Benjamin Huntsman

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Benjamin Huntsman

Naissance
Epworth (Lincolnshire) (Angleterre)
Décès (à 72 ans)
Attercliffe (Angleterre)
Nationalité Anglais
Domaines Métallurgie
Renommé pour Acier au creuset

Benjamin Huntsman (1704 - 1776) est un inventeur et métallurgiste anglais, qui a mis au point une méthode de fabrication d'un acier au creuset dont la qualité était très supérieure à celle des aciers de son époque.

Biographie

Benjamin Huntsman est né le 4 juin 1704. Il est le troisième fils d'un fermier quaker d'Epworth, dans le Lincolnshire, qui avait immigré d'Allemagne quelques années avant sa naissance.

Il commence à travailler à Doncaster en tant que fabricant d'horloges, de serrures et d'outils divers. Sa réputation lui permet de pratiquer occasionnellement la chirurgie et l'ophtalmologie[1].

Insatisfait de la qualité des aciers qu'il travaille, il mène des expériences pour produire un acier de meilleure qualité. Il commence ses recherches à Doncaster avant de déménager à Handsworth, près de Sheffield. Il développe son procédé, consistant à fondre des charges de 34 livres (soit 15,4 kg) dans des creusets en terre cuite. Le creuset, rempli de morceaux d'acier, est fermé, puis est chauffé avec du coke pendant près de 3 heures. L'acier en fusion est alors coulé dans des moules et les creusets sont réutilisés[1].

L'apport de Huntsmann à la production d'acier est essentiel car son procédé permet de garantir la qualité de l'acier. Percy attribue à Huntsman ce progrès décisif :

« Anciennement, l'acier n'était jamais fondu ni coulé après sa fabrication ; dans un seul cas, celui du wootz, il était fondu pendant la fabrication même. Quelle que fût la méthode […] l'acier en masse n'était pas obtenu à l'état homogène. Même par la cémentation du fer en barres, certains défauts qui se manifestent dans la fabrication du fer, surtout ceux inhérents à la présence des laitiers, se perpétuaient plus ou moins dans l'acier en barres[…]. Or la fusion et le moulage de l'acier remédient au mal signalé, et l'on peut ainsi se procurer des lingots d'une composition parfaitement homogène dans toutes leurs parties. C'est à Benjamin Huntsman que l'on est redevable de la solution pratique de cet important problème[1]. »

— J. Percy, Traité complet de métallurgie, tome 4, p.  265-266

Cette qualité permet, par exemple, de réaliser des ressorts très performants pour l'horlogerie, tel que celui du chronomètre de marine de Harrison pour mesurer la longitude. La méthode est mal adaptée à la production de pièces volumineuses, mais de nombreuses améliorations vont rapidement voir le jour pour traiter ce problème. Krupp s'y distingue, parvenant à couler un lingot de 2,25 tonnes en 1851, et de 21 tonnes en 1862[1].

Pourtant, l'industrie locale refuse d'utiliser cet acier, car il s'avère plus dur que celui qui était jusqu'ici importé d'Allemagne. À ses débuts, Hunstman n'a donc pas d'autre choix que d'exporter son métal en France. Mais la concurrence grandissante des couteux français, réalisés à partir de l'acier au creuset inquiète les coutelleries de Sheffield. Après avoir, sans succès, tenté d'interdire l'exportation d'acier au creuset, les industriels anglais sont contraints d'adopter cet acier[2].

En 1770, il s'installe à Attercliffe, où son entreprise prospère encore pendant six ans, bien que « jamais il ne consentit à faire prospérer ses affaires par aucun des moyens si communs aujourd'hui[1] ». Il y décède le 20 juin 1776. Son affaire est reprise par son fils William Huntsman (1733–1809)[1].

Diffusion de son procédé

Huntsman n'a pas breveté son procédé, et son secret en est éventé par un fondeur d'acier nommé Walker [note 1].

La diffusion du procédé permet une expansion spectaculaire de la production d'acier à Sheffield. Alors qu'avant l'invention de Huntsman, en 1740, moins de 200 tonnes d'acier y étaient produites par cémentation, un siècle après, la production d'acier au creuset atteint 20 000 tonnes d'acier : de Sheffield sort 40 % de l'acier produit en Europe[4]. En 1860, la production d'acier de Sheffield dépasse 80 000 tonnes, soit plus de la moitié de la production mondiale.

Notes et références

Notes

  1. Selon la tradition populaire, Walker s'était déguisé en un mendiant en haillons, qui ne demandait qu'à se réchauffer aux feux de la forge pendant une froide nuit d'hiver[3].

Références

  1. a b c d e et f John Percy (trad. traduction supervisée par l'auteur), Traité complet de métallurgie, t. 4, Paris, Librairie polytechnique de Noblet et Baudry, éditeur, (lire en ligne), p. 265-276
  2. (en) Samuel Smiles, Industrial Biography, , 160 p. (lire en ligne), p. 53-60
  3. (en) Dictionary of National Biography, Londres, Smith, Elder & Co, 1885–1900 (lire sur Wikisource), Huntsman, Benjamin
  4. « Sheffield's industrial history », sur http://www.sheffieldontheinternet.co.uk