Utilisateur:Louis Alphonse Franchon/Brouillon

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Louis Franchon
Naissance
Décès
Nom de naissance
Louis Franchon
Autres noms
Louis Alphonse Franchon et son pseudonyme : Armand Diel
Nationalité
Français
Activités
Écrivain et peintre
Autres activités
Professeurs
Formation
Formation universitaire lettres
Œuvres principales
Terres Froides, L'Ange Noir, Ébauche Montagnarde
Compléments
Il est l'auteur d'une œuvre picturale avant - gardiste importante

Louis Franchon écrivain

Louis Franchon est né aux Abrets (Isère) le 13 juillet 1908 et mort dans la même ville le 6 août 1944. Il est un écrivain et un peintre avant-gardiste également connu sous le pseudonyme d'Armand Diel par lequel il signait certaines de ses œuvres.


BIOGRAPHIE

Louis Alphonse Franchon est le fils de Louis Antoine Franchon (1877-1965), né à Les Abrets (Isère), employé de bureau aux soieries Giraud sises en la même ville et de Alphonsine Chollat (1885-1973), née à la Bâtie-Divisin (Isère), ouvrière en soierie. Il a un frère cadet, Marius François (1911-2003), né aux Abrets (Isère), ingénieur, responsable de la Société des allumettes Caussemille à Alger, Algérie où il s'est établi vers 1936. Louis Franchon a raconté en partie son enfance et sa jeunesse dans son premier ouvrage, "Terres Froides" paru en 1930. Par ailleurs, il a insisté souvent, non sans fierté, sur l'origine des Franchon, venus en Bas Dauphiné vers 1800 depuis Névache dans les Hautes Alpes. Sans doute est-ce là, dans la vallée de la Clarée, que prennent source son amour et sa passion pour la haute montagne qu'il pratique dès l'adolescence. Après l'école primaire aux Abrets, il suit les cours de l'école supérieure de la Tour du Pin (1920-1924). Son maître, décelant de grandes capacités chez l'enfant, incitera ce dernier à poursuivre ses études. Un conte qu'il compose lorsqu'il a treize ans, à l'occasion d'un devoir de classe, "La Légende des Hommes Nains", atteste des qualités littéraires évidentes qui semblaient l'habiter déjà. C'est ainsi qu'en 1924, il est reçu à l'école normale de Grenoble, suivie de la faculté du même lieu et celle de Paris en 1928 puis, en 1929 et 1930, il est inscrit aux universités pour étudiants étrangers de Pérouse et de Sienne (Italie). Il est nommé professeur de lettres et d'italien à L'Ecole Professionnelle de Voiron en septembre 1930 où il exercera jusqu'à son décès en 1944. Il y assumera longtemps par ailleurs, la charge de secrétaire du conseil d'administration du syndicat du personnel des écoles publiques de l'enseignement technique. En 1932, il contractera la tuberculose, mal qui ne cessera d'annihiler un esprit exceptionnel, contrecarrant sans répit métier et projets. Les meilleurs soins et de nombreuses cures dans l'Oisans et le Briançonnais ne parviendront jamais à endiguer la marche inexorable de la maladie ; non plus, les séjours en Italie pour laquelle il conservera toujours des marques d'admiration et d'affection - notamment pour la Toscane et Venise-, ni les voyages, en Espagne et aux Îles Baléares, en Algérie aussi où il retrouvera son frère et dont il rapportera la peinture fantastique d'une ville d'Alger proprement imaginée. Le mal aura le dernier mot et Louis Franchon s'éteindra brutalement dans la maison familiale du chemin de la Bruyère, le 6 août 1944, à quelques jours seulement de la libération tant attendue des Abrets où il est enterré.

LITTÉRATURE

En avril 1930 paraît aux Éditions de la Vie Alpine, "Terres Froides", un ouvrage de 120 pages, sous-titré "notations", qui met en scène son pays natal, les Abrets, à travers l'aventure de jeunes gens à la recherche de l'amour et à la conquête de la vie. Récit alerte au lyrisme fulgurant où les sentiments sont doucement estompés dans un éparpillement feint et savamment conçu, et dont l'espérance, la tendresse et l'innocence de la jeunesse constituent la trame principale. Le livre fait rapidement l'objet de critiques élogieuses, il sera couronné l'année suivante par le Prix littéraire des Alpes françaises. Il a 22 ans et n'est pas non plus un inconnu puisque depuis quelques années déjà, il collabore justement à la revue "la Vie Alpine", une publication grenobloise de luxe, mensuelle et illustrée, qui se consacre essentiellement à la montagne, aux sports, au tourisme et aux arts. Il y publiera ainsi divers articles et se liera par l'occasion à bon nombre d'auteurs et d'artistes. Au printemps 1931, la même maison d'édition fait paraître "Ébauche Montagnarde", son second roman. C'est là l'histoire de la petite Marcelle qui va quitter son village des Alpes dauphinoises, aux pauvres récoltes et à la vie rude et sans confort, pour la ville plus accueillante et plus aisée avec les plaisirs et les amours de tous les jours. Mais ce ne seront, hélas, qu'aventures sombres de privations, de misère, de coups et de prison. La jeune femme finira par retourner en montagne où personne ne voudra plus d'elle. Devenue folle, elle ira anéantir ses jours au creux du torrent furieux. Franchon, avec ce récit, met les campagnards en garde contre les artifices de la ville, les conjurant de demeurer fidèles à leur pays. Comme pour "Terres Froides", avec un style incomparable d'impressionniste, il nous offre un chant tout en prose où les descriptions ont le vif et le mordant d'une eau forte. S'il est aussitôt célébré, l'ouvrage est de nos jours encore considéré comme l'hymne le meilleur élevé en l'honneur de la montagne et demeure une référence en la matière. Il bénéficie lui aussi du prix littéraire des Alpes françaises qu'il obtient en même temps que "Terres Froides". Avec "L'Ange Noir" qui est publié dans le courant de l'année 1934, Louis Franchon s'éloigne du roman régionaliste pour les hautes sphères de la littérature. Très malade depuis deux ans, il est tout de même parvenu à bout de ce long roman intime où le Bien et le Mal se disputent sans réserve les tréfonds d'une conscience en quête de la pureté perdue. Roman tour à tour sombre et coloré qui n'est pas sans rappeler la "Saison en Enfer" de Rimbaud ou bien les vers d'Emile Nelligan. Joe Bousquet en rend compte dans les "Cahiers du Sud" à travers un article époustouflant d'enthousiasme. Réalisée à compte d'auteur, l'édition est épuisée en quelques semaines. Une polémique naîtra par la suite avec François Mauriac qui, publiant en 1936 "Les Anges Noirs", usurpera de la sorte le titre que Louis Franchon avait donné à son ouvrage. Chacun cependant campera sur ses positions et l'affaire en restera là. Fin 1935, avec ses amis Dimitri Varbanesco, Abel Van Roemaer, Yves Farge et François Secret, il fonde "les Cahiers de Lygures", une revue d'art moderne qui connaîtra quelques numéros. Dans le même temps, son amie Marcelle Guinet, correspondante des Nouvelles Littéraires, reprend le manuscrit délaissé de "Pâle Venus" qu'elle remet en forme sans rien n'en dénaturer. C'est un roman au fil rapide où Louis Franchon, mettant son âme à nu, livre les clés principales d'une personnalité tout en secret. Dès lors, s'il ne cesse jamais d'écrire, il ne cherchera plus véritablement à se voir edité. "La blancheur condamnée", "Les nuits partagées" ou encore "Les amants secrets" sont à ce jour inédits. C'est pourtant ici que Louis Franchon est au plus explicite et que le lecteur peut enfin accéder sans heurt à l'univers intérieur du poète qui, ainsi que nous l'avons vu précédemment, n'est pas très éloigné du Rimbaud de "la Saison en Enfer" ou des "Illuminations". La démarche spirituelle est sensiblement la même, probablement avec une certaine lucidité en plus, autrement dit une très humaine inquiétude. Au long de ses écrits, romans ou poèmes, c'est l'amour de la femme qu'il enquiert tout en supposant que la chair de celle-ci doit mourir en sacrifice afin que se dégage la vérité, c'est-à-dire la pureté pure et l'amour infini. Il a souvent précisé qu'il est difficile de vivre et d'être pur tout ensemble. C'est ainsi qu' Andrée, de "Terres Froides", meurt dans un accident d'escalade et que peuvent alors vivre les souvenirs. Ou bien, que la jeune Marcelle d' "Ébauche Montagnarde", ayant trahi sa montagne, finit par se suicider en se jetant dans le torrent en colère qui descend des cimes afin que celles-ci retrouvent leur beauté et leur quiétude originelles. Dans "L' Ange Noir", si la femme aimée est morte dans l'horreur de la maladie, l'amour lui aussi doit mourir pour qu'à la fin, dérèglements, dégoût et incidents multiples permettent la résurrection de l'amour délivré du mal : ce qui est une façon d'écarter, sinon d'abstraire, la question sexuelle de celle d'aimer et d'être aimé. Louis Franchon sera beaucoup plus clair dans les "Amants Secrets", un roman journal où il ne dissimule rien de ses sentiments ni de ses désirs ou de ses convoitises sans concessions et, pas davantage, de ses tourments concernant la maladie qui suit imperturbablement sa course vers les affres qu'il sait mieux qu'il n'aurait à les deviner. Pourtant, bien au contraire, l'homme aura toujours été secret, peu disert, n' extériorisant ni ses pensées ni aucune sensation : "égoïsme ou pudeur," disait-il. Observateur sensible, il aimait la nature dans ses plus simples formes et savait voir au delà des choses et en découvrir le sens caché de manière indifférente. Flirtant en outre avec l'ésotérisme et la psychologie du mystère, c'est en tout cela qu'à pris corps la virtuosité du style qui est le sien. Car il s'agit bien d'un style Franchon absolument personnel, souvent même hardi et très étonnant qui ne se plie pas aux méthodes habituelles : c'est l'admiration qui l'emporte devant ces prépositions heurtées, joyeuses de se bousculer, lorsqu'en un trait, en peu de mots comme éclats jaillis de la palette d'un peintre, simplement, la scène, le décor, le fond du tableau sont sur pied avec la netteté d'une épure, que l'exaltation déborde en un lyrisme ardent et que paysages, gens et choses se mettent en mouvement. Si la maladie a déjoué les projets que pouvait nourrir Louis Franchon, elle n'aura en rien altéré son style, tout juste aura-t-il gagné en concision et en précision. "Terres Froides", "Ébauche Montagnarde", "Pâle Venus" ou "L'Ange Noir" ont de nos jours conservé toute leur fraîcheur et sont dignes d'être lus pour le fonds qu'ils transportent