacre surpasse ces critiques en plaçant Zofloya comme un bestseller de l'époque, où 756 exemplaires sont vendus sur 1 000 édités. Ce roman est également considéré comme un roman gothique présentant une nouvelle forme : un point de vue médical.

Œuvres marquantes[modifier | modifier le code]

Influence[modifier | modifier le code]

Dans le monde littéraire, Charlotte Dacre est restée dans une quasi-obscurité pendant près de deux siècles. Pourtant, son travail était admiré par certains des géants littéraires de son époque et ses romans ont influencé Percy Bysshe Shelley, qui tenait beaucoup à son style et à ses compétences créatives. On pense qu'elle est l'une des nombreuses cibles du poème satirique English Bards and Scotch Reviewers de Lord Byron, mentionné dans les lignes :[1]

Far be't from me unkindly to upbraid
The lovely Rosa's prose in masquerade,
Whose strains, the faithful echoes of her mind,
Leave wondering comprehension far behind.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Charlotte Dacre et Kim Ian Michasiw (annotateur), Zofloya : or The Moor (Oxford World's Classics), Oxford University Press, , 320 p. (ISBN 978-0-19-954973-3 et 0-19-954973-7)
  2. a et b « Obituary », The Times,‎  :

    « Mrs. Byrne, wife of Nicholas Byrne of the Morning Post [died] on Monday evening in Lancaster Place, after a long and painful illness »

  3. a et b Gothic Readings: The First Wave, 1764–1840, A&C Black, , 141 p. (ISBN 9780826485854).
  4. (en) Paul Baines, « Charlotte Byrne, née King, pseud. Charlotte Dacre (1782? – 1825), writer », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne Inscription nécessaire).
  5. « Charlotte Dacre, «le Moine» au féminin », sur Libération, Libération, (consulté le ).
  6. Charlotte Dacre, Hours of Solitude. A Collection of Original Poems. Volume II., (lire en ligne)
  7. Charlotte Dacre, Confessions of the Nun of St. Omer: A Tale, (lire en ligne)
  8. a et b Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber, Le Dictionnaire universel des créatrices, Lausanne, Éditions des Femmes, coll. « Biblio Belin SC », , 10004 p. (ISBN 978-2-88074-718-3, lire en ligne)
  9. Charlotte Dacre, The Libertine, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]