Utilisateur:NicDumZ/Liste BDE

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La notion de liste BDE est intimement liée a la vie étudiante des écoles d'ingénieurs et de commerce françaises. Une liste BDE est un groupe de personnes (entre 15 et 30 en général) qui se rassemblent dans le but de participer a l'élection du BDE (Bureau des Élèves, des Étudiants) au sein de leur école. Une liste BDE mène donc une campagne électorale de periodicité annuelle, dite Campagne BDE dont la durée est variable selon la grande école où se tient la campagne et selon les règles de campagne émises par le BDE en place : La durée d'une campagne BDE peut aller de quelques jours à plusieurs mois.

Création d'une liste BDE[modifier | modifier le code]

De la manière la plus simple, une liste BDE se crée par affinités entre étudiants. La découverte d'intérêts, de valeurs et de projets communs intervient en réalité après une période plus ou moins longue durant laquelle la liste est avant tout un groupe d'amis. Lorsque le nombre de membres est insuffisant pour assumer les fonctions inhérentes à un BDE, la liste procède à un recrutement dont les modalités et règles (droit de veto, majorité simple...) sont propres à chaque liste et non codifiées par l'organe de contrôle de la campagne.

Les formations des listes sont souvent l'objet de spéculations et d'indiscrétions bien avant le début de la campagne, ainsi que de tout un jeu d'alliances et d'opposition plus ou moins stratégiques.

Du point de vue administratif, une liste BDE est une association étudiante à but non lucratif. Si certaines listes se déclarent en préfecture comme une Association loi 1901 pour disposer de leurs propres comptes courants, d'autres fonctionnent comme une entité dépendante du BDE en place qui leur fournit des moyens de gestion financière.

Activité d'une liste BDE[modifier | modifier le code]

L'activité d'une liste BDE s'organise selon deux étapes: la recherche de financements, plusieurs mois avant la campagne, et la campagne en elle-même.

La recherche de financements[modifier | modifier le code]

Elle s'effectue par le démarchage d'entreprises cherchant une meilleure visibilité au sein de la grande école concernée, soit pour promouvoir ses produits (produits alimentaires, sites internet, nouveaux produits en tout genre), soit dans un but de recrutement (cas des cabinets d'audit et des SSII notamment). Les contacts personnels des membres de la liste sont souvent mis en jeu pour un démarchage plus efficient. Les fonds ainsi récoltés varient énormément d'une école à une autre: La notoriété de l'école, la durée de la campagne font que des listes de petites écoles d'ingénieurs qui organisent des campagnes d'une semaine peuvent se contenter de très petits revenus publicitaires, en deça du millier d'euros, alors qu'une liste d'école de commerce renommée, pourra récolter jusqu'à une centaine de milliers d'euros.[1][2][3][4][5]

La campagne en elle-même[modifier | modifier le code]

Il s'agit de prendre en charge l'animation de la vie de l'école pendant la durée de la campagne, pour persuader les élèves que la liste est capable de remplir le rôle de BDE, mais surtout, comme lors d'une campagne électorale, qu'il vaut mieux voter pour cette liste plutôt que pour les adversaires !

D'une manière générale, la campagne BDE est le théâtre d'une surenchère entre les listes, qui rivalisent d'idées pour faire mieux que leurs concurrents. Ainsi, les comportements usuels seront exagérés : Par exemple, alors que durant l'année, le BDE offrira périodiquement un petit déjeuner aux élèves de l'école, durant la campagne, les listes se relaieront pour organiser à l'école des petit-déjeuners tous les jours, certaines listes allant même jusqu'à livrer à domicile. De même, la place de l'alcool, déjà importante dans le milieu étudiant, est accrue durant la campagne, moment où les excès sont encore plus tôlérés que d'usage[6][7]. Les fonds récoltés durant la préparation étant exclusivement destinés à offrir des prestations et activités aux élèves, la planification finançière sera aussi particulière : Le but avoué est de faire plaisir, sans compter; les évènements seront le moins cher possible, proposées à un prix symbolique, voire carrément gratuits pour les étudiants.

L'organisation de soirées mises à part, les activités d'une liste peuvent être, non exhaustivement :

  • distribution de nourriture : petits déjeuner, déjeuners, diners, livraison a domicile.
  • cadeaux en nature, souvent avec la participation de partenaires commerciaux  : cosmétiques, vêtements, jeux vidéos, DVD, magazines.
  • animation: évènements sportifs, jeux concours, voyages, manèges de fête foraine installés sur le campus.

Il est d'usage que chaque liste BDE présente un « film de campagne » aux élèves durant la campagne. Ce film présente les membres de la liste, et parfois la tournure que les évènements prendront, mais est surtout l'occasion pour les apprentis cinéastes de faire preuve d'imagination et d'humour : Parodies d'émissions, chorégraphies, fausses publicités, mises en scènes dans l'école, les films de campagne regorgent souvent de créativité. [8][9]

Critiques[modifier | modifier le code]

Les étudiants participants à une liste BDE ont logiquement pour but d'être élus au Bureau des Elèves et d'être donc fortement impliqués dans la vie de l'école. Étant donné l'importance du BDE dans la vie estudiante d'une grande école, les membres du BDE sont souvent taxés d'une trop grande recherche de notoriété.[10]

Une critique souvent émise à l'égard d'une liste BDE est son manque d'originalité dans l'organisation d'événements promotionnels. De fait, les possibilités restent limitées par les infrastructures du campus et la durée de la campagne ; il est donc normal de retrouver d'année en année des événements similaires.

De la même manière, on trouve également la critique cyniquement inverse : les listes BDE sont parfois soupçonnées de vouloir révolutionner la manière de mener campagne alors que cela est foncièrement impossible.

Des élections basées sur la seule capacité à communiquer pourrait avoir tendance à être néfaste à l'esprit critique.

Cette logique de sponsoring est aussi critiquée par ceux qui luttent contre la publicité sur les universités tel que les syndicats étudiants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Budget campagne mines de Nancy, 2006 : Budget d'une liste BDE des Mines de Nancy, campagne sur une semaine : 2 300 euros
  2. Liste BDE Supelec, 2003 Liste Supélec campus de Gif, 2003 : 7 700 euros, deux semaines de campagne
  3. campagne ESC 2006 : deux listes : 9 000 et 14 000 euros de budget, une semaine de campagne.
  4. Campagne HEC 2004 : HEC, trois listes, 60 000 euros de budget chacune, pour 4 jours de campagne.
  5. Campagne HEC 2007 85 000 euros de budget, 4 jours de campagne
  6. « Pour leurs organisateurs, [les soirées] sont souvent un argument pour se faire élire au Bureau des élèves (BDE), ce qui entraîne une surenchère dans les promesses. Certaines soirées donnent lieu à des abus, notamment quand est organisé un « open bar », où, moyennant le versement d’un droit d’entrée, la consommation est libre. » Rapport parlementaire Wauquiez sur la santé et la protection sociale des étudiants, 6 décembre 2006.
  7. « L’alcool joue également un rôle particulièrement important tout au long de la campagne ; dans les apéritifs, les dîners, les soirées... Un rituel témoigne ainsi de façon particulièrement symptomatique du rôle que joue l’alcool durant cette période : traditionnellement, les présidents des deux listes principales sont « enlevés » et saoulés par des membres du Foy’s, avant d’être libérés. Il est aisé de percevoir quelle est la symbolique de ce cérémonial ; là encore, il s’agit de tester les « capacités de buveur » de celui qui devra être le représentant et organisateur en chef de la convivialité pendant un an. » Rites scolaires et rites festifs : les « manieres de boire » dans les grandes écoles, Benjamin Masse, Sociétés contemporaines, n°47 – Mars 2002, Presses de Sciences Po.
  8. [1] : Reprise de Requiem for a Dream par une liste de l'ENSPG
  9. [2] : « Comme des polards », reprise de la chanson « Comme des connards » de Michaël Youn par une liste de l'ENSIMAG
  10. « Sur le campus, leur zèle ne suffit que rarement à leur permettre d’accéder aux positions privilégiées par les « héritiers ». Au mieux, ils finissent par occuper des postes subalternes au sein des associations importantes de l’École. Au pire, ils se retrouvent dans la ou les listes perdantes des campagnes JE ou BDE, avec pour seule satisfaction celle d’avoir servi de faire valoir à un groupe de « stars ». Et leur manière d’en faire toujours un peu trop devant leurs pairs (trop boire, trop danser, trop « draguer », trop « sécher », etc.), leur vaudra pour principale récompense le sobriquet mi-affectueux, miironique de « kéké » ou de « branleur ».

    En outre, leur désinvolture excessive sur le plan scolaire pourra leur coûter cher finalement, au moment de choisir une Majeure, d’obtenir un bon stage ou un échange avec une école étrangère réputée. Pour la plupart d’entre eux, ils devront, au terme de leur scolarité, se résoudre à intégrer les gros bataillons des « auditeurs » et autres forçats de l’économie de marché. » . Du souci scolaire au sérieux managérial, ou comment devenir un « HEC », Yves-Marie Abraham, Volume 48 –2007/1, Revue française de sociologie.