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En 1919, Raicho Hiratsuka, Fusae Ichikawa et d'autres militantes fondent l'Association des femmes nouvelles (Shin Fujin Kyōkai), qui revendique des droits et protections au nom des femmes considérées comme classe[1]. Ce groupe se concentre sur deux revendications précises et lance deux pétitions correspondantes en janvier 1920. La première réclame la révision d'une loi qui interdit aux femmes toute activité politique, participation à des événements ou adhésion à un parti ; la deuxième concerne la prévention des maladies vénériennes et demande que les futurs maris soient examinés, et que le divorse soit autorisé en cas d'adultère, avec compensation des dépenses de santé[2]. Aucune des deux pétitions n'est examinée par la Diète, mais en 1922, les femmes sont autorisées à assister aux réunions politiques, sans toutefois obtenir le droit de rejoindre des partis ou de voter[3].
La Société de la vague rouge (Sekirankai), créée en avril 1921 à l'initiative de militantes anarchistes avec Yamakawa Kikue, est la première organisation de femmes socialiste. Son manifeste, qui condamne le capitalisme, arguant qu'il fait des femmes « des esclaves et des prostituées »[4], est écrit et imprimé pour être distribué pendant la manifestation du Premier mai 1921, à laquelle les militantes s'organisent pour participer. Toutes les femmes qui participent à cette manifestation sont arrêtées par la police[5]. La Sekirankai s'engage dans une polémique avec la Shin Fujin Kyōkai, dont elle critique le manque de considération pour la classe ouvrière et l'absence de perspectives révolutionnaires. Fin 1921, la Sekirankai s'auto-dissout huit mois après sa création, sous une double pression gouvernementale et médiatique.
Des groupes sont parfois dissous ou interdits par le gouvernement, mais d'autres se reforment et les militantes continuent à formuler leurs revendications. Certaines demandent des droits politiques, d'autres se concentrent sur la prostitutions, les épouses font campagne pour améliorer leur condition domestique... Après le séisme du Kantō, le 1er septembre 1923, de nombreuses femmes s'engagent dans l'effort humanitaire. Des militantes socialistes, des chrétiennes et des femmes au foyer s'organisent pour aider aux secours nécessaires[6].
Le 28 septembre 1923, 100 dirigeantes de 43 organisations se rassemblent ainsi pour former la Fédération des organisations de femmes de Tokyo (Tokyo Rengo Funjinkai), qui devient dans les années suivantes une des plus grandes organisations de femmes et accueille, suite à un meeting en novembre 1924, une section dédiée au droit de vote des femmes (Fusen Kakutoku Domei)[7]. Cette section publie un manifeste qui déclare que les femmes ont « la responsabilité de détruire les coutumes qui existent dans ce pays depuis 2 500 ans et de construire un nouveau Japon qui favorise les droits naturels des hommes et des femmes »[8].
En février 1925, la Diète légifère sur le suffrage universel masculin. Un mois plus tard, elle examine le suffrage féminin, entre d'autres propositions défendues par les organisations féministes, qui sont toutes rejetées. Par la suite, l'invasion de la Mandchourie en 1931 et la marche du Japon vers la Seconde Guerre mondiale engendrent une intensification de la propagande gouvernementale, de la censure et de la répression[9]. Dans ce contexte, certaines féministes se concentrent sur la protection des travailleurs, les droits des mères célibataires et d'autres revendications de réformes sociales[10]. En parallèle, de plus en plus de groupes féministes et d'organisations militantes de gauche, qui avaient été en radicale opposition au gouvernement, adoptent progressivement ses vues nationalistes et expansionnistes. La répression joue un rôle certain dans cette évolution : une militante comme Yamakawa Kikue, qui reste fidèle à ses idées, se voit systématiquement censurée tandis que son mari Hitoshi Yamakawa, un autre militant important, est jeté en prison en 1937 lorsque le gouvernement tente de faire taire toute opposition au déclenchement de la guerre sino-japonaise.
- Molony, Barbara. "Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925". The Pacific Historical Review, Vol. 69, No. 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific. (Nov. 2000), p. 645.
- Molony, Barbara. "Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925". The Pacific Historical Review, Vol. 69, No. 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific. (Nov. 2000), p. 647.
- (en) Conrad Totman, A History of Japan, Wiley-Blackwell, , 720 p. (ISBN 978-1-4051-2359-4)
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- (en) Vera Mackie, « Socialist women and the state in Taishō and early Shōwa Japan », Japanese Studies, (DOI 10.1080/10371399408727568, lire en ligne)
- (en) Vera Mackie, Creating Socialist Women in Japan: Gender, Labour and Activism, 1900-1937, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-52325-7, lire en ligne)
- Molony, Barbara. "Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925". The Pacific Historical Review, Vol. 69, No. 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific. (Nov. 2000), p. 656.
- (en) Penny A. Weiss et Megan Brueske, Feminist Manifestos: A Global Documentary Reader, NYU Press, , 170– (ISBN 978-1-4798-3730-4, lire en ligne)
- Ayala Klemperer-Markham et Ofra Goldstein-Gidoni, « Socialist Egalitarian Feminism in Early Postwar Japan: Yamakawa Kikue and the "Democratization of Japan" », U.S.-Japan Women's Journal, no 42, , p. 3–30 (ISSN 2330-5037, lire en ligne)
- Molony, Barbara. "Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925". The Pacific Historical Review, Vol. 69, No. 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific. (Nov. 2000), p. 661.