« Acceptabilité sociale » : différence entre les versions

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[[Michel Callon|Callon]] et collègues racontent à travers l'ouvrage ''[[Agir dans un monde incertain]]'' (2001)<ref>{{Ouvrage|nom1=Callon, Michel, (1945- ...).|nom2=Barthe, Yannick.|titre=Agir dans un monde incertain essai sur la démocratie technique|éditeur=[Éd. Points]|date=impr. 2014, cop. 2001|isbn=978-2-7578-4105-1|isbn2=2-7578-4105-X|oclc=881424900|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/881424900|consulté le=2019-12-12}}</ref> l'apport citoyen au sein de la recherche scientifique. Cet apport pouvant semblé banal vu la faible expertise des gens ordinaires, est crucial pour comprendre les effets directs d'un projet, d'une décision sur un groupe de personnes. Les auteurs argumentent en fait que ce sont souvent les "profanes" , bien qu'ayant généralement peu de connaissances techniques ou scientifiques, qui sont experts de leur milieu, de la dynamique communautaire et que en ce sens, ils peuvent devenir eux aussi partie prenante du processus de la recherche scientifique. Comme le disent Callon et collègues: « Il n’y a pas plus obstiné, plus attentif, plus précautionneux, plus rigoureux qu’un groupe de non-spécialistes qui veulent savoir pourquoi ils endurent des malheurs insupportables. » (p.117). En somme, les citoyens ont un mot à dire quant aux projets et décisions de prometteurs car ils ont une connaissance de leur environnement et seront surtout favorables à donner leur point de vue, qui est plus objectif qu'il est possible de le croire à priori. Les citoyens possèdent le savoir situé qui est définit comme étant: «une expertise basée sur l’expérience à partir de laquelle les opposants ont pu critiquer les avis institutionnels en soulignant notamment les spécificités locales» qui lui permet d’évaluer « l’adéquation entre les objectifs des experts et les connaissances ou méthodes qu’ils utilisent » (Gendron, 2016<ref>{{Article |prénom1=Corinne |nom1=Gendron |titre=Une science pacificatrice au service de l’acceptabilité sociale ? Le cas des gaz de schiste au Québec |périodique=Éthique publique |numéro=vol. 18, n° 1 |date=2016-01-01 |issn=1488-0946 |issn2=1929-7017 |doi=10.4000/ethiquepublique.2531 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/ethiquepublique/2531 |consulté le=2019-12-12 }}</ref>; Chailleurx, 2015<ref>{{Article |prénom1=Sébastien |nom1=Chailleux |titre=De la revendication locale à la mise en cause globale : trajectoire du mouvement d’opposition au gaz de schiste au Québec |périodique=Recherches sociographiques |volume=56 |numéro=2-3 |date=2015-12-11 |issn=1705-6225 |issn2=0034-1282 |doi=10.7202/1034210ar |lire en ligne=http://id.erudit.org/iderudit/1034210ar |consulté le=2019-12-12 |pages=325–351 }}</ref>; Séguin, 2016<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Ève Séguin |titre=Rapports science et société : Le monde de la recherche en difficulté d’apprentissage |périodique=Découvrir le magazine de l’Acfas |date=Février 2016 |issn= |lire en ligne=https://www.acfas.ca/publications/decouvrir/2016/02/rapports-science-societe-monde-recherche-en-difficulte-apprentissage |pages= }}</ref>)
[[Michel Callon|Callon]] et collègues racontent à travers l'ouvrage ''[[Agir dans un monde incertain]]'' (2001)<ref>{{Ouvrage|nom1=Callon, Michel, (1945- ...).|nom2=Barthe, Yannick.|titre=Agir dans un monde incertain essai sur la démocratie technique|éditeur=[Éd. Points]|date=impr. 2014, cop. 2001|isbn=978-2-7578-4105-1|isbn2=2-7578-4105-X|oclc=881424900|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/881424900|consulté le=2019-12-12}}</ref> l'apport citoyen au sein de la recherche scientifique. Cet apport pouvant semblé banal vu la faible expertise des gens ordinaires, est crucial pour comprendre les effets directs d'un projet, d'une décision sur un groupe de personnes. Les auteurs argumentent en fait que ce sont souvent les "profanes" , bien qu'ayant généralement peu de connaissances techniques ou scientifiques, qui sont experts de leur milieu, de la dynamique communautaire et que en ce sens, ils peuvent devenir eux aussi partie prenante du processus de la recherche scientifique. Comme le disent Callon et collègues: « Il n’y a pas plus obstiné, plus attentif, plus précautionneux, plus rigoureux qu’un groupe de non-spécialistes qui veulent savoir pourquoi ils endurent des malheurs insupportables. » (p.117). En somme, les citoyens ont un mot à dire quant aux projets et décisions de prometteurs car ils ont une connaissance de leur environnement et seront surtout favorables à donner leur point de vue, qui est plus objectif qu'il est possible de le croire à priori. Les citoyens possèdent le savoir situé qui est définit comme étant: «une expertise basée sur l’expérience à partir de laquelle les opposants ont pu critiquer les avis institutionnels en soulignant notamment les spécificités locales» qui lui permet d’évaluer « l’adéquation entre les objectifs des experts et les connaissances ou méthodes qu’ils utilisent » (Gendron, 2016<ref>{{Article |prénom1=Corinne |nom1=Gendron |titre=Une science pacificatrice au service de l’acceptabilité sociale ? Le cas des gaz de schiste au Québec |périodique=Éthique publique |numéro=vol. 18, n° 1 |date=2016-01-01 |issn=1488-0946 |issn2=1929-7017 |doi=10.4000/ethiquepublique.2531 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/ethiquepublique/2531 |consulté le=2019-12-12 }}</ref>; Chailleurx, 2015<ref>{{Article |prénom1=Sébastien |nom1=Chailleux |titre=De la revendication locale à la mise en cause globale : trajectoire du mouvement d’opposition au gaz de schiste au Québec |périodique=Recherches sociographiques |volume=56 |numéro=2-3 |date=2015-12-11 |issn=1705-6225 |issn2=0034-1282 |doi=10.7202/1034210ar |lire en ligne=http://id.erudit.org/iderudit/1034210ar |consulté le=2019-12-12 |pages=325–351 }}</ref>; Séguin, 2016<ref>{{Article |langue=français |auteur1=Ève Séguin |titre=Rapports science et société : Le monde de la recherche en difficulté d’apprentissage |périodique=Découvrir le magazine de l’Acfas |date=Février 2016 |issn= |lire en ligne=https://www.acfas.ca/publications/decouvrir/2016/02/rapports-science-societe-monde-recherche-en-difficulte-apprentissage |pages= }}</ref>)

== 2. Les fondements théoriques de l'acceptabilité sociale ==
Dans la mesure où le concept d'acceptabilité sociale est intimement liée aux activités des entreprises et à leurs incidences sur les communautés environnantes ou élargies, le concept a été fortement corrélé et théorisé à partir des principales théories en vogue dans les domaines de la responsabilité sociale et environnementale.
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=== Controverses ===


=== Licence sociale ===
=== Licence sociale ===
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=== La théorie des parties prenantes ===
=== La théorie des parties prenantes ===
La théorie des [[Partie prenante#Théories du management|parties prenantes]] a été popularisée en 1984 par [[R. Edward Freeman]] dans ''Strategic management: A stakeholder approach''<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=Freeman, R. Edward, 1951-|titre=Strategic management : a stakeholder approach|passage=46|lieu=|éditeur=Pitman|date=1984|pages totales=|isbn=0-273-01913-9|isbn2=978-0-273-01913-8|isbn3=978-0-521-15174-0|oclc=9685996|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/9685996|consulté le=2019-12-12}}</ref>. Freeman définit les parties prenantes comme « tout groupe ou individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation de l'objectif d'une organisation » (''any group or individual who can affect or is affected by the achievement of the organization’s objective'')<ref name=":0" />. En ce sens, Freeman reconnaît que l'organisation a des responsabilités élargies qui transcendent la [[primauté actionnariale]], remettant ainsi en question l'idée popularisée par [[Milton Friedman]] selon laquelle la seule responsabilité sociale des entreprises est de maximiser ses profits<ref>{{Chapitre|prénom1=Milton|nom1=Friedman|titre chapitre=The Social Responsibility of Business Is to Increase Its Profits|titre ouvrage=Corporate Ethics and Corporate Governance|éditeur=Springer Berlin Heidelberg|isbn=978-3-540-70817-9|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1007/978-3-540-70818-6_14|consulté le=2019-12-12|passage=173–178}}</ref>. Parmi les principaux développements subséquents de la théorie des parties prenantes, Donaldson et Preston<ref>{{Chapitre|prénom1=Tom|nom1=Donaldson|prénom2=Lee E.|nom2=Preston|titre chapitre=The Stakeholder Theory of the Corporation: Concepts, Evidence and Implications|titre ouvrage=The Corporation and Its Stakeholders|éditeur=University of Toronto Press|date=1998-01-31|isbn=978-1-4426-7349-6|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3138/9781442673496-011|consulté le=2019-12-12}}</ref> ont démontré que les trois piliers théoriques sont descriptifs, instrumentaux et normatifs. D'une part, la théorie des parties prenantes décrit adéquatement la situation de l'entreprise au sein de environnement caractérisé par la présence d'une multitude d'acteurs ayant des revendications qui interpellent les activités organisationnelles. D'autre part, la théorie des parties prenantes a une dimension instrumentale qui concerne la [[Management stratégique|stratégie d'entreprise]]. Finalement, cette théorie a une dimension normative et sert de fondement pour la responsabilité des entreprises envers les préoccupations légitimes des parties prenantes.
La théorie des [[Partie prenante#Théories du management|parties prenantes]] est


=== La responsabilité sociale des entreprises (RSE) ===
=== La responsabilité sociale des entreprises (RSE) ===
La [[Responsabilité sociétale des entreprises|responsabilité sociale des entreprises]] est...
La [[Responsabilité sociétale des entreprises|responsabilité sociale des entreprises]] est...


== 2. Les différentes définitions ==
== 3. Les différentes définitions ==
Il existe plusieurs définitions de l'acceptabilité sociale. Il est nécessaire de présenter plus d'une définition pour bien saisir les différentes facettes du concept. Faufflet et Baba ont récemment identifié les principales définitions répertoriées dans la littérature scientifique et technique<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Sofiane |nom1=Baba |prénom2=Emmanuel |nom2=Raufflet |titre=L’acceptabilité sociale : une notion en consolidation |périodique=Management international / International Management / Gestiòn Internacional |volume=19 |numéro=3 |date=2015 |issn=1206-1697 |issn2=1918-9222 |doi=https://doi.org/10.7202/1043005ar |lire en ligne=http://www.erudit.org/fr/revues/mi/2015-v19-n3-mi03385/1043005ar/ |consulté le=2019-12-12 |pages=98–114 }}</ref>
Il existe plusieurs définitions de l'acceptabilité sociale. Il est nécessaire de présenter plus d'une définition pour bien saisir les différentes facettes du concept. Faufflet et Baba ont récemment identifié les principales définitions répertoriées dans la littérature scientifique et technique<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Sofiane |nom1=Baba |prénom2=Emmanuel |nom2=Raufflet |titre=L’acceptabilité sociale : une notion en consolidation |périodique=Management international / International Management / Gestiòn Internacional |volume=19 |numéro=3 |date=2015 |issn=1206-1697 |issn2=1918-9222 |doi=https://doi.org/10.7202/1043005ar |lire en ligne=http://www.erudit.org/fr/revues/mi/2015-v19-n3-mi03385/1043005ar/ |consulté le=2019-12-12 |pages=98–114 }}</ref>


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L'acceptabilité sociale qui est définit comme suit : « Assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, incluant le statu quo »<ref>{{Article |prénom1=Corinne |nom1=Gendron |titre=Penser l’acceptabilité sociale : au-delà de l’intérêt, les valeurs |périodique=Communiquer. Revue de communication sociale et publique |numéro=11 |date=2014-02-01 |issn=2368-9587 |doi=10.4000/communiquer.584 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/communiquer/584 |consulté le=2019-12-12 |pages=117–129 }}</ref> (Gendron, 2014)
L'acceptabilité sociale qui est définit comme suit : « Assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, incluant le statu quo »<ref>{{Article |prénom1=Corinne |nom1=Gendron |titre=Penser l’acceptabilité sociale : au-delà de l’intérêt, les valeurs |périodique=Communiquer. Revue de communication sociale et publique |numéro=11 |date=2014-02-01 |issn=2368-9587 |doi=10.4000/communiquer.584 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/communiquer/584 |consulté le=2019-12-12 |pages=117–129 }}</ref> (Gendron, 2014)


== L'acceptabilité sociale au Québec ==
== 4. L'acceptabilité sociale au Québec ==


=== Gaz de schistes ===
=== Gaz de schistes ===
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=== Projet GNL Saguenay ===
=== Projet GNL Saguenay ===
Lettre de 40 économistes contre le projet GNL Québec <ref>{{Lien web|langue=français|auteur1=Texte collectif|titre=Le projet GNL Québec, bon pour l’économie ?|url=https://www.lapresse.ca/debats/opinions/201910/14/01-5245371-le-projet-gnl-quebec-bon-pour-leconomie-.php|site=lapresse.ca|périodique=La Presse|date=15 octobre 2019|consulté le=12 décembre 2019}}</ref>
Lettre de 40 économistes contre le projet GNL Québec <ref>{{Lien web|langue=français|auteur1=Texte collectif|titre=Le projet GNL Québec, bon pour l’économie ?|url=https://www.lapresse.ca/debats/opinions/201910/14/01-5245371-le-projet-gnl-quebec-bon-pour-leconomie-.php|site=lapresse.ca|périodique=La Presse|date=15 octobre 2019|consulté le=12 décembre 2019}}</ref>


=== Hydro-Québec et la Paix des Braves ===
=== Hydro-Québec et la Paix des Braves ===
En 1971, [[Hydro-Québec]] a
En 1971, [[Hydro-Québec]] a
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=== Le développement de la filière de l'éolien ===
=== Le développement de la filière de l'éolien ===
Le [[Énergie éolienne au Québec|développement de l'énergie éolienne au Québec]] a été sujet à de nombreuses controverses depuis le début des années 2000....
Le [[Énergie éolienne au Québec|développement de l'énergie éolienne au Québec]] a été sujet à de nombreuses controverses depuis le début des années 2000....
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=== La privatisation du Mont Orford ===
=== La privatisation du Mont Orford ===

Version du 12 décembre 2019 à 10:18

Intro

1. Brève histoire du concept

Le concept d'acceptabilité sociale est lié intimement à celui des controverses socio-techniques ou techno-scientifiques. En général, l'acceptabilité sociale se veut une réponse citoyenne ou de différentes groupes sociaux à

Déjà en 1986, Ulrich Beck évoquait dans La Société du risque la confrontation entre les logiques citoyenne et scientifique:

« Même dans leurs habillages statistiques, ultramathématiques ou technologiques, les discours sur les risques contiennent des assertions du type: voilà comment nous voulons vivre – soit des assertions auxquelles on ne peut répondre qu'en transgressant systématiquement les frontières des sciences naturelles et des savoirs techniques. Il faut donc renverser le raisonnement: le fait que la population refuse d'accepter l définition scientifique du risque n'est pas un signe d'« irrationalité », mais atteste au contraire que les prémisses culturelles de cette acceptation contenues dans les assertions technico-scientifiques sur le risque sont fausses. Les experts, les techniciens du risque, se trompent sur la validité empirique de leurs prémisses implicites, ils se trompent sur ce que la population juge acceptable et ce qu'elle juge inacceptable."[1]

Beck évoquait tout au long de son ouvrage

Callon et collègues racontent à travers l'ouvrage Agir dans un monde incertain (2001)[2] l'apport citoyen au sein de la recherche scientifique. Cet apport pouvant semblé banal vu la faible expertise des gens ordinaires, est crucial pour comprendre les effets directs d'un projet, d'une décision sur un groupe de personnes. Les auteurs argumentent en fait que ce sont souvent les "profanes" , bien qu'ayant généralement peu de connaissances techniques ou scientifiques, qui sont experts de leur milieu, de la dynamique communautaire et que en ce sens, ils peuvent devenir eux aussi partie prenante du processus de la recherche scientifique. Comme le disent Callon et collègues: « Il n’y a pas plus obstiné, plus attentif, plus précautionneux, plus rigoureux qu’un groupe de non-spécialistes qui veulent savoir pourquoi ils endurent des malheurs insupportables. » (p.117). En somme, les citoyens ont un mot à dire quant aux projets et décisions de prometteurs car ils ont une connaissance de leur environnement et seront surtout favorables à donner leur point de vue, qui est plus objectif qu'il est possible de le croire à priori. Les citoyens possèdent le savoir situé qui est définit comme étant: «une expertise basée sur l’expérience à partir de laquelle les opposants ont pu critiquer les avis institutionnels en soulignant notamment les spécificités locales» qui lui permet d’évaluer « l’adéquation entre les objectifs des experts et les connaissances ou méthodes qu’ils utilisent » (Gendron, 2016[3]; Chailleurx, 2015[4]; Séguin, 2016[5])

2. Les fondements théoriques de l'acceptabilité sociale

Dans la mesure où le concept d'acceptabilité sociale est intimement liée aux activités des entreprises et à leurs incidences sur les communautés environnantes ou élargies, le concept a été fortement corrélé et théorisé à partir des principales théories en vogue dans les domaines de la responsabilité sociale et environnementale.

Controverses

Licence sociale

[La licence sociale s'oppose à la licence légale octroyée - de la part d'un gouvernement ou d'une autorité publique - à un projet ou à une entreprise.

La théorie des parties prenantes

La théorie des parties prenantes a été popularisée en 1984 par R. Edward Freeman dans Strategic management: A stakeholder approach[6]. Freeman définit les parties prenantes comme « tout groupe ou individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation de l'objectif d'une organisation » (any group or individual who can affect or is affected by the achievement of the organization’s objective)[6]. En ce sens, Freeman reconnaît que l'organisation a des responsabilités élargies qui transcendent la primauté actionnariale, remettant ainsi en question l'idée popularisée par Milton Friedman selon laquelle la seule responsabilité sociale des entreprises est de maximiser ses profits[7]. Parmi les principaux développements subséquents de la théorie des parties prenantes, Donaldson et Preston[8] ont démontré que les trois piliers théoriques sont descriptifs, instrumentaux et normatifs. D'une part, la théorie des parties prenantes décrit adéquatement la situation de l'entreprise au sein de environnement caractérisé par la présence d'une multitude d'acteurs ayant des revendications qui interpellent les activités organisationnelles. D'autre part, la théorie des parties prenantes a une dimension instrumentale qui concerne la stratégie d'entreprise. Finalement, cette théorie a une dimension normative et sert de fondement pour la responsabilité des entreprises envers les préoccupations légitimes des parties prenantes.

La responsabilité sociale des entreprises (RSE)

La responsabilité sociale des entreprises est...

3. Les différentes définitions

Il existe plusieurs définitions de l'acceptabilité sociale. Il est nécessaire de présenter plus d'une définition pour bien saisir les différentes facettes du concept. Faufflet et Baba ont récemment identifié les principales définitions répertoriées dans la littérature scientifique et technique[9]

« L’acceptabilité sociale est enracinée dans les croyances, les perceptions et les opinions de la population locale et d’autres intervenants sur le projet. Elle est également immatérielle, sauf si des efforts sont faits pour mesurer ces croyances, opinions et perceptions. Enfin, elle est dynamique et non permanente puisque les croyances, opinions et perceptions sont susceptibles de changer, d’où la nécessité d’acquérir et de développer l’acceptabilité sociale. Ainsi, l’acceptabilité sociale existe dès lors qu’un projet reçoit l’approbation continue des communautés locales et autres parties prenantes. »[10] (Robert Boutilier and Associates, 2012, p. 1)

«L’acceptabilité sociale est une approbation qui ne peut pas être octroyée par les autorités civiles, par les structures politiques, ou même par le système juridique. [...] L’acceptabilité sociale ne peut provenir que de l’acceptation accordée par les voisins de l’entreprise. Ainsi, une telle acceptabilité doit être atteinte à plusieurs niveaux, mais elle doit débuter par l’acceptation sociale de l’exploitation des ressources par les communautés locales. »[11] (Joyce et Thomson, 2000, p. 3)

« Un processus complet et documenté qui vise à permettre aux acteurs locaux et autres groupes d’intérêts d’identifier leurs valeurs et croyances durant leur participation à l’étude d’impact environnemental du projet proposé et l’identification de plans alternatifs pour les opérations du projet. »[12] (Shepard (2008)p. 1)

«L’acceptabilité sociale fait référence à une sorte d’approbation qu’elles doivent obtenir des collectivités locales dans les zones où elles opèrent (en contraste avec l’approbation légale qu’elles obtiennent des gouvernements). Le concept a vu le jour en particulier dans les industries extractives qui ont souvent un impact direct sur les communautés locales puisque les entreprises doivent souvent inonder leurs terres, utiliser de l’eau ainsi que d’autres ressources. Ces industries ont récemment suscité la colère des communautés locales et ont fait l’objet de protestations généralisées dans les pays en développement. »[13] (Slack (2008)p. 1)

« L’ acceptabilité sociale se situe en dehors du cadre gouvernemental et législatif. Une entreprise ne peut obtenir l’acceptabilité sociale de ses projets que grâce à une acceptation de ses activités par la majorité de la société ou des communautés locales. Sans cette approbation, une entreprise peut ne pas être en mesure de poursuivre ses activités sans encourir de sérieux retards et des coûts.» (Glossaire sous le mot-clé “Social License to Operate”Ethical Funds (2012))

«L’acceptabilité sociale est unanimement reconnue comme le résultat le plus immédiat des efforts stratégiques des entreprises en matière de RSE. Cette “immunité sociale” confirme également l’accent que mettent les entreprises sur la RSE comme un objectif essentiel de la gestion stratégique – pour obtenir des avantages ou réduire les risques »[14] (Kraisornsuthasinee et Swierczek (2009, p. 562)

«La licence sociale réfère à un contrat social informel existant entre une industrie et la communauté dans laquelle elle opère. La licence sociale sous-entend un niveau d’acceptation ou d’approbation qu’une communauté octroie à un projet spécifique »[15] (Lacey et Lamont (2013)p. 2)

une condition qui résulte d’un processus de jugement par lequel les individus (1) comparent la réalité perçue avec ses alternatives connues, et (2) décident si l’état “réel” est supérieur, ou suffisamment similaire, à la condition alternative la plus favorable[16] (Brunson, (1996)p. 9)

L'acceptabilité sociale qui est définit comme suit : « Assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives connues, incluant le statu quo »[17] (Gendron, 2014)

4. L'acceptabilité sociale au Québec

Gaz de schistes

La controverse autour du développement des gaz de schiste au Québec a ...

Centrale du Suroît

Le projet du Suroît est

Projet GNL Saguenay

Lettre de 40 économistes contre le projet GNL Québec [18]

Hydro-Québec et la Paix des Braves

En 1971, Hydro-Québec a

Le développement de la filière de l'éolien

Le développement de l'énergie éolienne au Québec a été sujet à de nombreuses controverses depuis le début des années 2000....

La privatisation du Mont Orford

Le projet de privatisation du Mont Orford a été

  1. Beck, Ulrich, 1944-, La société du risque : sur la voie d'une autre modernité, Flammarion, (ISBN 978-2-08-121888-8 et 2-08-121888-7, OCLC 377942791, lire en ligne)
  2. Callon, Michel, (1945- ...). et Barthe, Yannick., Agir dans un monde incertain essai sur la démocratie technique, [Éd. Points], impr. 2014, cop. 2001 (ISBN 978-2-7578-4105-1 et 2-7578-4105-X, OCLC 881424900, lire en ligne)
  3. Corinne Gendron, « Une science pacificatrice au service de l’acceptabilité sociale ? Le cas des gaz de schiste au Québec », Éthique publique, no vol. 18, n° 1,‎ (ISSN 1488-0946 et 1929-7017, DOI 10.4000/ethiquepublique.2531, lire en ligne, consulté le )
  4. Sébastien Chailleux, « De la revendication locale à la mise en cause globale : trajectoire du mouvement d’opposition au gaz de schiste au Québec », Recherches sociographiques, vol. 56, nos 2-3,‎ , p. 325–351 (ISSN 1705-6225 et 0034-1282, DOI 10.7202/1034210ar, lire en ligne, consulté le )
  5. Ève Séguin, « Rapports science et société : Le monde de la recherche en difficulté d’apprentissage », Découvrir le magazine de l’Acfas,‎ (lire en ligne)
  6. a et b Freeman, R. Edward, 1951-, Strategic management : a stakeholder approach, Pitman, (ISBN 0-273-01913-9, 978-0-273-01913-8 et 978-0-521-15174-0, OCLC 9685996, lire en ligne), p. 46
  7. Milton Friedman, « The Social Responsibility of Business Is to Increase Its Profits », dans Corporate Ethics and Corporate Governance, Springer Berlin Heidelberg (ISBN 978-3-540-70817-9, lire en ligne), p. 173–178
  8. Tom Donaldson et Lee E. Preston, « The Stakeholder Theory of the Corporation: Concepts, Evidence and Implications », dans The Corporation and Its Stakeholders, University of Toronto Press, (ISBN 978-1-4426-7349-6, lire en ligne)
  9. Sofiane Baba et Emmanuel Raufflet, « L’acceptabilité sociale : une notion en consolidation », Management international / International Management / Gestiòn Internacional, vol. 19, no 3,‎ , p. 98–114 (ISSN 1206-1697 et 1918-9222, DOI https://doi.org/10.7202/1043005ar, lire en ligne, consulté le )
  10. Robert Boutilier and associates, « What Is the Social License? », sur http://socialicense.com (consulté le )
  11. (en) Susan Joyce ; Ian Thomson, « Earning a Social Licence to Operate: Social Acceptability and Resource Development in Latin America », sur oncommonground.ca, (consulté le )
  12. (en) Shepard, R. B, « Gaining A Social License to Mine », sur www.appl-ecosys.com (consulté le )
  13. (en) Slack, K., « Corporate Social License and Community Consent. », sur policy innovations.org, (consulté le )
  14. (en) Suthisak Kraisornsuthasinee et Fredric William Swierczek, « Doing well by doing good in Thailand », Social Responsibility Journal, vol. 5, no 4,‎ , p. 550–565 (ISSN 1747-1117, DOI 10.1108/17471110910995393, lire en ligne, consulté le )
  15. Justine Lacey et Julian Lamont, « Using social contract to inform social licence to operate: an application in the Australian coal seam gas industry », Journal of Cleaner Production, special Volume: The sustainability agenda of the minerals and energy supply and demand network: an integrative analysis of ecological, ethical, economic, and technological dimensions, vol. 84,‎ , p. 831–839 (ISSN 0959-6526, DOI 10.1016/j.jclepro.2013.11.047, lire en ligne, consulté le )
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