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Ahl al-hadith (en arabe : اهل الحديث) , aussi appelés ashabs al-hadith (اصحاب الحديث), littéralement les “gens/partisans du hadith”, désignent ceux qui aux premiers siècles de l’islam se distinguaient par la prévalence qu’ils accordaient aux sources écrites dans la formation de la loi et du dogme. Ils forment une des composantes de ce qui formera plus tard le sunnisme, c'est-à-dire qu'une grande partie de leur héritage est ensuite mobilisée par les sunnites des différentes écoles de droits qui se développent à partir du X-XIe siècle de l'ère commune.

Terminologie[modifier | modifier le code]

Ahl al-hadith est un terme qui renvoie à la fois aux “traditionnistes” et aux “traditionalistes”. Les premiers, dits aussi muhaddithun, étaient des rapporteurs de traditions prophétiques et des spécialistes dans ce domaine. Tandis que “traditionalistes” désignent ceux qui considéraient que le Coran et les hadiths devaient être les seules sources de la loi et du dogme théologique. Ils excluaient en cela différents outils tels que le raisonnement spéculatif, de l’analogie ou encore du jugement rationnel. Ces outils étaient précisément l’objet de débats et de polémiques entre traditionalistes et leurs opposants rationalistes. Pour saisir pleinement la pensée des ahl al-hadith, il est souvent nécessaire de la comparer avec celle de ces derniers dans la mesure où l’une se construit en opposition à l’autre. Ces derniers étaient appelés le plus souvent ahl al-kalam (domaine stricte de la théologie) et ahl al-ra’y (domaine de la loi).

Les termes “traditionnistes” et “traditionalistes” tels que employés par les historiens désignent des réalités parallèles jusqu’à la moitié du IXe siècle. En effet, les traditionnistes étaient en accord avec les idées professées par les traditionnalistes. Les choses changent notamment à partir des travaux des traditionnistes Bukhari et de Tabari puisque leur méthodologie n’est pas reconnue par la doctrine traditionaliste défendue par leurs contemporains.

Approche dans la législation[modifier | modifier le code]

L’approche légale des ahl al-hadith se distingue à celle de ceux qu’ils appelaient ahl al-ra’y sur différents points. Cette catégorie désigne surtout les partisans de la doctrine juridique du savant irakien Abu Hanifa.

L’usage prioritaire des hadiths[modifier | modifier le code]

Contrairement à leurs homologues de l’école irakienne qui faisaient parfois référence aux avis de leurs maîtres sans corroborer celui-ci d’une tradition prophétique, les ahl al-hadith utilisaient systématiquement les hadiths pour justifier une règle légale. Jusqu’au IXe siècle, il n’y avait en effet pas de distinction établie entre l’étude des hadiths et l’étude du droit chez les "Partisans du hadith". Leurs ouvrages de hadiths étaient aussi des ouvrages de droit. Ils se distinguaient également par le fait qu'ils n'intégraient pas dans leur pensée législative la question des coutumes locales aussi dite "tradition vivante" comme le faisaient les juristes des anciennes écoles traditionnelles, les Irakiens ou encore les Médinois.

L’intérêt pour les asanid[modifier | modifier le code]

Les traditionnistes-traditionalistes se distinguaient aussi par leur intérêt pour l’étude des chaînes de transmission des hadiths (asanid, sing. isnad). Il s’agissait pour eux de vérifier la solidité de la chaîne de tous ceux qui ont successivement rapporté une tradition. Une telle entreprise permettait selon eux de garantir l'authenticité des hadiths et ainsi permettre leur usage dans la législation.

L'autorité des traditions[modifier | modifier le code]

Durant tout le IIIe/IXe siècle, il y avait de vifs débats et polémiques quant au fait de savoir dans quelle mesure les traditions prophétiques devaient peser dans la formation législative et dogmatique par rapport au Coran. Puisqu'il existait des hadiths qui entraient apparemment en contradiction avec le texte coranique. A cette problématique, les savants rationalistes tels que les mu'tazilites considéraient qu'il fallait délaisser ces hadiths au profit exclusif du Coran. Les traditionnalistes quant à eux jugent que l'autorité des hadiths est tout autant importante que celle du Coran puisqu'il s'agissait pour eux d'une révélation divine adressée à Mahomet, celle-ci prenant simplement une autre forme. Cette position est formulée et argumentée notamment par le traditionniste Al-Darimi (mort en 869) et le juriste Shafi'i qui insiste sur l'importance d'obéir aux hadiths comme il est question d'obéir au Coran. En réponse à ceux qui rejettent les hadiths jugés contradictoires avec le livre sacré des musulmans, le juriste Ibn Qutayba dans un de ses traités[1] consacre une longue section visant à défendre leur prise en compte.

  1. Ibn Qutayba (trad. Gérard Lecompte), Le traité des divergences du hadith [« Kitāb ta’wīl muḫtalif al-ḥadīṯ »], Damas, Presses de l'Ifpo,