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Récupération des infixe sur le § restructuré : L'extase de mémoire dans Augustin est plus forte que celles de La Recherche[modifier | modifier le code]

« Des « Je vous salue Marie pleine de grâce», d'une matité limpide, ceux de Christine, en appelaient d'autres, ceux d'autrefois (sur des routes, dans des bois montants) [... ] Ce lui fut surprise, élargissement, repos dans la clarté, comme la fin des bois montants. (Cerf, Paris, p.827) »
Bernard Forthomme : « L'extase de mémoire chez Malègue n'est pas la même que chez Proust.»

Pour Francine de Martinoir, dans La Croix, ce qui rapproche Malègue de Proust est aussi le contenu des deux œuvres : le Paradis perdu de l'enfance (à Aurillac et à la ferme du Grand domaine), chez Malègue, est analogue selon elle au Combray de À la recherche du temps perdu. Elle rappelle la comparaison souvent faite avec cet écrivain : « Malègue est un «Proust chrétien», a-t-on dit, sans doute parce que son roman, bien que rédigé à la troisième personne, donne aussi une vision totale du monde au cours du voyage intérieur d'un héros qui, aux dernières pages, trouve le Salut. Pour le narrateur de Proust, c'est la littérature, déchiffrée dans les signes de sa vie passée. Pour Augustin, c'est Dieu. Les signes qui pouvaient le guider étaient, eux aussi, déjà là, mais il ne savait les lire[1]. »

José Fontaine considère que cette approche du lien entre Proust et Malègue est plus pertinente, car elle met en valeur, écrit-il, « la parenté des deux projets romanesques[2]. » Il estime que les autres comparaisons avec Proust et notamment le cliché du « Proust catholique » [3] ne sont pas bien pensés. Selon cet auteur, le vrai lien entre Proust et Malègue, c'est le remploi par ce dernier d'expériences popularisées par Proust, mais qui peuvent avoir été utilisées par d'autres écrivains comme le montre Jean-Claude Bologne par exemple à propos des extases de mémoire[4].

Il donne l'exemple de l'expérience mystique enfantine d'Augustin dans la forêt des gorges du Cantal, après qu'il a récité le chapelet avec sa famille dans la chapelle de la Font-Sainte, abandonnée dans les bois (p. 45 de l'édition du Cerf d' Augustin) : Augustin se sent envahi par une « haute puissance solitaire » qui l'invite à se laisser aller « dans des bras immenses ». Or, près de 800 pages plus loin (même édition, p. 827, ce qui explique que peu, voire personne, ne l'a vu), une extase de mémoire rend à nouveau présente l'expérience enfantine à la mort d'Augustin, engendrant l'unité profonde du roman, origine probable de la fascination qu'il exerce. Il y est fait deux fois allusion à quelques lignes de distance : « sur des routes, dans des bois montants » ; puis : « comme la fin des bois montants ».

Augustin meurt avec, à son chevet, sa sœur Christine. Il se fait que celle-ci entame la récitation du chapelet dont les Ave produisent à l'intérieur de l'âme d'Augustin, ce que la madeleine mouillée de thé produit dans celle du héros de Proust. Ce n'est pas seulement le souvenir d'un même incident du passé, mais la totale résurrection de l'instant alors vécu dans l'instant présent : « L'Augustin enfant et l'Augustin moribond ne font plus qu'un seul être[5], » envahis l'un et l'autre par la présence de Dieu.

« Cette résurgence de l'enfant dans l'adulte moribond fait penser à l'intuition de Bernanos dans la Préface à son pamphlet Les Grands Cimetières sous la lune[6] ». Malègue anticipe les mots fameux : « Certes, ma vie est pleine de morts. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus. Et pourtant, l'heure venue, c'est lui qui reprendra sa place à la tête de ma vie, rassemblera mes pauvres années jusqu'à la dernière et comme un jeune chef ses vétérans, ralliant la troupe en désordre, entrera le premier dans la maison du Père[7]. »

Professeur au Centre Sèvres à Paris, Bernard Forthomme fait remarquer que « La mémoire du haut silence chez Malègue est une mémoire cénesthésique ou holiste si vous voulez, ne mobilisant aucun sens en particulier et plus que la totalisation de tous les sens[8]. »

La madeleine dans la tasse de thé ressuscite un instant du passé dans le présent, un moi de Marcel plus partiel lié à Combray. En revanche, c'est la totalité du « je  » d'Augustin enfant qui revit dans la totalité du « je » de l'Augustin moribond, l'un et l'autre emportés en Dieu.

  1. Francine de Martinoir L'Histoire de notre âme dans La Croix du 27 février 2014. En ligne : « L'histoire de notre âme » article consulté le 24/7/2017.
  2. La Réception de Malègue, la comparaison avec Proust Blogue La Vie du 19-03-2014 consulté le 17 novembre 2016
  3. Jacques Franck, « Le roman d'un Proust chrétien » dans La Libre Belgique du 8/2/2014. Lire en ligne Le roman d'un Proust chrétien, consulté le 24 juillet 2017.
  4. Jean-Claude Bologne, Une Mystique sans Dieu, Albin Michel, Paris, 2015, p. 166.
  5. Fontaine 2016, p. 68.
  6. Cité dans De la Font-Sainte aux Grands cimetières sous la lune. Blogue La Vie du 14 novembre 2016 consulté le 19 novembre 2016
  7. Fontaine 2016, p. 108.
  8. Cité dans De la Font-Sainte aux Grands cimetières sous la lune. Blogue La Vie du 14 novembre 2016 consulté le 17 novembre 2016