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Utilisateur:Romain brosy/Brouillon

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Valeur de la Vérité pour Bernard Williams[modifier | modifier le code]

Partant d’un État de nature fictionnel, Bernard Williams postule que la valeur de la vérité réside dans son importance pour toute interaction humaine fructueuse. La vérité a une valeur instrumentale car elle permet l'instauration de la confiance. Dans son étude de généalogie[1], Williams préfère parler de véracité plutôt que de vérité. En effet, seule la seconde notion peut avoir une histoire au contraire de la première qui reste un concept sémantique. Par contraste, il y a différentes façons d’être véridique, de dire la vérité. Pour Williams, la vérité reste une notion métaphysique et épistémologique à propos de laquelle nous ne pouvons dire que peu de chose alors que la véracité révèle la richesse morale de la vérité[2]. Clancy W. Martin résume l’argument de Williams ainsi : « (a) nous ne pouvons pas nous entendre sans confiance (l’épanouissement humain crée un “besoin de coopération”), (b) mais la confiance requiert la véracité, et (c) la véracité présuppose qu’il y ait au moins quelques vérités »[3].

La véracité possède pour Williams deux vertus cardinales, deux qualités humaines « qui se manifestent dans le désir de connaître la vérité, dans sa découverte, dans la communication qu’ils en font à autrui »[4]. Il s’agit de l’exactitude et de la sincérité. La première se manifeste dans l’effort d’objectivité et d’honnêteté que déploient les gens lorsqu’ils cherchent à établir le vrai et le faux et la seconde dans l’effort fourni pour communiquer ce qu’ils pensent vrai ou faux. Pour le dire autrement, les individus sincères cherchent à être des locuteurs dignes de confiance qui ne trompent pas.

L’État de Nature fictionnel de Williams nous aide à comprendre comment certaines dispositions humaines ont pu émergées en tant que valeurs. Les humains partagent un langage commun et s’en servent pour communiquer notamment ce qu’ils savent ou croient savoir — et donc ce qu’ils pensent être vrai, car selon Williams personne ne peut croire une proposition tout en la croyant fausse. Ainsi se forme un ensemble d’information auquel chacun contribue et auquel chacun a accès, ce qui pousse les humains à faire preuve de véracité.

Pour Williams, la vérité a également une valeur intrinsèque, sans quoi les vertus qui lui sont relatives ne pourraient être maintenues au sein de la communauté — chacun ayant la possibilité de tricher selon ses intérêts. La communauté a donc besoin de donner à la vérité une valeur intrinsèque.

  1. Jean Lelaidier et Bernard Traduction de : Williams, Vérité et véracité : essai de généalogie, (ISBN 2-07-073507-9 et 978-2-07-073507-5, OCLC 300941606, lire en ligne)
  2. C. G. Prado, Foucault's legacy, Continuum, (ISBN 978-1-4411-6484-1, 1-4411-6484-7 et 978-1-4411-3081-5, OCLC 676697600, lire en ligne), p. 90-99
  3. (en) Bernard Williams, « Truth and Truthfulness: An Essay in Genealogy », sur Notre Dame Philosophical Reviews (consulté le )
  4. Jean Lelaidier et Bernard Traduction de : Williams, Vérité et véracité : essai de généalogie, (ISBN 2-07-073507-9 et 978-2-07-073507-5, OCLC 300941606, lire en ligne), p.20