Amnésie infantile

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'amnésie infantile décrit le phénomène amnésique touchant la mémoire épisodique qui conduit à la pauvreté des souvenirs relatifs aux premières années de vie et notamment à leur absence avant deux ans.

Description[modifier | modifier le code]

L'amnésie infantile concerne spécifiquement les souvenirs « autobiographiques » de la mémoire épisodique[1], soit le souvenir chronologique des événements vécus avec leur contexte, et non les souvenirs de la mémoire sémantique comme les connaissances relatives au langage ou aux habiletés motrices.

L'âge moyen des premiers souvenirs autobiographiques rapporté dans la plupart des études est de trois ans et demi[2], l’âge de deux ans constituant l’âge limite en deçà duquel aucun souvenir autobiographique ne semble être rappelé[3]. À partir de deux ans, la probabilité de rappel d’un souvenir est graduelle avec l’avancée en âge[3].

Explications proposées[modifier | modifier le code]

Différentes hypothèses sont envisagées pour expliquer l'amnésie infantile. La principale est la maturation progressive des structures cérébrales impliquées dans la formation des souvenirs épisodiques, avancée pour expliquer la dégradation plus rapide dans le temps de souvenirs précoces formés par un système amnésique certes fonctionnel chez le bébé, mais produisant des traces mnésiques plus fragiles. Ceci explique pourquoi les enfants les plus jeunes tendent à rappeler les souvenirs les plus précoces[4].

Avec l’âge, la vitesse de traitement de l'information augmente et produit des traces mnésiques plus riches et par conséquent plus stables dans le temps. La durée de rétention augmente également, et la récupération des souvenirs devient moins dépendante du contexte. Ces progrès de la mémoire concourent à accroître la probabilité d’un rappel à long terme des souvenirs épisodiques formés par l’enfant[4].

Les psychologues du développement ont envisagé que d’autres facteurs, extrinsèques au fonctionnement mnésique en lui-même, comme l’émergence d’un sens de soi cognitif[5] ou le développement du langage, puissent constituer des conditions nécessaires à l'encodage de souvenirs autobiographiques. Cette hypothèse explique l’existence d’une frontière développementale en deçà de laquelle toute forme de mémoire de soi est inenvisageable, mais est insuffisante pour rendre compte de la lente progression des souvenirs autobiographiques entre deux et six ans[1].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Henri et Henri 1896] Victor Henri et Catherine Henri, « Enquête sur les premiers souvenirs de l'enfance », L'Année psychologique, vol. 3,‎ , p. 1re partie (« Mémoires originaux »), art. no 7, p. 184-198 (DOI 10.3406/psy.1896.1831, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Miles 1895] (en) Caroline Miles, « A study of individual psychology » [« Une étude de psychologie individuelle »], The American Journal of Psychology, vol. 6, no 4,‎ , p. 534-558 (DOI 10.2307/1411191, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Perret 2011] Patrick Perret, « L'amnésie infantile : les perspectives tirées de la psychologie développementale », Devenir : revue européenne du développement de l'enfant, vol. 23, no 4,‎ , p. 2de partie (« Recherche »), p. 379-395 (DOI 10.3917/dev.114.0379, résumé, lire en ligne [html], consulté le ).
  • Schachter, M. Moscovitch: Infants, amnesia and dissociable memory systems. In: M. Moscovitch (Hrsg.): Infant Memory. Plenum, New York 1984, S. 173–216.
  • M. L. Howe, M. L. Courage: On resolving the enigma of infantile amnesia. In: Psychological Bulletin. Nr. 113, 1993, S. 305–326.
  • R. Fivush, N. Hamond: Autobiographical memory across the preschool years: Towards reconceptualizing childhood amnesia. In: R. Fivush, J. A. Hudson (Hrsg.): Knowing and remembering in young children. Cambridge University Press, New York 1990, S. 223–248.
  • Richard Kinseher: Verborgene Wurzeln des Glücks – selbstbeobachtbare Gehirnfunktion. BoD, Norderstedt 2008, (ISBN 978-3-8334-7378-4).
  • Bauer, Patricia J. & Larkina, Marina: The onset of childhood amnesia in childhood: A prospective investigation of the course and determinants of forgetting of early-life events. In: Memory. Online-Veröffentlichung vom 18. November 2013, doi:10.1080/09658211.2013.854806.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Patrick Perret, « L'amnésie infantile : les perspectives tirées de la psychologie développementale », Devenir, vol. 23, no 4,‎ , p. 379 (ISSN 1015-8154, DOI 10.3917/dev.114.0379, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) David C. Rubin, « The distribution of early childhood memories », Memory, vol. 8, no 4,‎ , p. 265–269 (ISSN 0965-8211 et 1464-0686, DOI 10.1080/096582100406810, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b (en) JoNell A. Usher et Ulric Neisser, « Childhood amnesia and the beginnings of memory for four early life events. », Journal of Experimental Psychology: General, vol. 122, no 2,‎ , p. 155–165 (ISSN 1939-2222 et 0096-3445, DOI 10.1037/0096-3445.122.2.155, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (en) Karen Tustin et Harlene Hayne, « Defining the boundary: Age-related changes in childhood amnesia. », Developmental Psychology, vol. 46, no 5,‎ , p. 1049–1061 (ISSN 1939-0599 et 0012-1649, DOI 10.1037/a0020105, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) « The genesis and development of autobiographical memory. - Research Portal | Lancaster University », sur www.research.lancs.ac.uk (consulté le )