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Utilisateur:Hadrien.mossaz/Brouillon

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Niobé est une huile sur toile (178x140cm) d'André Masson peinte en 1947, celle-ci se trouve au Musée des Beaux-Arts de Lyon qui l'a acquise en 1967, et fait partie de la collection permanente.

Niobé
Artiste
André Masson
Date
1947
Type
huile sur toile
Localisation

Le mythe de Niobé[modifier | modifier le code]

Il existe plusieurs variantes de ce mythe gréco-latin. On le retrouve notamment dans le sixième livre des métamorphoses d’Ovide, chez Homère, Eschyle, ou encore Euripide.

Niobé est une figure de l’hybris (l’orgueil). Elle est la fille de Tantale et la reine Phrygie. Son histoire peut se découper comme une tragédie, en cinq actes : dans le premier acte, Niobé se vante d’être féconde, elle a douze enfants (six garçons et six filles), et de leur beauté. Elle se moqua de Léto qui n’eut que deux enfants, Artémis et Apollon. Mais Niobé n’est qu’une femme, mortelle, et Léto, déesse, se vengea. Le massacre des enfants de Niobé constituerait le second acte. Selon les versions, une des niobides (nom que l’on donne aux filles de Niobé) aurait survécu alors que les garçons de Niobé sont tués en premier lors d’une partie de chasse, puis les niobides à leur tour. Le troisième acte serait la découverte du carnage par Niobé. Le quatrième est celui de la transformation de Niobé, que l’on peut résumer par cet extrait du sixième livre des Métamorphoses d’Ovide : "Niobé, seule désormais, accablée de malheurs, subit une métamorphose. Pétrifiée, elle est devenue une statue immobile qui verse des pleurs, et un vent violent la transporte au sommet d'une montagne de sa patrie, où elle continue à pleurer. (6, 302-312)"

Enfin le cinquième acte. Pris de pitié, Zeus décida de la changer en pierre au sommet d’une montagne, en Lydie, et les larmes de la mère formèrent une source intarissable.


Niobé est donc toute à la fois une allégorie de l’hybris, de l’orgueil impétueux, et de la souffrance physique et morale du deuil. C’est plutôt l’image de la souffrance qui fut privilégié par les artistes.

Étude de l’œuvre[modifier | modifier le code]

Ce tableau est une huile sur toile qui a pour dimension 178x140cm. Il a été réalisé en 1947 par le peintre surréaliste français, André Masson. Elle fait partie de la collection permanente du Musée des beaux-arts de Lyon depuis 1967.

Ce tableau prend une tournure particulière lorsque l’on situe l’œuvre. En effet, sa réalisation est encrée dans l’immédiat après guerre, ce qui nous éclaire sur le choix qu’a fait Masson de traiter ce mythe en particulier. Niobé devient en effet l’emblème des mères qui ont perdu leurs enfants pendant la seconde guerre mondiale, cette œuvre représente la souffrance de perdre ce que l’on a chéri à cause de forces qui dépassent le pouvoir d’une mère.

La scène du mythe dont il a fait le choix est celle de la métamorphose de Niobé, lorsqu’elle se pétrifie au sommet d’une montagne de Lydie.

Les couleurs qui y sont utilisées tranchent avec le pathétique de la scène. Elles sont vives et clairs. Le fond se découpe en un coté chaud (à gauche) avec du orange et du rouge, qui peuvent être l’image de la terre, de la montagne où le vent l’a poussé ; et un coté froid, où bleu livide se trouve, peut-être sont-ce les larmes qui ont fait naitre la rivière intarissable dont nous parle le mythe A gauche, nous pouvons distinguer une forme, une pointe de flèche tournée vers le bas, ou encore le cœur de Niobé. La posture de Niobé semble emprunter ses formes à la Niobide mourante qui se trouve au Palais Massimo alle Colonne à Rome. La tête en arrière, regardant vers le ciel. Dans l’œuvre de Masson, la posture de Niobé évoque une grande souffrance et une grande détresse, son dos presque fracturé et penché en arrière. Son visage ressemble aux masques qu’utilisaient les acteurs grecs durant l’antiquité, figée, sans expression. C’est donc par la gestuelle du corps et non par l’émotion que dégage le visage, que nous comprenons la souffrance. Cette œuvre est typique du mouvement surréaliste qui promeut « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ». Ainsi, l’on peut penser que le but de cette composition est, à l’heure où le monde s’intéresse aux dégâts visibles de la guerre, de montrer ceux que l’on a oublié. Des éléments éloignés sont mis en rapport afin d’atteindre le potentiel poétique qui doit éveiller des zones inconscientes de l’esprit du spectateur. Le recours à l’art automatique, qui se manifeste dans les traits presque « gribouillés » donne de la sauvagerie au dessein, qui adopte de surcroit des accents d’arts primitifs d’Afrique et d’Océanie.

Le fait d’utiliser un mythe, et de ne pas avoir donné un caractère particulier au visage de Niobé, peut universaliser cette image. L’œuvre représente toutes les femmes qui ont perdu leurs enfants, avec une brutalité injuste. Et le fait qu’il soit réalisé en 1947 témoigne de l’hommage que fait Masson à ces femmes qui portent le deuil, dont la souffrance ne s’arrêtera jamais, comme la rivière de larme de Niobé.



André Masson et le surréalisme[modifier | modifier le code]

La première exposition des surréalistes, à laquelle André Masson participe également, se déroule dans la Galerie Pierre en 1925. Néanmoins, Masson se sépare du groupe cinq ans plus tard dans un élan de protestation contre l’ambition dominatrice d’André Breton qui veut devenir le chef du mouvement. Il tient à garder un esprit indépendant. Grâce au surréalisme, Masson est sensibilisé à l’accès à l’onirique et aux sources psychologiques de l’art. Il cherche à analyser l'esprit humain en profondeur à l’aide de l’écriture automatique issue de l’inconscient.

En prenant cette méthode comme point de départ, méthode à laquelle il est désormais plus ou moins fidèle, Masson développe les célèbres tableaux de sable composés avec de la colle et du sable de couleurs variées. La délimitation libre des formes et l’accentuation des lignes de ses œuvres graphiques renvoient à l’étude de la calligraphie d’Asie orientale. Masson parvient souvent à retenir ses violentes et terribles visions en traçant des lignes oscillantes comme sous l’effet de la transe ou en pratiquant également l’écriture dans un état d’extase et d’agitation extatique. Cependant, derrière la spontanéité et le sentiment passionné, l’observateur peut reconnaître la plupart du temps une structure ordonnée dans ses tableaux qui fait écho au cubisme qui restera toujours inextricablement lié à son art.

A partir de 1942, alors que Masson fuit la France occupée pour les USA, il crée alors des figures fragmentées ou figures de l’horreur. Il se penche sur de tels motifs jusque dans les années 60. Masson se rend de nouveau à Paris à partir de 1945. Il marque une scission définitive avec le surréalisme. L’œuvre à plusieurs facettes de Masson comprend entre autres des illustrations de livres et des décors. En 1966, il peint par exemple le plafond du théâtre parisien de l’Odéon. Dans ses œuvres, il est toujours resté près de l’objet malgré le fait qu’on l’adule et qu’on le considère comme étant le précurseur de l’expressionnisme abstrait, en particulier aux USA. D'ailleurs il se montre toujours humble et patient pour les journalistes.

Masson désire faire de sa propre vision une réalité et non pas photographier l’événement du jour et sa contribution à l'évolution du surréalisme ne peut être remise en cause. Paul Eluard lui rendra notamment un hommage en lui dédiant un poème éponyme dans son recueil de poésies "capitale de la douleur".


Sources[modifier | modifier le code]