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L{{'}}'''insurrection djihadiste au Mozambique''' est un [[Guerre|conflit armé]] opposant à partir de [[2017]] le Gouvernement du Mozambique à des groupes [[Salafisme djihadiste|salafistes djihadistes]].
L{{'}}'''insurrection djihadiste au Mozambique''' est un [[Guerre|conflit armé]] opposant à partir de [[2017]] le Gouvernement du Mozambique à des groupes [[Salafisme djihadiste|salafistes djihadistes]].


== Contexte de l'insurrection ==
== Origine et contexte de l'insurrection ==
En 1998<ref name=":0">{{Article |langue=fr |auteur1=Cyril Bensimon |titre=Le Mozambique, entre gaz et djihad |périodique=Le Monde |date=15 novembre 2019 |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/le-mozambique-entre-gaz-et-djihad_6019330_3212.html |pages= }}</ref>, une secte [[Islamisme|islamiste]], « Al Sunnah wa Jama'ah » (« les gens de la Sunna et de la communauté » ou simplement « [[Ansar al-Sunna (Mozambique)|Ansar al-Sunnah]] ») est fondée<ref name="Monde140620">Eric Morier-Genoud, [https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/06/14/le-mozambique-face-a-son-boko-haram_5314910_3212.html Le Mozambique face à son « Boko Haram »], ''Le Monde'', 14 juin 2018.</ref>{{,}}<ref name="RFI300320">[https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200330-mozambique-filiale-locale-etat-islamique-ravage-deux-villes-nord?ref=tw_i Mozambique: la filiale locale de l’EI ravage deux villes du nord], ''RFI'', 30 mars 2020.</ref>{{,}}<ref name="Monde130820">Jean-Philippe Rémy, [https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/13/apres-la-prise-de-mocimboa-da-praia-les-chabab-mozambicains-inquietent-l-afrique-australe_6048896_3212.html Après la prise de Mocimboa da Praia, les Chabab mozambicains inquiètent l’Afrique australe], ''Le Monde'', 13 août 2020.</ref>. Son but est de faire appliquer la [[charia]] et ses membres rejettent l'autorité de l'État, les écoles, le système de santé et la loi<ref name="Monde140620"/>.
En 1998<ref name=":0">{{Article |langue=fr |auteur1=Cyril Bensimon |titre=Le Mozambique, entre gaz et djihad |périodique=Le Monde |date=15 novembre 2019 |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/15/le-mozambique-entre-gaz-et-djihad_6019330_3212.html |pages= }}</ref>, une secte [[Islamisme|islamiste]], « Al Sunnah wa Jama'ah » (« les gens de la Sunna et de la communauté » ou simplement « [[Ansar al-Sunna (Mozambique)|Ansar al-Sunnah]] ») est fondée<ref name="Monde140620">Eric Morier-Genoud, [https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/06/14/le-mozambique-face-a-son-boko-haram_5314910_3212.html Le Mozambique face à son « Boko Haram »], ''Le Monde'', 14 juin 2018.</ref>{{,}}<ref name="RFI300320">[https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200330-mozambique-filiale-locale-etat-islamique-ravage-deux-villes-nord?ref=tw_i Mozambique: la filiale locale de l’EI ravage deux villes du nord], ''RFI'', 30 mars 2020.</ref>{{,}}<ref name="Monde130820">Jean-Philippe Rémy, [https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/13/apres-la-prise-de-mocimboa-da-praia-les-chabab-mozambicains-inquietent-l-afrique-australe_6048896_3212.html Après la prise de Mocimboa da Praia, les Chabab mozambicains inquiètent l’Afrique australe], ''Le Monde'', 13 août 2020.</ref>. Son but est de faire appliquer la [[charia]] et ses membres rejettent l'autorité de l'État, les écoles, le système de santé et la loi<ref name="Monde140620"/>.


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Al Sunnah recrute tout particulièrement dans la [[province de Cabo Delgado]], l'une des plus pauvres du pays, peuplée de 2,3 millions d’habitants, dont 58 % sont musulmans<ref name="Monde140620" />, au sein des populations du groupe des [[Mwani]]<ref name="Monde140620" /> et Macua (musulmanes)<ref name=":0" />. Or chez les Mwani existe un sentiment de marginalisation depuis des décennies, à la suite de fortes migrations dans leur région, un manque de développement économique<ref name="Monde140620" /> et par rapport à leurs voisins, les [[Makondé (peuple)|Makondé]], chrétiens, descendants des hommes qui s’étaient réfugiés à l’intérieur des terres pour échapper aux raids esclavagistes, et qui aujourd’hui sont mieux insérés socialement et économiquement<ref name=":0" />. A ceci se superpose un clivage politique : les Makondé sont favorables au [[Front de libération du Mozambique|Frelimo]] (parti au pouvoir) tandis que les Mwani soutiennent l’opposition, à savoir le [[Résistance nationale du Mozambique|Renamo]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |auteur=Ana Margarida Sousa Santos |titre=Histoire du Cabo Delgado : aux origines du conflit - EN |url=https://www.observatoirepharos.com/pays/mozambique/histoire-du-cabo-delgado-aux-origines-du-conflit-en/ |site=Observatoire Pharos |date=2020-09-03 |consulté le=2021-03-30}}</ref>.
Al Sunnah recrute tout particulièrement dans la [[province de Cabo Delgado]], l'une des plus pauvres du pays, peuplée de 2,3 millions d’habitants, dont 58 % sont musulmans<ref name="Monde140620" />, au sein des populations du groupe des [[Mwani]]<ref name="Monde140620" /> et Macua (musulmanes)<ref name=":0" />. Or chez les Mwani existe un sentiment de marginalisation depuis des décennies, à la suite de fortes migrations dans leur région, un manque de développement économique<ref name="Monde140620" /> et par rapport à leurs voisins, les [[Makondé (peuple)|Makondé]], chrétiens, descendants des hommes qui s’étaient réfugiés à l’intérieur des terres pour échapper aux raids esclavagistes, et qui aujourd’hui sont mieux insérés socialement et économiquement<ref name=":0" />. A ceci se superpose un clivage politique : les Makondé sont favorables au [[Front de libération du Mozambique|Frelimo]] (parti au pouvoir) tandis que les Mwani soutiennent l’opposition, à savoir le [[Résistance nationale du Mozambique|Renamo]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |auteur=Ana Margarida Sousa Santos |titre=Histoire du Cabo Delgado : aux origines du conflit - EN |url=https://www.observatoirepharos.com/pays/mozambique/histoire-du-cabo-delgado-aux-origines-du-conflit-en/ |site=Observatoire Pharos |date=2020-09-03 |consulté le=2021-03-30}}</ref>.

Ainsi, comme pour de nombreuses zones dans le monde, le débat est vif entre ceux qui désignent la pauvreté et la marginalisation de certaines populations comme étant à l'origine de l'insurrection, et ceux qui y voient la conséquence d'une radicalisation de l'islam local sous l'influence de prêcheurs étrangers ou du retour de jeunes qui ont étudié en Arabie saoudite, en Egypte ou au Soudan<ref name=":2">{{Article |prénom1=Eric |nom1=Morier-Genoud |titre=The jihadi insurgency in Mozambique: origins, nature and beginning |périodique=Journal of Eastern African Studies |volume=14 |numéro=3 |date=2020-07-02 |issn=1753-1055 |doi=10.1080/17531055.2020.1789271 |lire en ligne=https://doi.org/10.1080/17531055.2020.1789271 |consulté le=2021-04-01 |pages=396–412 }}</ref>.


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Progressivement émerge d'[[Ansar al-Sunna (Mozambique)|Ansar al-Sunnah]] un mouvement violent, « Al-Chabab » (« la jeunesse »)<ref name=":0" />, et le groupe se militarise en [[2016]]. À l’origine de cette radicalisation aurait notamment été soutenue par des notables, qui auraient financé la formation militaire<ref name=":1" />.
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== Déroulement ==
== Déroulement ==
Le {{date-|5 octobre 2017}}, 30 hommes d'Ansar al-Sunnah attaquent trois postes de police dans la ville de [[Mocímboa da Praia]]<ref name="Monde140620"/>{{,}}<ref name="MondeAFP071020">[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/07/apres-trois-ans-d-insurrection-djihadiste-le-nord-du-mozambique-assiege_6055112_3212.html Après trois ans d’insurrection djihadiste, le nord du Mozambique assiégé], ''Le Monde avec AFP'', 7 octobre 2020.</ref>. Deux policiers sont tués et des armes dérobées, avant que les insurgés ne prennent la fuite après plusieurs heures de combats avec la police<ref name="Monde140620"/>. Vers fin mai et début {{date-|juin 2018}}, une quarantaine de personnes sont tuées dans les violences, certaines sont décapitées et des centaines de maisons sont incendiées<ref name="Monde140620"/>.
Le {{date-|5 octobre 2017}}, 30 hommes d'Ansar al-Sunnah attaquent trois postes de police dans la ville de [[Mocímboa da Praia]]<ref name="Monde140620"/>{{,}}<ref name="MondeAFP071020">[https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/07/apres-trois-ans-d-insurrection-djihadiste-le-nord-du-mozambique-assiege_6055112_3212.html Après trois ans d’insurrection djihadiste, le nord du Mozambique assiégé], ''Le Monde avec AFP'', 7 octobre 2020.</ref>. Deux policiers sont tués et des armes dérobées. Les insurgés occupent la localité pendant 48 heures et ne prennent la fuite que lorsque des renforts de la police arrivent<ref name=":2" />.
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Fin 2019, les violences gagnent en intensité<ref name="AFP191219"/>. Les attaques contre les forces de sécurité se multiplient<ref name="RFI300320"/>. En novembre, 31 attaques sont commises<ref name="AFP191219"/>. Le {{date-|6 décembre}}, 9 à 14 soldats sont tués dans une embuscade commise par l'État islamique dans le village de Narere<ref name="AFP191219"/>. Les Russes auraient également subi de lourdes pertes à cette période, avec plusieurs dizaines de morts<ref name="RFI300320"/>{{,}}<ref name="Monde130820"/>.
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Version du 2 avril 2021 à 00:53

Insurrection djihadiste au Mozambique
Description de l'image Testmapcabodelgado.png.
Informations générales
Date - en cours
(6 ans et 7 mois)
Lieu Mozambique
Issue En cours
Belligérants
Drapeau du Mozambique Mozambique
Drapeau de la Russie Groupe Wagner (2019)
Drapeau de l'État islamique Ansar al-Sunnah (2017-2019)
Drapeau de l'État islamique État islamique en Afrique centrale (depuis 2019)
Commandants
Drapeau du Mozambique Filipe Nyusi
Forces en présence
Drapeau du Mozambique
11 000 hommes

Drapeau de la Russie
200 hommes[1]
Drapeau de l'État islamique
2 000 hommes[2]
Pertes
Inconnues Inconnues

Total : 2 600 morts au moins[2]

Insurrection djihadiste au Mozambique

Batailles

L'insurrection djihadiste au Mozambique est un conflit armé opposant à partir de 2017 le Gouvernement du Mozambique à des groupes salafistes djihadistes.

Origine et contexte de l'insurrection

En 1998[3], une secte islamiste, « Al Sunnah wa Jama'ah » (« les gens de la Sunna et de la communauté » ou simplement « Ansar al-Sunnah ») est fondée[4],[5],[6]. Son but est de faire appliquer la charia et ses membres rejettent l'autorité de l'État, les écoles, le système de santé et la loi[4].

Les premiers membres d'Al Sunnah étaient a priori basés dans le sud de la Tanzanie en 2015, sous l'influence de l'islamiste radical kényan Aboud Rogo Mohammed qui, avant d'être assassiné en 2012, avait été placé sur des listes de sanction américaine et de l'ONU pour collecter de fonds pour le groupe terroriste somalien des shebabs[7],[8],[9].

Al Sunnah recrute tout particulièrement dans la province de Cabo Delgado, l'une des plus pauvres du pays, peuplée de 2,3 millions d’habitants, dont 58 % sont musulmans[4], au sein des populations du groupe des Mwani[4] et Macua (musulmanes)[3]. Or chez les Mwani existe un sentiment de marginalisation depuis des décennies, à la suite de fortes migrations dans leur région, un manque de développement économique[4] et par rapport à leurs voisins, les Makondé, chrétiens, descendants des hommes qui s’étaient réfugiés à l’intérieur des terres pour échapper aux raids esclavagistes, et qui aujourd’hui sont mieux insérés socialement et économiquement[3]. A ceci se superpose un clivage politique : les Makondé sont favorables au Frelimo (parti au pouvoir) tandis que les Mwani soutiennent l’opposition, à savoir le Renamo[10].

Ainsi, comme pour de nombreuses zones dans le monde, le débat est vif entre ceux qui désignent la pauvreté et la marginalisation de certaines populations comme étant à l'origine de l'insurrection, et ceux qui y voient la conséquence d'une radicalisation de l'islam local sous l'influence de prêcheurs étrangers ou du retour de jeunes qui ont étudié en Arabie saoudite, en Egypte ou au Soudan[11].

Progressivement émerge d'Ansar al-Sunnah un mouvement violent, « Al-Chabab » (« la jeunesse »)[3], et le groupe se militarise en 2016. À l’origine de cette radicalisation aurait notamment été soutenue par des notables, qui auraient financé la formation militaire[8].

L'insurrection débute véritablement en 2017 et bascule dans la guérilla[4]. Au milieu de l'année 2018, ses effectifs sont estimés entre 300 et 1 500 combattants[4], puis à 2 000 en 2020[2]. Les violences se déroulent principalement au nord du pays, dans la Province de Cabo Delgado[4].

La province de Cabo Delgado est économiquement stratégique pour le Mozambique[5]. Durant la dernière décennie, d’énormes gisements de pétrole et de gaz ont en effet été découverts[4] et deux immenses blocs offshore de gaz, les réserves les plus importantes d’Afrique de l'Est, y sont exploités par les entreprises Total, Eni et ExxonMobil[5].

L'idéologie et les objectifs du Al Sunnah wa Jama'ah restent cependant assez obscures, le groupe ne publiant jamais de communiqués[1].

En revanche, en , l'État islamique revendique ses premières attaques au Mozambique[1],[5] et, un mois plus tard, Ansar al-Sunnah annonce prêter allégeance à l'État islamique[5]. L'agence Amaq présente alors le groupe comme appartenant à la « province d'Afrique centrale » de l'EI[5] ou l'État islamique en Afrique centrale (ISCAP), tout comme les Allied Democratic Forces (ADF) au Congo[12]. Les spécialistes mettent toutefois en doute l’influence réelle de l'Etat islamique, mais n’excluent pas des liens avec certaines milices étrangères[8].

Déroulement

Le , 30 hommes d'Ansar al-Sunnah attaquent trois postes de police dans la ville de Mocímboa da Praia[4],[2]. Deux policiers sont tués et des armes dérobées. Les insurgés occupent la localité pendant 48 heures et ne prennent la fuite que lorsque des renforts de la police arrivent[11].

Vers fin mai et début , une quarantaine de personnes sont tuées dans les violences, certaines sont décapitées et des centaines de maisons sont incendiées[4]. Les insurgés commencent à lancer des attaques en plein jour[11].

En 2019, ils ont commencé à cibler les petites villes, les avant-postes de l'armée et les transports routiers[11]. En juillet 2019, ils prêtent allégeance à l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, plus communément appelé ISIS)[11].

Les Forces armées du Mozambique sont envoyées dans la province de Cabo Delgado[1]. L'Etat mozambicain fait également appel à des mercenaires russes : en , 200 hommes du Groupe Wagner arrivent au Mozambique avec des hélicoptères et des drones[1],[13],[5] mais ils quittent les lieux quelques mois après avoir subi des pertes. La SMP sud-africaine Dyck Advisory Group (DAG) (en) agit aussi sur place avec des hélicoptères d'attaque légers[14].

Fin 2019, les violences gagnent en intensité[1]. Les attaques contre les forces de sécurité se multiplient[5]. En novembre, 31 attaques sont commises[1]. Le , 9 à 14 soldats sont tués dans une embuscade commise par l'État islamique dans le village de Narere[1]. Les Russes auraient également subi de lourdes pertes à cette période, avec plusieurs dizaines de morts[5],[6].

Le , l'État islamique s'empare brièvement de la ville de Mocímboa da Praia[5]. Ils pillent les commerces et détruisent les banques et les bâtiments liés à l'État, puis ils se retirent après avoir distribué de l'argent et des vivres aux habitants pour se concilier les populations locales[5]. Deux jours plus tard, les djihadistes envahissent Quissanga[5].

L'armée mozambicaine affirme pour sa part avoir tué 42 djihadistes le , entre les villages de Chinda et Mbau, et huit autres le lendemain dans le district de Quissanga[15].

Le , l'EI attaque la ville de Macomia, mais l'armée parvient à repousser les assaillants au bout de trois jours de combats et revendique la mort de 78 djihadistes[16].

Le , les djihadistes lancent une grande offensive contre la ville de Mocímboa da Praia, qui est entièrement prise d'assaut le [6],[17].

Le , environ 50 jeunes hommes sont capturés dans le district de Muidumbe et décapités sur un terrain de football[18],[19].

Le , l'État islamique s'empare de la ville de Palma, après trois jours de combats[20].

Bilan humain

En , l'ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled) évalue le nombre des morts causés par le conflit à 1 100, dont 700 civils[15].

En , le bilan est d'au moins 2 000 morts selon l'ONU[2].

Bibliographie

Notes et références

  1. a b c d e f g et h Le Mozambique aspiré dans la spirale de la violence djihadiste, AFP, 19 décembre 2019.
  2. a b c d et e Après trois ans d’insurrection djihadiste, le nord du Mozambique assiégé, Le Monde avec AFP, 7 octobre 2020.
  3. a b c et d Cyril Bensimon, « Le Mozambique, entre gaz et djihad », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. a b c d e f g h i j et k Eric Morier-Genoud, Le Mozambique face à son « Boko Haram », Le Monde, 14 juin 2018.
  5. a b c d e f g h i j k et l Mozambique: la filiale locale de l’EI ravage deux villes du nord, RFI, 30 mars 2020.
  6. a b et c Jean-Philippe Rémy, Après la prise de Mocimboa da Praia, les Chabab mozambicains inquiètent l’Afrique australe, Le Monde, 13 août 2020.
  7. (en-US) Mette Kaalby Vestergaard, « Jihadists in Mozambique: Where did they come from and how did it happen? », sur Human Security Centre, (consulté le )
  8. a b et c António Rodrigues, « Djihadisme à Cabo Delgado : une menace de plus en plus réelle », sur Observatoire Pharos, (consulté le )
  9. (en-GB) « 'Al-Shabab supporter' Aboud Rogo Mohammed killed in Kenya », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Ana Margarida Sousa Santos, « Histoire du Cabo Delgado : aux origines du conflit - EN », sur Observatoire Pharos, (consulté le )
  11. a b c d et e Eric Morier-Genoud, « The jihadi insurgency in Mozambique: origins, nature and beginning », Journal of Eastern African Studies, vol. 14, no 3,‎ , p. 396–412 (ISSN 1753-1055, DOI 10.1080/17531055.2020.1789271, lire en ligne, consulté le )
  12. « Après la revendication d’une attaque près de Béni, que sait-on du groupe État islamique en RD Congo ? », sur Les Observateurs - France 24, (consulté le )
  13. Des consultants russes à Bamako : la réactivation d'un lien historique, France info avec AFP, 10 décembre 2019.
  14. https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-03-27-south-africans-reportedly-killed-as-jihadist-insurgents-overrun-hotel-in-mozambiques-palma/
  15. a et b Les autorités affirment avoir tué 50 islamistes au Mozambique, AFP, 14 mai 2020.
  16. Mozambique: les autorités annoncent avoir repoussé une attaque jihadiste dans le Nord, RFI, 3 juin 2020.
  17. Mozambique: les jihadistes shebabs s'emparent du port stratégique de Mocimboa da Praia, RFI, 13 août 2020.
  18. Juliette Mansour, Civils décapités au Mozambique : Macron appelle à une «réponse internationale», Le Parisien, 11 novembre 2020.
  19. Laurent Larcher, Au Mozambique, des massacres djihadistes au cœur d’une région convoitée, La Croix, 12 novembre 2020.
  20. Attaque au Mozambique: Palma aux mains des jihadistes, Le Point avec AFP, 27 mars 2021.